Inde : le premier ministre assiste aux célébrations de Noël

Source: FSSPX Actualités

Le Premier ministre Narendra Modi en visite chez les évêques indiens

La Premier ministre, Narendra Modi, était présent pour la célébration de Noël au siège de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI), le 23 décembre 2024. Cependant, ce geste a suscité des réactions diverses dans la partie chrétienne du pays. Des voix se sont élevé pour dénoncer les persécution subies par les chrétiens dans le pays.

« Les enseignements du Christ célèbrent l’amour, l’harmonie et la fraternité. Il est important que nous travaillions tous à renforcer cet esprit. Cependant, je suis peiné lorsque des tentatives sont faites pour répandre la violence et perturber la société », a déclaré Narendra Modi lors de l’événement. Il a même dénoncé l’attentat contre un marché de Noël à Magdebourg, en Allemagne.

Il a enfin ajouté que la communauté chrétienne faisait partie de la nation et que l’Inde ne se développera et ne progressera rapidement que si chaque citoyen avance avec les autres, indépendamment de sa caste, de sa religion ou de sa situation financière.

Cependant, le mardi 31 décembre, plus de 400 dirigeants chrétiens et 30 groupes religieux ont adressé un appel public au président Murmu et au Premier ministre Modi, dénonçant au moins 14 incidents d’intolérance par des radicaux hindous contre les célébrations de Noël dans différentes parties du pays.

Les signataires de l’appel mêlent évêques évangéliques et méthodistes, ainsi que plusieurs jésuites. Des organisations hindutva ont ainsi perturbé des rassemblements chrétiens, interrompu une célébration, allant même jusqu’à « battre des femmes et des enfants », sous l’accusation de « conversions forcées ».

Le texte souligne la tendance alarmante à l’augmentation de l’intolérance et des actes hostiles. Les chiffres, encore incomplets pour 2024, parlent de 760 cas enregistrés par le Forum chrétien uni. Il note l’utilisation abusive des lois anti-conversion, les menaces croissantes contre les libertés religieuses, l’intensification des discours de haine et les politiques d’exclusion qui refusent aux chrétiens dalits le statut de minorité désavantagée.

Les dirigeants chrétiens exhortent également le Premier ministre à jouer un rôle visible dans la promotion de la paix et de la réconciliation au Manipur, où les violences ont fait plus de 250 morts, détruit 360 églises et déplacé des milliers de personnes depuis mai 2023.

A cette occasion, une opposition est apparue entre les signataires, qui estiment que « les gestes symboliques ne permettent guère de résoudre le problème de la haine générée à l’encontre de la communauté et de la violence ciblée, du harcèlement, des arrestations et des incidents d’ostracisme qui en résultent dans plusieurs régions du pays », visant l’accueil de Modi par la CBCI.

Les évêques se sont défendus en expliquant qu’il est important d’établir un dialogue avec la majorité hindoue de la nation. « Noël est une période où nous nous rassemblons pour célébrer le message de paix, d’amour et de bonne volonté que nous apporte la naissance de Jésus-Christ, le Prince de la paix. Ce rassemblement est un symbole puissant de l’unité et de l’harmonie qui définissent l’esprit de l’Inde. »

Mais il faut avouer que la suite permet de comprendre la réaction de l’Appel : « Monsieur le Premier ministre, votre vision d’une Inde unie et progressiste fait écho aux valeurs évangéliques d’inclusion et de service à tous », a déclaré l’archevêque Andrews Thazhath de Thrissur, de l’Eglise catholique syro-malabare.

Si l’on connaît la vision réelle de Narendra Modi et de son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP), dont l’hindutva – qui pourrait se traduire par « l’Inde aux hindous » – est l’idéologie première, il est plus qu’étonnant de parler d’écho aux valeurs évangéliques. Surtout si l’on se souvient que le Rashtriya Swayamsevak Sangh, lié au BJP est responsable de nombreuses exactions contre les chrétiens.