François souhaite se rendre à Moscou et à Kiev
Le patriarche Cyrille
Le pape François n’a pas changé d’avis, il a annoncé vouloir aller à Moscou et à Kiev après son voyage au Canada. Le souverain pontife a de nouveau fait savoir son désir d’aller en Russie « pour essayer d’aider à quelque chose », a-t-il confié le 2 juillet au vaticaniste Philip Pullella dans un entretien publié par l’agence Reuters le 4 juillet 2022.
Auparavant, le 3 mai, le pontife argentin avait expliqué dans les colonnes du Corriere della Sera avoir demandé à Vladimir Poutine s’il pouvait se rendre en Russie, trois semaines après le début de l’offensive en Ukraine. Il confiait alors ne pas avoir eu de réponse du président russe et avait dit sa crainte que « Poutine ne puisse pas et ne veuille pas faire cette rencontre en ce moment ».
De son côté, Dmitri Pesko, porte-parole du Kremlin, affirme qu’une visite du pape François en Russie et une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine ne font pas l’objet de discussion pour le moment, prévient l’agence russe Interfax le 6 juillet 2022. « Une telle visite au sommet doit être discutée, elle doit être préparée mais, à ma connaissance, il n’y a pas de contacts substantiels à cet effet pour le moment », déclare le porte-parole russe.
Cependant, le 14 juin, le directeur du premier département européen du ministère russe des Affaires étrangères, Alexej Paramonov avait confirmé l’existence d’un « dialogue confidentiel » entre le Saint-Siège et la Russie sur « un certain nombre de questions » concernant l’Ukraine, notamment humanitaires. En effet, depuis le début de la guerre en Ukraine, le Vatican maintient une position diplomatique ouverte vis-à-vis de la Russie.
Le journaliste Philip Pullella qui a interrogé le pontife durant 90 minutes à la résidence Sainte-Marthe indique que ce voyage pourrait se faire en septembre. « Parlant de la situation en Ukraine, François a noté qu’il y a eu des contacts entre le secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, au sujet d’un éventuel voyage à Moscou », écrit Philip Pullella.
Le pape précise que le dialogue avec la Russie est resté « très ouvert, très cordial, très diplomatique dans le sens positif du terme ». Et d’assurer : « Pour l’instant tout va bien, la porte est ouverte. »
Le pape souhaiterait « d’abord aller à Moscou » avant de se rendre à Kiev. « Nous avons échangé des messages à ce sujet, parce que je pensais que si le président de la Russie me donnait une petite fenêtre, j’irais là-bas pour servir la cause de la paix », ajoute le pape qui a reçu à trois reprises le président russe au Vatican.
« Et maintenant, il est possible qu’à mon retour du Canada, je puisse aller en Ukraine, c’est possible… », insiste le pontife. Il précise de nouveau que « la première chose est d’aller en Russie pour essayer d’aider d’une manière ou d’une autre, mais j’aimerais aller dans les deux capitales ».
Lors de l’Angélus du 31 juillet, au retour de sa visite au Canada, le pape a confié « n’avoir pas cessé de prier durant son voyage pour le peuple ukrainien agressé et martyrisé, demandant à Dieu de le libérer du fléau de la guerre ». Et d’ajouter que « la seule chose raisonnable à faire est de s’arrêter et de négocier ».
Le pape rencontrera-t-il le patriarche Cyrille ?
Le cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, a dénoncé la « guerre d’agression brutale de Poutine » et critiqué vertement l’attitude du patriarche Cyrille. Le cardinal suisse a d’ailleurs jugé qu’une rencontre entre le patriarche de Moscou et le pape François resterait sujette à de « graves malentendus » tant que le conflit durerait.
« Il est très difficile de continuer ce dialogue pendant la guerre, car les positions sont extrêmement différentes. Le Saint-Père a déclaré plusieurs fois combien la guerre est terrible et absurde. D’autre part, le patriarche de l’Eglise orthodoxe russe a non seulement légitimé, mais aussi béni cette horrible guerre en Ukraine, avec des motifs métaphysiques et religieux », a expliqué le cardinal dans un entretien à Radio Vatican, le 2 juillet.
Le pape François avait, début mai, repris publiquement l’attitude du chef de l’Eglise russe, expliquant qu’il ne pouvait pas devenir « l’enfant de chœur de Poutine ». Une rencontre entre les deux hommes, prévue en juin à Jérusalem, a été annulée. Mais l’hypothèse qu’ils se rencontrent en marge du Congrès des religions mondiales et traditionnelles au Kazakhstan, qui se tiendra les 14 et 15 septembre prochains, a longtemps été d’actualité.
Ce septième congrès interreligieux au Kazakhstan aura pour thème « le rôle des responsables des religions mondiales et traditionnelles dans le développement socio-spirituel de l’humanité dans la période postpandémique ».
L’ambassadeur d’Ukraine près le Saint-Siège, Andriy Yurash, a assuré le 10 juillet 2022 qu’il faisait tout son possible pour qu’une nouvelle rencontre entre le patriarche Cyrille de Moscou et le pape François n’ait pas lieu.
« Nous, les diplomates, faisons tout notre possible pour empêcher que cette rencontre ait lieu, a expliqué l’ambassadeur dans un entretien à Radio Liberty. Elle ne serait pas bénéfique pour le dialogue œcuménique et n’ajouterait pas d’autorité à la capitale apostolique, car il s’agit d’une rencontre avec l’avocat du diable. »
Il semble que cette diplomatie ait été efficace, car le patriarche Cyrille ne se rendra finalement pas au Kazakhstan pour le Congrès susmentionné. C’est ce qu’a confié le 24 août à l’agence russe RIA Novosti le chef du département des Affaires étrangères du Patriarcat de Moscou, le métropolite Antoine de Volokolamsk.
(Sources : cath.ch/i.media/Vatican news/risu/DICI n°423 – FSSPX.Actualités)
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