Franco : l’acharnement autour d’une tombe
La Cour suprême du royaume espagnol vient d’approuver l’exhumation des restes mortels du général Francisco Franco, décidée de longue date par le gouvernement socialiste. Les héritiers des républicains espagnols souhaitent aller vite, car les législatives de novembre 2019 approchent. La famille du Caudillo entend freiner les choses et en appelle au pape François.
Cervantes peut dormir en paix, sa succession est assurée. Là où le romancier campait au XVIIe siècle un Don Quichotte combattant des chevaliers noirs fictifs - en fait, des moulins à vent -, les héritiers des républicains espagnols veulent, en 2019, terrasser... un squelette, en s’en prenant à la dépouille mortelle de Francisco Franco, au nom du “combat pour la démocratie”.
Dans un énième rebondissement tout à la fois indigne et macabre, la Cour suprême espagnole a rejeté, le 24 septembre 2019, le recours des descendants du général Franco. L’exhumation des restes mortels du chef d’Etat qui mit fin à la sanglante guerre civile déclenchée par les anarchistes et les communistes est donc autorisée. C’était l’une des mesures phares d’un gouvernement socialiste dirigé par un Pedro Sanchez en mal d’inspiration.
Mais la famille de celui que la presse internationale considère comme un dictateur voué à une juste damnatio memoriae, ne compte pas jeter l’éponge : « nous épuiserons tous les recours à notre portée (...) devant la Cour constitutionnelle ou devant le tribunal européen des droits de l’homme », a assuré leur avocat, Me Felipe Utrera Molina.
L’Eglise d’Espagne, frappée d’amnésie sélective, tâche d’oublier tout ce qu’elle doit à l’engagement du Caudillo. Le prieur bénédictin du monastère de la Vallée de los Caidos - où repose Franco - le Père Santiago Cantera, est l’un des rares membres de la hiérarchie catholique à s’opposer fermement à toute exhumation.
Seul un homme peut encore intervenir : le pape François. A cette heure, le Vatican n’a pas voulu s’exprimer, mais étant donné que le souverain pontife constitue l’ultime recours pour le prieur du monastère de Los Caidos, on voit mal François ne pas intervenir à un moment donné. A moins que la campagne politique pour les législatives de novembre 2019 ne reprenne ses droits, et ne renvoie l’exhumation de Franco à plus tard.
Exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor - « qu’un vengeur sorte un jour de mes cendres » - faisait dire Virgile à la reine de Carthage mourante, évoquant la future d’Hannibal, la terreur de Rome. Pedro Sanchez aurait tout intérêt à relire ses classiques : à eux seuls, ils sont une vraie leçon de vie.
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(Source : El Pais - FSSPX.Actualités - 11/10/20192)