France. Nos précisions sur les élections
Certains lecteurs nous ont reproché la faiblesse de notre prise de position concernant les élections en France, ne faisant que répercuter la déplorable réaction des évêques de France. Nous profitons de l’occasion pour préciser notre pensée à ce sujet.
Aux yeux de l’Eglise, l’apparition relativement récente (il y a deux siècles) du système préconisé par la République française – il nous est difficile de parler de saine démocratie – n’a en rien changé sa doctrine basée1 sur deux principes, à savoir la distinction des pouvoirs – le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel – et la subordination indirecte du premier au second8. Notons soigneusement que cette subordination n’est qu’indirecte, ce qui doit exclure une ingérence indue du clergé dans les affaires temporelles. Il est un fait que, dans des temps récents, les imprudences du clergé – et même de Rome – en matière de politique française ont été plutôt contre-productives pour les catholiques français. Que l’on songe au Ralliement ou à la condamnation de l’Action Française.
Dans l’état actuel de séparation de l’Église et de l’Etat, si l’Église accomplit son travail de formation des âmes en vue de la vie éternelle, si les prêtres forment les laïcs en vue de défendre le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ dans la cité, alors ces derniers sauront ce qu’ils ont à faire dans le domaine de la vie civile, et l’Eglise n’aura pas à se rabaisser au niveau d’une secte qui estime nécessaire de donner des consignes électorales à ses adhérents. Si les évêques de France estiment devoir militer directement en faveur d’un candidat en délicatesse avec la justice, un candidat qui, dans un entretien au Journal du Dimanche, ne craint pas de dire : « Non à une loi morale qui primerait la loi civile »… c’est qu’ils ont compris que la modernité dont ils sont les zélés défenseurs était en danger. Modernité propagée à coups d’avortement, de PACS, d’immoralité, de mondialisme, de “multi-culturalisme”, de dialogue et de compromis avec l’Islam et les autres fausses religions, de négation de la loi naturelle et de déracinement des peuples.
Si l’Eglise a un mot à dire dans cette campagne, c’est un non possumus. Mgr de Berranger l’a dit. Malheureusement, il s’est trompé de cible. Le non possumus doit viser Monsieur Chirac, car sa participation active à l’introduction de la loi sur l’avortement l’assimile à un excommunié. 250.000 avortements par an ; en 28 ans, cela fait 7.000.000. Au Rwanda, on parlait de génocide après le massacre de 300 000 hutus. 7 millions de Français, cela ne semble pas compter dans la balance des évêques. Et l’avortement n’est qu’un élément parmi d’autres…3 .
Notre travail doit être un travail de formation des âmes au sein des prieurés, des chapelles, et surtout des écoles et des familles. C’est la France de demain ; elle est suffisamment éclairée pour détester le mensonge et l’intoxication à laquelle la France est soumise ces derniers jours par le biais d’une campagne médiatique haineuse. Tous ces moyens mis en œuvre montrent la peur dans les rangs de l’ennemi de la France chrétienne. Nous estimons les fidèles de la Tradition suffisamment formés pour savoir quel est leur devoir à l’heure présente.
Plus que jamais, nous encourageons nos fidèles à se former et à s’investir dans la vie sociale et politique afin d’y défendre les droits du Christ-Roi. Dieu veuille que ces jours que nous vivons soient un tournant dans l’histoire de la France et que, nonobstant le résultat des urnes, de plus en plus de bonne volontés s’investissent pour défendre la loi naturelle, la loi de Dieu, notre patrie et nos familles.
1 Il est bien évident que nous ne pouvons aborder l’ensemble de cette question ici.
2 Subordination qui n’est, on peut malheureusement l’affirmer, plus reconnue par aucun état aujourd’hui.
3 Nous renvoyons le lecteur à DICI 50 où nous avons mentionné les propos de Monsieur Chirac concernant le “mariage” des homosexuels, l’“homophobie” et d’autres thèmes moraux de société.