France : « rétablissement de l’honneur » du condamné Jacques Fesch ?
La Cour de cassation a examiné le 6 juin 2024 la demande pour le « rétablissement de l’honneur » de Jacques Fesch, condamné à mort et guillotiné le 1er octobre 1957, une demande faite par son fils. La décision devrait être connue le 1er octobre prochain.
En effet, depuis 2020 les ayants droit d’une personne condamnée à la peine de mort dont la peine a été exécutée, peuvent désormais saisir la Cour de cassation d’une demande au rétablissement de l’honneur de celle-ci, au vu des gages d’amendement dont elle a fait preuve.
Ainsi, Gérard Fesch, 69 ans, a suivi la démarche en vue du « rétablissement de l’honneur » de son père, Jacques Fesch, guillotiné à Paris en 1957 pour le meurtre d’un policier. Agé alors de 23 ans, dernier fils d’un directeur de banque belge, il rêvait d’acquérir un bateau pour un tour du monde.
Vivant chez sa mère après le divorce de ses parents, il avait lui-même été marié à 21 ans, avait eu une petite fille, puis s’était séparé de sa femme. Pour assouvir son rêve, il décide en février 1954 de braquer un bureau de change de la rue Vivienne. Dans sa fuite, après avoir perdu ses lunettes de myope, il tire à plusieurs reprises et blesse mortellement un policier de trente-cinq ans, veuf et père d’une petite fille de quatre ans.
Jugé trois ans plus tard, Jacques Fesch a été condamné à mort le 6 avril 1957, jour de ses 27 ans. Guillotiné le 1er octobre 1957, dans la cour de la prison de la Santé, il est inhumé au cimetière de Saint-Germain-en-Laye. Emprisonné durant trois ans, dans l’attente de son procès, il a reçu la grâce d’embrasser la foi catholique, et il se repentit.
Il entretint une correspondance épistolaire suivie, en particulier avec un moine. Dans sa cellule, deux mois avant son exécution, il entreprend la rédaction d’un journal destiné à sa fille Véronique âgée de six ans. Il sera publié sous le titre : Dans cinq heures, je verrai Jésus. Ses lettres seront également publiées à titre posthume en deux ouvrages : Lumière sur l’échafaud ; Cellule 18.
« Obtenir sa réhabilitation, ce n’est pas effacer ce qu’il a fait », explique son fils Gérard. « C’est retenir que tout le monde peut se repentir et se racheter, que la deuxième chance existe, même si malheureusement lui ne l’a pas eue. » Car le président René Coty a renoncé à le gracier.
Enfant de l’Assistance publique, né hors mariage, Gérard Fesch a appris à l’âge de 40 ans, qu’il était le fils de Jacques Fesch et Thérèse Troniou : « J’ai découvert cet homme, son parcours assez exemplaire, ses lettres où il disait me reconnaître et voulait qu’on me retrouve. » N’étant pas le bienvenu dans la famille Fesch, a-t-il confié, il porte seul le combat pour la réhabilitation de son père.
« La grâce était venue à moi. Une grande joie a inondé mon âme ! »
Entré en prison athée, Jacques Fesch était amer et dépourvu du sens à donner à sa vie en ruines. Il a tout d’abord refusé les conseils de l’aumônier de la prison de la Santé, le père Jean Devoyod. Cependant, après un certain temps, il se mit à lire les livres que le prêtre et son avocat catholique lui avaient apportés, ainsi que celui de sa mère, nouvellement convertie à la foi, sur les apparitions de Notre Dame à Fatima.
Après une année de « souffrance profonde » et repenti, Fesch a trouvé le sens de sa vie dans la nuit du 28 février 1955. Il a rencontré « Celui qui attend sans relâche l’âme blessée et désespérée, celui qui veille sur moi alors que je chancelle sous le poids de ma croix. » Grâce à cette mystérieuse rencontre, Fesch est devenu un nouvel homme : « La grâce était venue à moi. Une grande joie a inondé mon âme ! »
Il a décrit la soudaineté de sa conversion : « En l’espace de quelques heures, je suis entré en possession de la foi avec une certitude absolue. Je croyais ! » Il ne comprenait pas comment il avait pu ne pas croire. Ses priorités ont changé instantanément : « Maintenant, Il est tout ce qui compte. Une main puissante m’a saisi. » Stupéfait par ce qui lui arrivait, il écrit : « Je vis des heures merveilleuses ! »
Face à la guillotine, il a compris : « A cause de nos péchés, il faut un remède très fort pour nous restaurer à la grâce. » Il en vient à penser : « Combien d’âmes ont été changées dans les camps de concentration ou sur les champs de bataille ? »
Son avocat, MePaul Baudet, l’a prévenu la veille de l’exécution : « Jacques, c’est pour demain. » Il va passer la nuit en prière : « Dernier jour de lutte, demain à cette heure-ci, je serai au ciel. Que la volonté du Seigneur soit faite en toute chose. J’ai confiance dans l’amour de Jésus et je sais qu’il commandera à ses anges de me porter dans leurs mains.
« Le soir tombe et je me sens triste, triste. La mort approche et toute joie est partie, bien que je n’aie pas peur. Je pense que durant cette nuit d’agonie, je vais passer par différents états et que je vais un peu souffrir. » Il offre sa mort pour le salut des âmes, en particulier pour son père qui persiste dans son athéisme.
A écouter : Le 5 février 2024, l’abbé François-Marie Chautard donnait à l’Institut Universitaire Saint-Pie X, une conférence sur le thème : Jacques Fesch, le bon larron du XXe siècle. On peut se procurer l’enregistrement de cette conférence pour 10 €, (+ 3 € de port) soit sur le site de l’Institut : https://iuspx.fr, soit auprès du secrétariat : 21 rue du Cherche-Midi 75006 Paris - 01 42 22 00 26.
(Sources : afp/cnews/onepeterfive/IUSPX/DICI n°446 – FSSPX.Actualités)