France : médiatisation des cas d’apostasie

Plusieurs diocèses français affirment qu’il ne s’agit que d’un phénomène anecdotique, mais les requêtes d’apostasie formelle ont augmenté depuis la fin du mois d’août et les demandes de « débaptisation » ont bénéficié d’une véritable orchestration médiatique.
Le 28 août 2018, le père Bernard Xibaut, chancelier du diocèse de Strasbourg, avait cru bon de révéler sur les ondes de France Bleu Alsace que son diocèse avait été le destinataire de cinq requêtes d’apostasie. Deux d’entre elles étaient en lien direct avec les déclarations du pape François, le 26 août dernier. Dans l’avion le reconduisant de Dublin à Rome, le pape avait conseillé aux parents d’enfants homosexuels de leur faire « consulter un psychiatre ».
Il n’en fallut pas moins pour que les médias parlent de « vague de lettres de demande d’apostasie ». Le père Xibaut a tenu à préciser ses propos : « il est indéniable que nous vivons en ce moment une pointe de fièvre et qui peut s’avérer plus importante que les précédentes. Mais la majorité des courriers proviennent de fidèles qui avaient déjà apostasié dans leur cœur ».
La juridiction strasbourgeoise reçoit une trentaine de demandes par an, soit en moyenne deux par mois. Mais le phénomène dépasse le diocèse alsacien. Ainsi, à Toulouse, le père Christian Teysseyre, chancelier du diocèse, a confirmé le 4 septembre avoir reçu plusieurs lettres de ce type : « Il est encore trop tôt pour parler d’un phénomène de grande ampleur, a-t-il déclaré au journal La Croix. Elles sont souvent écrites en réaction à une déclaration médiatisée, à un élément déclencheur ». Lui-même a reçu trois lettres en dix jours alors qu’il n’en réceptionne d’habitude que deux par mois.
Du côté de la chancellerie de l’archidiocèse de Paris, le père Jean-Marie Dubois confirme que chaque « événement lié à l’Eglise » engendre une augmentation des demandes d’apostasie, qui, selon lui, sont aussi dues à « des sites internet qui proposent des lettres qu’il suffit de recopier et d’adresser à son diocèse ». L’un d’entre eux permet en quelques clics de rédiger une « lettre de débaptisation » (sic).
En l’absence de statistiques officielles, une étude du journal Le Monde datant de 2008 faisait état de mille demandes d’apostasie par an, soit une dizaine par diocèse.
Il convient de rappeler que le Baptême - au même titre que la Confirmation et l’Ordre - est l’un des trois sacrements institués par le Christ imprimant un signe indélébile dans l’âme, appelé « caractère ».
Une demande de « débaptême » est aussi inutile qu’incongrue : elle n’entraîne aucun effet concret dans l’âme de celui qui demeure à jamais membre de l’Eglise, re-né à la grâce divine par l’effacement de la tâche originelle et de tous ses péchés personnels. Cependant un tel acte d’apostasie n’est pas dépourvu de conséquences canoniques et juridiques, puisqu’il est mentionné en marge de l’acte de baptême.
L’apostat ne pourra jouir à nouveau des bienfaits spirituels de l’Eglise qu’après avoir publiquement fait amende honorable.
(Source : La Croix - FSSPX.Actualités - 11/09/2018)