Homosexualité : le Soudan du Sud répond au pape

Source: FSSPX Actualités

Le président du Soudan du Sud annonce un jour férié pour la visite du pape

Alors que le souverain pontife se rend au Soudan du Sud, Juba a réaffirmé sa fermeté contre les unions homosexuelles. Une semaine plus tôt, le pape François s’est exprimé contre la criminalisation des relations entre personnes de même sexe, reconnaissant toutefois qu’il s’agit d’un « péché » au regard de l’enseignement de l’Eglise.

Pour son quarantième voyage à l’étranger, le pontife argentin se rend à Juba, capitale du Soudan du Sud, du 3 au 5 février 2023. Initialement prévue en juillet 2022, cette visite avait été reportée en raison des douleurs au genou du pape de 86 ans, qui se déplace en chaise roulante.

Officiellement, il s’agit d’une visite de « réconciliation » afin de promouvoir la fin des violences dans un pays miné par une sanglante guerre civile, mais qui ne doit pas faire oublier certaines divergences profondes entre l’actuel pontife romain et les peuples africains sur le thème délicat de l’homosexualité.

Divergences surgies une nouvelle fois à l’occasion d’un entretien exclusif accordé le 25 janvier dernier par le pape François à The Associated Press, dans lequel celui-ci taxe d’« injustes » les lois criminalisant les relations entre personnes de même sexe, tout en rappelant qu’il s’agit tout de même d’un « péché ».

Quelques jours plus tard, dans une réponse adressée au père James Martin, jésuite acquis au lobby LGBT, le pontife argentin se fait insistant : « Je dirais que quiconque veut criminaliser l’homosexualité a tort. »

Le gouvernement sud-soudanais n’a pas tardé à répliquer, par la voix de son ministre de l’Information : « Si le pape François vient chez nous et qu’il nous dit qu’il n’y a pas de différence entre le mariage entre personnes de même sexe ou de sexes différents, nous lui dirons ‘non’ », a prévenu Michael Makuei Lueth.

Pour le ministre, pas question de transiger : « Dieu ne peut pas se tromper. Il a créé l’homme et la femme, il leur a dit de se marier et d’aller peupler le monde. Les partenaires de sexes identiques peuvent-ils enfanter par eux-mêmes ? »

Et de préciser : « Notre constitution est très claire, elle énonce que le mariage se réalise entre personnes de sexes différents, et que tout mariage entre personnes de même sexe est un crime, c’est un crime constitutionnel. » Des propos qu’on imagine mal venus sur le Vieux continent.

En revanche, s’il se cantonne dans sa mission de pacificateur, le pape est le bienvenu, explique à demi-mot Michael Makuei : « Il vient nous bénir afin que nous changions nos comportements parce que parfois nous nous comportons anormalement. Il vient donc ici pour prier pour nous afin que la paix prévale au Soudan du Sud. Sa visite est historique. »

Nul doute que la secrétairerie d’Etat n’ait reçu le message des autorités sud-soudanaises cinq sur cinq, et ne doive déployer tous ses talents diplomatiques afin d’éviter – ou de réparer le cas échéant – un dérapage de la parole pontificale, comme ce fut le cas il y a quelques mois sur le dossier russo-ukrainien, où le Saint-Siège avait dû présenter – fait rarissime – des excuses à Moscou.

Distinction nécessaire

Il faut distinguer la criminalisation d’un acte et l’interdiction d’un état de vie. Si le pape François veut dire qu’un Etat ne doit pas criminaliser les actes homosexuels, c’est-à-dire infliger une peine à ceux qui les accomplissent, c’est une chose. Cela pourrait se comprendre, d’une part à cause du caractère plus ou moins caché de ces actes, et compte-tenu de la situation actuelle.

Mais la constitution d’un état de vie par une union homosexuelle publique, est autre chose. Lorsqu’elle est autorisée par la loi, elle donne droit à des avantages qui sont normalement réservés au mariage. Or un Etat peut interdire une telle union. Au Soudan du Sud comme au Japon la constitution définit le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme, de manière exclusive.

Il y a d’ailleurs un document romain précis à ce sujet, publié sous Jean-Paul II. Le 3 juin 2003, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait publié des Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles, signées du cardinal Joseph Ratzinger. La conclusion (n° 11) dit ceci :

« L’Eglise enseigne que le respect envers les personnes homosexuelles ne peut en aucune façon conduire à l’approbation du comportement homosexuel ou à la reconnaissance juridique des unions homosexuelles. Le bien commun exige que les lois reconnaissent, favorisent et protègent l’union matrimoniale comme base de la famille, cellule primordiale de la société.

« Reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage, signifierait non seulement approuver un comportement déviant, et par conséquent en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité. L’Eglise ne peut pas ne pas défendre de telles valeurs pour le bien des hommes et de toute la société. »

Malheureusement le pape semble bien, comme il est facile de le constater, vouloir que les pays reconnaissent ces unions, s’opposant ainsi clairement à la doctrine de l’Eglise et à son prédécesseur.