Grande-Bretagne : le Chemin Néocatéchuménal rappelé à l'ordre par un évêque

L’évêque catholique de Lancaster déplore un « sentiment croissant de malaise » au sujet des pratiques liturgiques du Chemin néocatéchuménal, et édicte de nouvelles normes afin de réduire les abus de ce mouvement.
Mgr Michael Campbell a provoqué un véritable tollé au sein du « Chemin néocatéchuménal » en réprouvant certains abus liturgiques devenus monnaie courante au sein de cette nouvelle communauté. L'évêque de Lancaster a, en effet, déclaré qu’on ne pouvait s’empêcher d’éprouver un « sentiment croissant de malaise » au regard des particularismes liturgiques propres à ses adeptes.
Les normes édictées par le prélat précisent que les messes doivent toujours être célébrées à l'autel principal, ou dans une chapelle approuvée - entendez : pas sur un support non-liturgique comme les membres du Chemin en ont pris la déplorable habitude -. De plus il est exigé qu’il n’y ait dorénavant aucun délai entre la distribution de la communion et le moment où celle-ci est effectivement consommée : en effet, dans certains groupes néocatéchuménaux, la communion n'est consommée que lorsque tout le monde a reçu l’Hôte divin, ce qui n’est pas sans entraîner certains abus.
Paul Hayward, catéchiste et responsable de la communauté de Wythenshawe, s’exprimant au nom des groupes du Chemin dans le nord de l’Angleterre, a affirmé avoir demandé à Mgr Campbell de surseoir à la mise en œuvre de normes « restrictives » selon lui, jusqu'à ce que les représentants du Chemin néocatéchuménal aient eu la possibilité de le rencontrer. « Nous l'avons supplié de ne rien décider avant que nous ayons pu lui expliquer comment nous faisons les choses et pourquoi », a-t-il déclaré.
Cependant, le prélat ne souhaite pas quant à lui perdre de temps, et les normes entreront en vigueur dès le 1er juillet. Le danger redouté par beaucoup d’évêques est que les modalités particulières selon lesquelles les communautés néocatéchuménales du monde entier célèbrent la messe, n’introduisent de fait dans la liturgie latine un nouveau « rite », artificiellement créé par les fondateurs du Chemin, étranger à la tradition liturgique, plein d’ambiguïtés doctrinales et fauteur de divisions dans la communauté des fidèles. En somme, une sorte de nouvelle messe dans la nouvelle messe.
Le Chemin Néocatéchuménal a été reconnu par Jean-Paul II, en 1990, comme un « itinéraire de formation catholique ». L’appellation « chemin » lui convient car il s’agit d’un parcours que l’on peut qualifier d’initiatique. Il a été lancé dans le quartier de Palomeras, à la périphérie de Madrid, en 1964 par deux laïcs espagnols, Francisco José Gómez de Argüello - dit Kiko Argüello - et Carmen Hernández, décédée le 19 juillet 2016.
Depuis sa fondation, le « Chemin » s'est propagé dans le monde entier. En 2008, il revendiquait une implantation dans 1 000 diocèses et dans 120 pays, particulièrement en Italie et en Espagne. Il déclare compter 42 000 communautés. Chaque communauté comprendrait entre 20 et 50 membres. Il compte également des séminaires « Redemptoris Mater », avec environ 3 000 prêtres et 1 500 séminaristes.
Né dans l'esprit et l'effervescence du concile Vatican II, le mouvement prône un retour aux enseignements du christianisme antique, avec toutes les dérives que cet archaïsme ne peut manquer de provoquer.
Dans le diocèse de Lancaster, il existe sept communautés basées à Preston, Carlisle et Blackpool qui dénombrent en tout environ 150 membres.
Le Chemin néocatéchuménal, dont les statuts ont été approuvés par Rome en 2008, est doté d’une autorisation spéciale pour célébrer la messe selon des coutumes propres qui vont le plus souvent à l’encontre des lois liturgiques de l’Eglise. Ainsi, l’eucharistie est reçue par des communiants qui demeurent debout, tout en restant à leur place, le prêtre ne consommant pas forcément la communion avant de la distribuer…
Ces excès liturgiques ne sont pas nouveaux, et viennent s'ajouter à d'autres reproches : les responsables la communauté avaient ainsi été repris lors d’une audience, le 18 mars 2016, au cours de laquelle le souverain pontife avait mis en garde ses auditeurs contre la vanité, la fermeture, la tendance à juger les autres. « Pour semer la division, avait-il averti, le diable commence souvent par nous faire croire que nous sommes bons, meilleurs que les autres. » Le pape avait en conclusion appelé les membres du Chemin à « vivre en union avec les autres fidèles et à obéir à l’Eglise ».
(Sources : Radio Vatican / Catholic Herald - FSSPX.Actualités - 12/06/17)