En Irlande du Nord, l’Eglise condamne la loi sur l’avortement
Les évêques d’Irlande du Nord ont tiré profit de la consultation entreprise par le Parlement britannique auprès de la société civile irlandaise, suite à la loi imposée de Londres sur l’avortement en octobre dernier. Ils ont répondu par une vigoureuse protestation.
Le nouveau dispositif législatif - qui légalise également les unions civiles entre personnes de même sexe - avait été adopté par le Parlement britannique de Westminster, étant donné la vacance du gouvernement nord-irlandais depuis janvier 2017.
Une loi mauvaise n’est pas une loi
Les évêques commencent par poser le fondement de leur protestation : « Un droit civil qui légitime le meurtre direct et intentionnel d’êtres humains innocents par le biais de l’avortement ne tient pas compte de leur droit inviolable à la vie. En cherchant à établir des règlements et des procédures pour faciliter le meurtre d’enfants à naître, que la société existe pour protéger et soigner, une telle loi porte atteinte au bien commun et à l’égalité de toutes les personnes devant la loi. Par conséquent, cette loi ne peut être considérée comme ayant une quelconque validité juridique authentique ou une quelconque force morale contraignante.
Pour cette raison, nous, les évêques catholiques d’Irlande du Nord, souhaitons préciser que la nouvelle loi sur l’avortement, établie en vertu des dispositions de la loi de 2019 sur l’Irlande du Nord, est une loi injuste. En conséquence, personne n’est obligé en conscience de coopérer à toute action autorisée par cette loi qui conduit directement et intentionnellement au meurtre d’un enfant à naître. En effet, toute personne est moralement obligée de s’opposer à cette loi par objection de conscience. »
La position est sans ambiguïté. Il aurait toutefois été plus juste et plus fort de rappeler que la loi naturelle citée ici s’appuie sur la loi divine : il faut la rapporter à Dieu qui nous l’a donnée.
L’objection de conscience
Comme conséquence directe, les évêques réclament l’objection de conscience pour tous ceux qui s’opposent à ce crime, rappelant qu’il « sont obligés en conscience de ne pas coopérer formellement aux services d’avortement, même si la législation civile le permet ». Ils en profitent pour rappeler que cette objection existe dans le droit britannique depuis 1990.
Ils étendent cette objection aux pharmaciens – tant ceux qui travaillent dans les hôpitaux que ceux qui pratiquent en officine. Et ils affirment même qu’un médecin ne saurait orienter quiconque vers un autre professionnel de santé qui pratiquerait l’avortement, estimant qu’il s’agirait alors d’une coopération illicite.
Enfin ils demandent une protection pour l’ensemble des objectants, afin qu’ils ne soient pas soumis à des pressions, ni qu’ils soient exclus de certaines carrières.
Un plan social
Les évêques ajoutent encore, même s’ils ne sont pas consultés sur ce point, que l’on devrait plutôt mettre en place des services pour encourager les femmes à poursuivre leur grossesse par des aides diverses. Il est bien connu que divers facteurs influencent la décision d’un avortement : les pressions de l’entourage voire les menaces, la pauvreté, les difficultés de logement, l’ignorance des conséquences.
Ils font encore remarquer que le document ne fait aucune mention des risques encourus, à court ou à long terme, alors que ceux-ci sont de mieux en mieux connus, comme le syndrome post-avortement qui mène à divers troubles psychiques, voire psychiatriques.
Une solution politique en vue ?
Londres tiendra-t-elle encore longtemps les rênes de la politique régionale ? Rien n’est moins sûr : lors des élections législatives du 12 décembre 2019, les Irlandais du Nord ont, pour la première fois, élu davantage de députés républicains-nationalistes que de députés unionistes (pour le maintien dans le Royaume Uni). Ce qui ouvre la voie à un référendum pour la réunion des deux Irlande.
Cependant, cette réunion ne résoudrait rien du côté de l’avortement, au contraire. En effet, tandis que, dans l’état actuel des choses, les partis nord-irlandais – globalement tous opposés à l’avortement – peuvent encore essayer de bloquer les décrets d’application de la loi ; en revanche, en cas de réunion, il faut se rappeler que l’Irlande du sud ou Eire, a voté une loi sur l’avortement le 13 décembre 2018...
(Source : La Croix/catholicbishops.ie - FSSPX.Actualités - 04/01/2020)