Hong-Kong : l’opposant catholique Jimmy Lai emprisonné

Source: FSSPX Actualités

Jimmy Lai

L’homme d’affaires Jimmy Lai a été arrêté le 3 décembre 2020 au matin, a annoncé l’agence AsiaNews le jour même, et le juge Victor So Wai-tak a refusé sa mise en liberté sous caution. Il a passé Noël en prison.

Né à Canton le 8 décembre 1948, Jimmy Lai est le fondateur de Next Digital, une maison d’édition qui produit le journal pro-démocratie Apple Daily, connu pour ses critiques envers la direction de Pékin et Hong Kong, selon l’agence italienne des Missions étrangères.

Le 2 décembre au soir, Lai et deux de ses proches collaborateurs, Royston Chow Tat-kuen et Wong Wai-keung, ont été accusés de fraude. Le lendemain matin, en comparution devant le tribunal de West Kowloon, le juge a décidé de la détention provisoire de Lai jusqu’à son procès le 16 avril 2021, et de la mise en liberté sous caution pour Chow et Wong.

Si Jimmy Lai est reconnu coupable de fraude, il risque jusqu’à 14 ans de prison, et dans le cas d’un crime contre la sécurité nationale, il encourt la réclusion à perpétuité.

Les trois hommes avaient déjà été arrêtés le 10 août dernier, avec deux des fils de Lai, lors d’une spectaculaire opération de police, avec l’invasion du siège d’Apple Daily par plus de 200 policiers à la recherche de « preuves » de violations de la nouvelle loi chinoise sur la sécurité nationale.

La République populaire de Chine s’autorise, en vertu de cette loi entrée en vigueur le 1er juillet 2020, à établir des unités de police à Hong Kong et à punir les actes de « sécession, de subversion ou de terrorisme ». De facto, Pékin s’affranchissait ainsi du principe « un pays, deux systèmes », qui devait durer jusqu’en 2047, conformément à la règle acceptée lors de la rétrocession de l’île par les Anglais.

Jimmy Lai, qui défend la démocratie à Hong Kong, est soupçonné de « collusion avec les forces étrangères contre sa patrie ». Lui et ses fils avaient alors été libérés sous caution, en attente du procès à venir.

Trois jeunes militants, figures de la contestation pro-démocratie, Ivan Lam (26 ans), Agnes Chow (23 ans) et Joshua Wong (24 ans), ont également été condamnés le 2 décembre. Leur peine est respectivement de 7, 10 et 13 mois et demi de prison, pour avoir participé à des manifestations en faveur de la démocratie. Plus de 10.000 personnes ont été arrêtées ces derniers mois.

La Nuova Bussola Quotidiana a demandé au père Robert Sirico, fondateur et président de l’Institut Acton, un commentaire sur l’arrestation de Jimmy Lai, à qui avait été remis le Prix Foi et Liberté 2020 de l’Institut Acton le 18 novembre dernier.

« Il est ouvertement chrétien, converti au catholicisme dans les années 1990. Les racines de sa défense de la liberté résident dans la dignité de la personne humaine et dans la conviction que l’éthique judéo-chrétienne peut sauver la Chine. Il a également soutenu l’Eglise “clandestine” en Chine et déclaré qu’une grande partie de sa bataille pour la défense de la liberté humaine est enracinée dans la foi chrétienne. C’est un cas vraiment unique en Asie. »

Jimmy Lai dirige l’unique presse d’opposition à Hong Kong, et demeure le seul milliardaire de Hong Kong à ne pas faire allégeance à Pékin. Il a décidé de se battre contre ce régime autoritaire, refusant de quitter Hong Kong, et « prêt à faire des sacrifices personnels ».

Le P. Sirico poursuit : « Son importance dans le mouvement démocratique tient au fait qu’il est journaliste et éditeur renommé à Hong Kong, ainsi qu’un chef d’entreprise qui veut absolument, comme il l’a montré, exploiter sa réputation et ses très grandes ressources pour promouvoir la liberté ». « Sera-t-il une figure de résistance à la suite de Soljenitsyne ? », se demande le prêtre.

Jimmy Lai, 73 ans, est arrivé à Hong Kong à l’âge de 12 ans, passager clandestin venu de Chine. Il a commencé à travailler dans le domaine de l’emballage, puis de l’édition. Il s’est converti au catholicisme et, au lendemain de la rétrocession de Hong Kong à la Chine, il a été baptisé le 7 juillet 1997 par le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, alors évêque de Hong Kong.