Irak : nouvelle vague d’exode des chrétiens

Un exode brutal et massif : 6 août 2014

Le patriarche Sako rappelle dans les colonnes de l’Agence Fides : « C’est une tragédie collective qui reste gravée dans les esprits. Certes, Isis a été vaincu, mais son idéologie reste forte » et dans de nombreux pays, jusqu’en Afrique. L’expulsion s’est faite en pleine nuit par les djihadistes : les chrétiens « ont été contraints de quitter immédiatement leurs maisons et tous leurs biens ».

« Des familles entières ont été jetées hors du lit par des haut-parleurs : les gens ont été obligés de fuir en pyjama », a raconté un témoin ; ils « ont dû tout laisser derrière eux, même leurs chaussures et ont été conduits de force vers la zone du Kurdistan », cite toujours Fides. Au total, rappelle le média « environ 120 000 chrétiens ont quitté la plaine de Ninive cette nuit là ».

Depuis, rappelle le cardinal Sako, « seuls 60% des chrétiens sont revenus ». Mais, poursuit-il, « l’exclusion du travail pour cause de sectarisme, la loi sur le statut personnel, et notamment l’islamisation des mineurs lorsque l’un des parents devient musulman, font que les chrétiens n’ont plus foi en l’avenir ».

Il faut aussi compter sur « la situation actuelle préoccupante au Moyen-Orient et la crainte d’une guerre totale », qui a entraîné « l’émigration de plus d’un million de chrétiens à l’étranger, réduisant considérablement leur nombre en Irak : on estime que 100 familles chrétiennes quittent l’Irak chaque mois », conclut le patriarche chaldéen.

Le retour d’Isis et l’augmentation des attentats

Le site Asianews a consacré au mois de juillet un article sur le retour d’Isis en Irak et la multiplication des attentats dans ce pays : « au cours des six premiers mois de l’année [2024], l’Etat islamique a déjà mené 153 opérations et tenterait de se “reconstruire” ». D’après les renseignements américains, un retour de l’Etat islamique, à l’occasion du dixième anniversaire de son avancée, est à craindre.

Un autre élément consiste dans « l’amnistie générale des milices kurdes – soutenues par les Etats-Unis – dans le nord-est de la Syrie, qui a conduit à la libération de djihadistes présumés ou d’affiliés d’Isis », note Asianews. Même si les combattants les plus dangereux ne seront pas libérés, « la crainte demeure qu’une libération massive n’alimente à nouveau » Isis.

Un nouvel exode des chrétiens d’Irak

Le site Catholic News Agency (CNA) titre quant à lui : « Les chrétiens irakiens quittent à nouveau leur patrie », notant que « de nombreuses familles fuient le pays, cherchant refuge dans les pays voisins pour une halte temporaire avant de partir vers des destinations lointaines comme l’Australie », confirmant les propos du patriarche Sako.

Le site publie un entretien paru dans ACI Mena, partenaire de CNA en langue arabe, donné par Basma Azuz : « L’émigration reflète un conflit profond entre l’identité et la patrie d’une personne et la recherche de la sécurité et des droits. (…) C’est parfois le seul moyen de s’assurer un avenir meilleur. »

Mme Azuz attribue « la poursuite de l’émigration depuis l’Irak à des facteurs sociaux, économiques, sécuritaires et politiques, en plus de la crainte de la persécution de l’Eglise ». Certes, « la visite du pape François avait apporté une lueur d’espoir temporaire. Mais, l’aggravation de la situation et l’incapacité du gouvernement à tenir ses promesse ont ravivé le désir d’émigrer chez les chrétiens. »

CNA conclut que « la vague d’émigration chrétienne n’a épargné aucune ville d’Irak, y compris celles de la région du Kurdistan, réduisant la présence chrétienne à une quasi-extinction. Les statistiques non-officielles de la Fondation Shlama (…) confirment que l’Irak a perdu près de 90% de ses chrétiens au cours des deux dernières décennies. »