Israël : Les chrétiens condamnés à la clandestinité
Malgré les promesses faites jusqu’ici au Vatican, Israël n’a toujours pas octroyé un statut juridique qui garantirait notamment les propriétés chrétiennes et l’existence des communautés chrétiennes. Après des protestations auprès de diplomates, la situation s’est arrangée cette année pour l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem, dont la survie était menacée par le refus des visas pour ses étudiants.
"Cela fait plus de dix ans que la commission bipartite mise sur pied par le Saint-Siège et l’Etat d’Israël pour préciser le statut juridique des communautés chrétiennes se réunit sans aucun résultat… En reconnaissant Israël, on pensait obtenir de la bonne volonté de la part d’Israël, mais on a été visiblement d’une naïveté incroyable", note un responsable religieux à Jérusalem.
Le Père David Jaeger, un franciscain d’origine juive, fait partie de la commission bipartite. Il est amer, et demande que la communauté internationale fasse pression sur les autorités israéliennes : "C’est une situation hallucinante, le problème est très grave et les promesses faites jusqu’ici par les hauts responsables du gouvernement n’ont pas été tenues", déclare-t-il à l’agence AsiaNews, reprise par l’Apic. Ce religieux, porte-parole de la Custodie franciscaine de Terre Sainte, dénonce les graves problèmes provoqués par les restrictions persistantes imposées par les autorités israéliennes à la délivrance de visas d’entrée et au renouvellement des permis de séjour aux personnels ecclésiastiques et aux religieux œuvrant en Israël.
Cette situation, déjà décrite il y a un an dans un rapport rédigé par la Commission ad hoc instituée par l’Assemblée des Ordinaires de Terre Sainte, concerne désormais plusieurs dizaines de prêtres, de religieux et de religieuses, qui vivent dans des conditions de clandestinité, bien qu’ils soient présents depuis des années en Israël ou dans les Territoires occupés.
C’est la première fois, depuis près de 50 ans, que le gouvernement israélien refuse ces dernières années le renouvellement des visas à des religieux, religieuses et séminaristes. A ce jour, les appels des responsables de l’Eglise catholique lancés aux autorités israéliennes ont été inutiles, car celles-ci n’ont fait que de vagues promesses, note le Père Jaeger.
"Face aux difficultés que doivent affronter les chrétiens locaux, il n’y a jamais une parole pour eux de la part de ceux qui ici devraient les consoler ; ils ne comprennent pas le silence du représentant du Vatican sur place… Pourquoi n’y a-t-il pas de dénonciation de la part du nonce, jamais une parole forte, c’est choquant", relèvent plusieurs interlocuteurs. C’est, peut-on entendre auprès de maints responsables chrétiens à Jérusalem, un sentiment de "tristesse et de frustration" qui domine désormais chez les chrétiens locaux qui se sentent abandonnés.