Invitation au dialogue entre religions aux Pays-Bas
Le 22 janvier, recevant le nouvel ambassadeur des Pays-Bas près le Saint-Siège, Monique Patricia Frank, venu lui présenter ses lettres de créance, Jean-Paul II a invité le peuple néerlandais au dialogue entre religions. Face aux défis de l’immigration et d’une société multiculturelle, après avoir rappelé que les Pays-Bas avaient affronté des tensions nouvelles "résultant de la transformation rapide" de la société, le pape a souligné "la nécessité et l’urgence d’un dialogue approfondi entre les différents groupes qui composent la nation" pour que tous apprennent à se connaître et à se respecter. A condition d’avoir une connaissance sereine des autres cultures, non conditionnée par des préjugés négatifs, "il sera possible d’établir entre les différentes communautés des relations pacifiques, afin de construire tous ensemble l’édifice commun de la nation."
"J’ai pris à nouveau l’initiative, a signalé Jean-Paul II, il y a maintenant près de trois ans (24 janvier 2002), de réunir à Assise des représentants des grandes religions du monde". Il a ainsi rappelé qu’il les avait invités à "susciter un dialogue approfondi entre toutes les religions" et à "renoncer absolument à toute légitimation du recours à la violence pour des motifs religieux et plus encore de le condamner explicitement."
Monique Patricia Frank avait préalablement rappelé que son pays "connu pour sa tolérance et son accueil de nombreux étrangers, immigrants, réfugiés politiques et demandeurs d’asiles" avait été frappé, en 2002, par le meurtre du dirigeant populiste Pim Fortuyn et l’assassinat, en novembre 2004, du cinéaste Theo Van Gogh, suivi d’incendies d’églises, de mosquées et d’écoles.
Dans son allocution, l’ambassadeur avait aussi souligné les efforts de son pays dans la lutte contre le sida et la prévention de la maladie, au Pays-Bas et également en Afrique. Le pape lui a précisé la position du Saint-Siège qui "considère qu’il est nécessaire avant tout, pour combattre cette maladie de façon responsable, d’accroître la prévention, notamment à travers l’éducation au respect de la valeur sacrée de la vie et la formation à la pratique correcte de la sexualité, qui suppose chasteté et fidélité." "A ma demande, a ajouté Jean-Paul II, l’Eglise s’est mobilisée elle aussi en faveur des victimes et spécialement pour que leur soit assuré l’accès aux soins et aux médicaments nécessaires, à travers de nombreux centres de traitement."
Alors que les Pays-Bas ont exercé la présidence de l’Union européenne jusqu’au 31 décembre 2004, le pape a précisé au nouvel ambassadeur son encouragement à l’égard du projet européen "comme un apport constructif à la paix sur le continent lui-même mais aussi au-delà, le considérant comme une perspective de coopération pour d’autres régions du monde." Ainsi, Jean-Paul II a renouvelé son appel aux gouvernements de l’Union européenne à "déployer ensemble de nouveaux efforts en faveur du développement notamment de l’Afrique, continent voisin et devenu si proche de l’Europe par les liens de l’histoire, en développant des accords de véritable coopération et de partenariat."
Jean-Paul II a ensuite noté que la société néerlandaise, marquée par le phénomène de la sécularisation, s’est engagée dans une politique nouvelle en matière de législation concernant le commencement et la fin de la vie humaine. Soulignant une fois encore l’attachement du Saint-Siège au respect absolu de la personne humaine, de sa conception à sa mort naturelle, le pape a invité les autorités et le personnel médical, ainsi que toutes les personnes qui exercent un rôle éducatif, "à mesurer la gravité de ces questions et donc l’importance des choix qu’ils engagent, afin de bâtir une société toujours plus attentive aux personnes et à leur dignité."
Enfin, le souverain pontife a souligné l’engagement de la communauté catholique des Pays-Bas, l’encourageant à être "particulièrement attentive à promouvoir chaque jour le dialogue entre les personnes comme entre les groupes qui composent la société, notamment dans les grandes agglomérations urbaines, où la complexité des relations humaines peut engendrer de grandes solitudes." Il a enfin appelé l’Eglise catholique du pays à "se mettre sans réserve au service des plus faibles, souvent marginalisés dans les sociétés modernes marquées par la compétition économique et sociale."