Haïti : nouvelle attaque meurtrière dans la capitale haïtienne

Source: FSSPX Actualités

Habitants déplacés par la terreur régnant à Port-au-Prince

Dans la nuit du 24 au 25 février 2025, au cours d’une nouvelle attaque dans un quartier jusque là relativement épargné de Port-au-Prince, Delmas 30, au moins 20 personnes ont perdu la vie. Les enfants sont les premières victimes du chaos dans lequel est plongé le pays, enrôlés dans les gangs dès l’âge de huit ans, ou victimes de violences sexuelles.

La situation actuelle en Haïti est « catastrophique » explique le P. Jean Gardy Maisonneuve, jésuite et directeur de l’organisation non gouvernementale Saint Karl Lévêque, cité par le quotidien haïtien Le Nouvelliste du 28 février 2025.

Vatican News explique que « les premières informations sur l’attaque font état de l’assassinat de deux soldats des forces armées, par le gang Viv Ansanm, dirigé par l’ancien policier Jimmy “Barbecue” Chérizier et d’autres ».

Ce gang est celui qui aurait provoqué l’incendie de l’hôpital général de la capitale haïtienne à la mi-février. Selon le Père Jean Gardy, le bilan de l’attaque dans le quartier de Delmas 30 est beaucoup plus lourd, continue Vatican News.

Le Nouvelliste rapporte un mécontentement populaire croissant à l’égard du gouvernement, accusé d’incapacité à gérer la crise sécuritaire chronique. Pour la deuxième journée consécutive, des manifestations ont eu lieu devant le siège du gouvernement à Port-au-Prince.

En janvier, des gangs ont détruit 47 écoles dans la capitale haïtienne Port-au-Prince, s’ajoutant aux 284 écoles détruites en 2024, a précisé Geetanjali Narayan, la Représentante de l’UNICEF en Haïti, lors d’une conférence de presse à Genève, le 28 février. « Les attaques incessantes contre l’éducation s’accélèrent, laissant des centaines de milliers d’enfants sans lieu d’apprentissage », a-t-elle ajouté.

Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance a déjà signalé l’augmentation de 1 000% des violences sexuelles à l’encontre des enfants entre 2023 et 2024 dans le pays. Les enfants représentent également la moitié du million de personnes déplacées à ce jour par les violences en Haïti : ils continuent à payer le plus lourd tribut de la crise.

La République dominicaine, qui partage 340 km de frontière avec Haïti a promulgué, le 27 février, un décret classant les gangs criminels haïtiens comme « organisations terroristes ». Depuis 2021, la République dominicaines a lancé la construction d’un mur de séparation le long des 340 km de frontière pour lutter contre l’immigration irrégulière et les trafics liés aux organisations criminelles.

Au cours du mois dernier, la violence des gangs a laissé plus de 6 000 personnes sans abri dans la zone de Port-au-Prince, selon un communiqué de l’ONU publié le 25 février. « Des familles entières ont été massacrées dans leurs maisons, tandis que d’autres, y compris des enfants et des bébés, ont été abattus alors qu’ils tentaient de s’échapper », a déclaré l’ONU.

Des chiffres effarants

L’assassinat du dernier Président haïtien élu, Jovenel Moïse, en juillet 2021, a plongé cette nation insulaire des Caraïbes dans un tourbillon de violence d’une rare intensité. Plus d’une vingtaine de gangs armés règnent désormais en maître sur 85% du territoire du pays : certains quartiers s’apparentent à de véritables zones de guerre.

Selon le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), en 2024, plus de 1 700 personnes ont trouvé la mort dans des violences perpétrées par les gangs ou lors d’opérations menées par la police. Près de 1 500 individus ont été victimes d’enlèvements et plus d’un million de civils ont quitté leur domicile afin d’échapper aux violences.