Hans Küng reçu à Castel Gandolfo

Source: FSSPX Actualités

 

Benoît XVI a reçu, le 24 septembre à Castel Gandolfo, le théologien suisse contestataire Hans Küng, suspendu d’enseignement par le Vatican depuis 1979. La rencontre entre les deux hommes s’est déroulée "dans un climat amical", souligne le communiqué du porte-parole, Joaquin Navarro-Valls. Le pape et le théologien, âgé aujourd’hui de 77 ans, avaient convenu de ne pas entrer dans le détail des questions doctrinales qui opposent l’enseignant suisse au magistère de l’Eglise.

 "Le pape a apprécié, poursuit le communiqué, l’effort du professeur Küng de contribuer à une reconnaissance renouvelée des valeurs morales essentielles de l’humanité à travers le dialogue des religions et dans la rencontre avec la rationalité séculière. (…) Le pape a réaffirmé son accord sur la tentative du professeur Küng de raviver le dialogue entre la foi et les sciences naturelles et de faire valoir, vis-à-vis de la pensée scientifique, la rationalité et la nécessité de la question de Dieu."

"Le professeur Küng a souligné que son projet de Weltethos (éthique mondiale) n’est en aucun cas une construction intellectuelle abstraite; y sont plutôt mis en lumière les valeurs morales autour desquelles convergent les grandes religions du monde, malgré toutes les différences, et le fait qu’il peut y avoir des critères valides perceptibles à la raison séculière", a expliqué le directeur de la salle de presse vaticane. Le souverain pontife a affirmé que "l’engagement pour une conscience renouvelée des valeurs qui soutiennent la vie humaine est aussi un objectif important de son pontificat".

 "De son côté, le professeur Küng a exprimé son approbation concernant les efforts du pape en faveur du dialogue des religions, et aussi autour de la rencontre avec les différents groupes sociaux du monde moderne", a conclu le porte-parole du Saint-Siège.      

Le théologien contestataire a vivement critiqué la papauté et son infaillibilité, accusant en 1998 les évêques allemands "d’obéissance servile" à l’égard de ce qu’il appelait le "Kremlin romain". Il a constamment dénoncé le conservatisme de Jean-Paul II et du cardinal Joseph Ratzinger, préfet d la Congrégation pou la doctrine de la foi. Après l’élection de Benoît XVI, Hans Küng s’est montré très sévère à l’égard du nouveau pape, qualifiant le choix du collège des cardinaux d’"immense déception" pour de nombreux fidèles qui espéraient un pape pastoral et réformateur. Il a cependant ajouté : "on doit attendre", car "le service pétrinien dans l’Eglise catholique est un tel défi qu’il peut changer toute personne". Il faut laisser "une chance" au nouveau souverain pontife, avait-il  déclaré le 19 avril, les premiers signaux étant pour lui "très parlants". Précisant : "Le nouveau pape devra garantir l’égalité de l’homme et de la femme à tous les niveaux de l’Eglise et promouvoir l’œcuménisme". Il avait salué positivement les propos du pape à Cologne.

 Le théologien suisse est l’auteur de l’avant-projet de la Déclaration pour une éthique mondiale du parlement des religions du monde qui s’est tenu à Chicago en 1993. Il a reçu le 11 mai 2005, le 22e prix pour la paix de la Fondation bouddhiste japonaise pour la paix Niwano. Ce prix lui a été remis "pour sa contribution et sa coopération au dialogue interreligieux". La fondation nipponne le considère en effet "comme l’un des plus importants théologiens du 20e siècle".    

Commentaire de La Croix du 27 septembre, sous la plume de Jean-Marie Guénois : "Ce pape qui recevait il y a un mois le successeur de Mgr Lefebvre impose ainsi son style. Il n’entend visiblement être l’otage de personne".