Inde : durcissement du dispositif anti-conversion
Le Parlement d'Uttar Pradesh
L’Uttar Pradesh vient de renforcer sa loi anti-conversion. Une mesure qui inquiète profondément les communautés chrétiennes locales, en raison de l’intensification des mesures d’intimidation subies de la part des nations hindoues.
En Uttar Pradesh, Etat le plus peuplé d’Inde, vingt-huit chrétiens croupissent actuellement en prison pour de prétendues infractions à la loi anti-conversion. Un triste bilan qui risque de s’alourdir étant donné que le gouvernement local – dirigé par un religieux membre du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti nationaliste hindouiste au pouvoir – vient de durcir une législation dans laquelle les responsables chrétiens voient une « violation de la Constitution indienne ».
En 2019, France culture écrivait : « Attentats ciblés, emprisonnement sans motifs, émeutes inter-religieuses : en Uttar Pradesh, le nouveau pouvoir nationaliste hindou ose des recettes politiques pour le moins violentes. » Ce n’est donc pas sans raison que Le Monde titrait en 2020 : « L’Uttar Pradesh, laboratoire de l’extrémisme hindou. »
The Uttar Pradesh Prohibition of Unlawful Conversion of Religion Bill a été approuvé par les nationalistes hindous à une large majorité le 30 juillet 2024. Le texte prévoit des peines parmi les plus sévères, y compris la prison à vie, pour les conversions prétendues frauduleuses ou forcées.
Le Conseil national des Eglises en Inde (NCCI) – qui rassemble les représentants des différentes minorités chrétiennes – n’a pas tardé à prendre position contre la nouvelle loi : « Nous nous opposons à ce nouvel amendement car il enfreint les dispositions de la Constitution indienne.
« La conversion en elle-même n’est pas un crime, à moins qu’elle ne soit induite par une influence indue, une fausse déclaration ou une coercition, que seule la victime peut revendiquer », explique le NCCI dans un communiqué publié au début du mois d’août.
Les chrétiens déplorent également que la législation accorde un pouvoir élargi aux fonctionnaires – majoritairement aux mains du BJP – afin de cibler des individus ou des communautés particulières sur la base de leur appartenance à une minorité religieuse.
Aux yeux du NCCI, la nouvelle loi jette les bases d’une « intensification du harcèlement et de la criminalisation des pratiques religieuses pacifiques, y compris le baptême chrétien ». D’où l’appel de la minorité chrétienne au gouvernement local à « repenser cette loi », dans le sens de l’égalité et du respect dû à tous les citoyens d’Inde, quelles que soient leurs affiliations religieuses ».
Le P. Anand Mathew, prêtre catholique à Bénarès, cœur battant de l’Uttar Pradesh, ne cache pas ses craintes : « Le texte de loi est très inquiétant. Dans le passé, seule la victime ou ses proches pouvaient déposer une plainte auprès de la police. Maintenant, n’importe qui, avec une fausse plainte, peut mettre un chrétien derrière les barreaux et lui faire encourir la perpétuité. »
Après le revers partiel infligé par les électeurs au BJP, beaucoup espéraient un infléchissement de la politique autoritaire et radicale du premier ministre Narendra Modi. Les signaux envoyés par ce dernier depuis sa réélection montrent, au contraire, qu’il ne manifeste aucune volonté d’apaisement vis-à-vis des minorités religieuses.
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(Source : Asianews – FSSPX.Actualités)
Illustration : capture d'écran Youtube