Irak : Les milices islamistes s’emparent du nord du pays

Source: FSSPX Actualités

Des combattants de l'EIIL à Ramadi, en mars dernier.

Le 10 juin 2014, les miliciens de « l’Etat islamique d’Irak et du Levant » (EIIL), formation djihadiste sunnite sévissant en Irak et en Syrie, ont pris Mossoul, deuxième ville d’Irak, ainsi qu’une grande partie de la province de Ninive dans le nord du pays. L'agence vaticane Fides annonce le même jour que les chrétiens qui ne sont pas parvenus à fuir Mossoul, située à environ 300 km au nord de Bagdad, sont désormais contraints de rester à leur domicile, entre le couvre-feu et les coupures continuelles d’eau et d’électricité. D’après un article du quotidien français Libération publié le 24 juin sur son site internet, l’EIIL a ordonné aux centaines de chrétiens résidant encore dans la ville de payer le « jizya », impôt spécial dit « de capitation », qui leur confère un statut de citoyen de seconde zone. « Ils ont le choix entre payer, se convertir ou s’en aller », explique le P. Issa Tahir, ajoutant que deux églises de Mossoul, l’une du Saint-Esprit qui appartient à l’Eglise chaldéenne, et l’autre en construction pour la communauté arménienne ont été complètement vandalisées. D’après Libération, une statue de la Vierge, au sommet d’une église, a également été détruite.

A 28 km de Mossoul, les miliciens islamistes, qui avaient pris d'assaut la ville de Qaraqosh, dans la Plaine de Ninive, ont été repoussés le 25 juin par les miliciens kurdes, les « Peshmergas », venus du Kurdistan irakien.

L’agence Assyrian International News Agency précise le 26 juin que la plupart des chrétiens assyriens, au nombre d’environ 50.000, se sont alors réfugiés dans les villes voisines, à Arbil, Dohuk, Alqosh, Tel Kepe, Telsqop et Ankawa. « Les églises et les monastères sont bondés de réfugiés chrétiens : la situation sanitaire y est déplorable ».

Le 27 juin Fides rapporte les propos de l’archevêque syro-catholique de Mossoul, Mgr Yohanna Petros Moshe, sur la situation dramatique des chrétiens dans cette nouvelle explosion des conflits : « Qaraqosh et les autres villes de la Plaine de Ninive ont été longtemps des lieux de paix et de coexistence pacifique. Nous, les chrétiens, nous sommes désarmés et, nous n’avons alimenté aucun conflit avec les sunnites, les chiites, les kurdes, ni avec les autres entités qui forment la nation irakienne. » L’archevêque appele « les responsables politiques du monde entier », « organismes internationaux » et « tous les hommes de bonne volonté » à « intervenir tout de suite », précisant que « le monde ne peut pas fermer les yeux devant le drame d’un peuple entier qui a fui ses maisons en quelques heures, n’emportant avec soi que les vêtements qu’il avait sur lui. »

Après l’offensive des forces islamistes dans le nord du pays, Marc Fromager, directeur de l’Aide à l’Eglise en Détresse en France (AED), déclarait le 26 juin : on a « parlé de guerre entre musulmans sunnites et chiites. A la fin, c’est quand même les chrétiens qu’on vise ! »

(Sources : apic/fides/aed/libération/christianophobie.fr – DICI n° 298 du 04/07/14)

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