France : retour sur la cérémonie d’ouverture des JO 2024 (3)

Sous une pluie battante, Paris s’est transformée, le temps de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet 2024, en une grande scène ouverte. Douze tableaux, pour un spectacle de lumière, de musique et de danse, invitant à la paix, à la liberté, à l’égalité, à la fraternité…
Le premier article a rapporté les faits et les premières réactions du monde catholique. Le deuxième a montré la duplicité des organisateurs du spectacle, et ce troisième article montrera les excuses totalement insuffisantes du Comité olympique, et les attaques en justice entreprises par les défenseurs du catholicisme.
Les faibles excuses des organisateurs
Le 29 juillet, le Salon beige rapportait la réaction du Président de la Chambre des représentants des Etats-Unis Mike Johnson : « La moquerie de la Cène d’hier soir a été choquante et insultante pour les chrétiens du monde entier qui ont assisté à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. La guerre contre notre foi et nos valeurs traditionnelles ne connaît aujourd’hui aucune limite.
« Mais nous savons que la vérité et la vertu prévaudront toujours. “La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçue” (Jn 1, 5). » – Mike Johnson traduit, de façon militante, ce dernier mot : « et les ténèbres ne l’ont pas vaincue ».
Face à l’ampleur de la polémique, les organisateurs de Paris 2024 se sont trouvés contraints de s’excuser lors d’une conférence de presse reprise par le Comité international olympique (CIO) : « Notre intention n’était pas d’afficher un manque de respect à quelque groupe religieux que ce soit (…). Si des gens ont été offensés, nous nous en excusons. »
Et de préciser par la voix d’Anne Descamps, directrice de la communication de Paris 2024 : « A l’inverse, notre intention était de montrer de la tolérance et de la communion » [sic].
Les excuses sont faibles, et le mensonge est gros. C’est ce qu’estime Mgr Barron, évêque de Winona-Rochester : « Cette déclaration n’est pas une véritable demande de pardon. Elle est “d’une duplicité woke”. L’offense est claire et voulue. Le Comité ment en disant le contraire et en prétendant promouvoir la tolérance. Le Comité d’organisation de Paris 2024 ne respecte pas les 2,6 milliards de chrétiens en faisant croire qu’ils se sont trompés sur ce qui s’est passé. »
Un cardinal proteste, le Vatican demeure muet
Sur le site hispanophone InfoVaticana du 29 juillet, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, parle d’un « acte de terrorisme spirituel » : « Les poses totalement déshumanisantes dans lesquelles les idéologues LGBT se sont moqués non seulement de la Cène de Jésus, mais aussi de leur propre dignité humaine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques.
« Ils s’inscrivent manifestement dans la continuité de la campagne des Jacobins visant à déchristianiser la France. Au plus fort de cette frénésie anti-chrétienne, le 10 novembre 1793, les révolutionnaires français ont fait entrer une femme nue déguisée en déesse Raison dans la cathédrale Notre-Dame de Paris et ont fait une démonstration de ses perversions sexuelles sur l’autel.
« Les obscénités blasphématoires contre la religion sont inextricablement liées à la violence physique et psychologique contre les croyants en Jésus-Christ. En effet, le “culte de la raison et de la liberté” est inextricablement lié à la Grande Terreur, dont des centaines de milliers et des millions d’innocents ont été victimes dans le système totalitaire athée.
« Depuis les Jacobins, maîtres de la guillotine, en passant par les fascistes et les communistes, jusqu’à aujourd’hui, où les chrétiens sont la communauté religieuse la plus persécutée au monde. L’idéologie woke en Occident a des racines explicitement athées, elle est caractérisée de part en part par la haine de Jésus-Christ et les pires incitations à l’encontre de l’Eglise catholique. […]
Les gens s’extasient sur l’inclusion de personnes woke dans un pays où les catholiques ont été systématiquement marginalisés de la vie publique, et ont fait l’objet de discriminations vicieuses pendant 200 ans.
« Ils ne se rendent pas compte qu’ils ont laissé traîner dans la boue l’honneur de la France qui, en tant que pays et culture, doit tout au christianisme, et qu’ils y ont même contribué dans un accès de dérèglement mental. Le mépris de la religion et de la conscience conduit nécessairement à la terreur psychologique et à la violence. »
Et le prélat allemand de conclure de façon saisissante : « Ces autorités olympiques devraient s’en rendre compte en regardant le tableau de Francisco Goya de 1797. Il s’intitule Le rêve de la raison engendre des monstres. Dans la mythologie, Saturne ou Kronos est la progéniture du dieu de la terre Uranos et de Gaïa, l’icône de la nouvelle religion climatique, et il affirme sans ambages que tout est dépassé et décomposé par le temps, y compris les idéologies néo-païennes.
« L’apôtre Paul a déjà décrit les conséquences suicidaires qui résultent du mépris de la raison ouverte à Dieu, lorsque la puissance éternelle et la divinité de Dieu sont niées. “C’est pourquoi Dieu les a livrés à l’impureté par les convoitises de leur cœur, de sorte qu’ils ont déshonoré leur corps par leurs propres actions” (Rm 1, 24).
« Le simulacre de la Cène [sous la Révolution de 1789] par des acteurs spirituellement dérangés et mentalement perturbés, ses instigateurs et ses commanditaires, était un acte de terrorisme spirituel qui s’est retourné contre ses auteurs.
« “La révolution est comme Saturne, elle mange ses propres enfants et finit par engendrer le despotisme avec tous ses méfaits”, furent les derniers mots de Pierre Vergniaud, le chef des Girondins sur l’échafaud. Et les Jacobins, qui ont poussé à l’extrême la révolte culturelle antichrétienne, n’ont pas tardé à le suivre. » D’autres prélats avaient élevé la voix dès le 27 juillet.
Mgr James Conley, évêque de Lincoln dans le Nebraska : « J’appelle tous les croyants à consacrer du temps à la prière et au jeûne en réparation de cette moquerie. Dans des moments comme ceux-ci, nous sommes appelés à défendre notre foi et la raison de notre espérance. Cette raison d’espérer ne se trouvera pas dans les Jeux olympiques, mais en Jésus-Christ. “Rejetons donc les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière” (Rm 13, 12).
« Mgr Fernando Chomali, archevêque de Santiago au Chili : « L’intolérance des “tolérants” n’a pas de limite. Ce n’est pas ainsi que se construit une société fraternelle. Nous avons été témoins du nihilisme à son degré le plus élevé. » Et pendant ce temps, de Rome, aucun message, aucune condamnation, aucun appel à la réparation.
Une action en justice, des excuses publiques
Dans un communiqué du 28 juillet, l’AGRIF (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française) dénonce « l’abominable sacrilège de la Cène du Christ, l’institution tout à la fois des sacrements du sacerdoce et de l’Eucharistie par laquelle Dieu fait homme s’offre en nourriture à l’homme pour son salut.
« Cette Cène est parodiée abominablement avec des drag queens – des hommes se travestissant en femmes – représentant les apôtres et la DJ Leslie Barbara Butch, décrite comme une icône lesbienne des nuits parisiennes dont la tête est auréolée, représentant Jésus, devant des platines de disques.
« Le scandale a été poussé jusqu’à faire jouer une enfant dans cette scène aux accents lascifs et profanatoires et aux allures de messe noire. Et misérablement, France 2, la chaîne du service public, la chaîne qui doit représenter tous les Français, jouit de ce spectacle de haine vomitive en tweetant : “une Cène LE-GEN-DAIRE” ! Ils savent parfaitement ce qu’ils font. »
Et d’annoncer : « L’AGRIF va donc réclamer jusque devant la Cour européenne des droits de l’homme des comptes aux auteurs, diffuseurs et promoteurs de cette provocation wokiste, de cette atteinte à l’innocence de l’enfance et de cette abjection antichrétienne et antidémocratique. Il s’agira à nouveau d’une longue bataille. »
Pour sa part l’ECLJ (European centre for law and justice) lance une pétition en ligne à l’adresse de la Commission exécutive du CIO, qui déclare : « Nous, soussignés, dénonçons fermement le caractère outrageant et blasphématoire de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. »
Le texte précise : « La cérémonie d’ouverture des JO a comporté une parodie scandaleuse de la Sainte-Cène, un moment sacré pour les chrétiens du monde entier. Cette représentation moqueuse et obscène, vue par des centaines de millions de personnes, est profondément offensante, en particulier pour les chrétiens.
« Un tel message volontairement sacrilège n’a rien à voir avec le sport, ni avec la France et encore moins avec les JO. C’est un détournement de la cérémonie d’ouverture à des fins de propagande anti-chrétienne et woke. »
Et de réclamer : « Le Comité International Olympique ne peut pas en même temps prôner le respect de toutes les croyances religieuses et tolérer une telle cérémonie offensant gravement les chrétiens. Nous exigeons des excuses publiques et solennelles de la part des organisateurs des JO de Paris 2024 pour cette offense grave, et pas seulement de vagues justifications.
« Nous demandons que des mesures réglementaires soient prises pour que de tels scandales ne se produisent plus. Le CIO doit contrôler préalablement le contenu des cérémonies pour vérifier, avant leur tenue, leur conformité à son règlement et à ses valeurs. »
Certains accorderont peut-être à ces démarches judiciaires et médiatiques une valeur purement symbolique. Il n’est pas certain qu’ils aient raison : mettre en avant la neutralité religieuse affichée des JO et l’opposer à l’antichristianisme patent de la cérémonie de Paris 2024, n’est pas un symbole mais une réalité avérée par de multiples faits et déclarations.
« De même que la présence d’une enfant dans une scène lascive ne peut pas être considérée comme simplement symbolique. La justice tranchera, celle des hommes peut-être, celle de Dieu sûrement. »
(Sources : Salon beige/IMB/Info Vaticana/AGRIF/ECLJ/DICI n°447 – FSSPX.Actualités)
Illustration : Sander van from Flickr, Domaine public, via Wikimedia Commons