Hong Kong: le cardinal Zen devant le tribunal
Les quatre accusés au procès : Hui Po-keung, Cardinal Joseph Zen, Denise Ho and Margaret Ng devant le tribunal de West Kowloon
Le cardinal de 90 ans, Joseph Zen, a comparu le mardi 24 mai 2022 devant le tribunal de West Kowloon, au sud-est de Hong-Kong, où il a été inculpé pour ne pas avoir correctement enregistré un fonds d’aide aux manifestants pro-démocratie, rapporte le quotidien local South China Morning Post.
Mgr Zen, ancien archevêque de Hong-Kong, a été arrêté début mai avec quatre autres figures de proue du mouvement pro-démocratie, dont la chanteuse Denise Ho et l’avocate Margaret Ng au nom de la loi sur la sécurité nationale.
Ces personnalités étaient les administrateurs d’un fonds, aujourd’hui dissous, proposant de financer une partie des frais judiciaires et médicaux des personnes arrêtées lors des grandes manifestations pro-démocratie de 2019.
Elles ont été arrêtées pour « conspiration de collusion avec des forces étrangères », un chef d’accusation qui fait encourir la prison à vie selon la loi de sécurité nationale imposée par Pékin en 2020.
Mais le tribunal n’a retenu pour l’heure que l’accusation de défaut d’enregistrement du fonds auprès de la police, qui ne découle pas de la loi sur la sécurité nationale et fait encourir une amende de 10.000 dollars de Hong Kong (1.190 euros) pour une première condamnation.
Le parquet a assuré disposer de 10 caisses de pièces à conviction et huit heures d’enregistrements vidéo pour étayer les accusations. Tous les accusés ont plaidé non coupables mardi. Le procès s’ouvrira le 19 septembre… au moment où se négociera le renouvellement de l’accord Chine-Vatican.
Après sa comparution, le cardinal a célébré, en présence de centaines de fidèles catholiques, une messe dédiée aux églises de Chine continentale.
L’enquête contre le 612 Humanitarian Relief Fund a été lancée après qu’un des administrateurs, l’universitaire Hui Po-keung, a été arrêté à l’aéroport alors qu’il s’apprêtait à prendre un poste dans une faculté européenne.
L’arrestation du cardinal Zen a suscité l’indignation dans de nombreux pays occidentaux, qui accusent la Chine de mettre fin aux libertés autrefois promises à Hong Kong.
Le ministre de la Sécurité de la ville, Chris Tang, a balayé les critiques lundi dans la presse locale, les qualifiant de « campagne de dénigrement classique ».
Un soutien nombreux
Le vicaire général de Hong Kong, Mgr Joseph Chan, a assisté à l’audience mardi, mais a assuré qu’il n’y représentait pas le diocèse. Le cardinal Zen « était mon professeur, donc je suis venu », a-t-il expliqué à l’AFP. M. Chan s’est dit surtout préoccupé par la santé de Mgr Zen, même si ce dernier paraissait de bonne humeur.
Des diplomates de plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, la France, la Suède et l’Italie, ont assisté à l’audience mardi.
Après l’audience, des centaines de fidèles ont assisté à une messe célébrée par le cardinal à l’église de la Sainte-Croix, dans l’est de l’île de Hong Kong. « Nous devons bien entendu respecter l’Etat de droit, mais se servir de la loi pour opprimer n’est sûrement pas la raison d’être d’un Etat de droit », a souligné Louise, une enseignante, à l’AFP.
« Quand un homme est victime de lois injustes, n’est-ce pas la moindre des choses de venir lui rendre hommage », a fait valoir de son côté Philip, travaillant dans le secteur de la santé.
Le prélat a dédié la messe aux églises de la Chine continentale, où des millions de fidèles ne peuvent pas pratiquer librement leur religion sous le régime du parti communiste officiellement athée qui contrôle strictement les institutions religieuses reconnues par les autorités.
Dans son homélie, le cardinal Zen a critiqué l’accord entre le Vatican et la Chine qui permet la nomination d’évêques par Pékin avec l’approbation du pape, estimant qu’il était « malavisé », bien que partant de « bonnes intentions ».
Il faudrait réunifier les fidèles qui se trouvent sous la juridiction de l’Eglise inféodée au régime de Pékin et les croyants de l’Eglise souterraine, illégale aux yeux des autorités chinoises, a-t-il estimé. Mais « il semble que les temps ne soient pas encore mûrs », a-t-il toutefois souligné, faisant allusion au clergé clandestin qui refuse de se soumettre aux exigences des autorités.
(Sources : cath.ch/L’Express/South China Morning Post – FSSPX.Actualités)
Illustration : © South China Morning Post