Italie : Campagne de presse contre "La Passion" de Mel Gibson - 2004

Source: FSSPX Actualités

Après Le Monde, La Croix du 18 février (2004) se fait l’écho complaisant des quotidiens italiens qui ont tiré à boulets rouges sur La Passion du Christ de Mel Gibson, à l’issue d’une avant-première aux Etats-Unis où le film doit sortir le 25, pour le Mercredi des Cendres.

 

"Quelles sont les raisons qui ont fait dépenser à Gibson 25 millions de dollars pour financer et défendre un film sur les dernières heures de Jésus, en les racontant avec la sensibilité d’un boxeur poids lourd décidé à détruire le visage de l’adversaire sur le ring des religions ?" s’interrogeait La Repubblica.

Et La Croix de commenter : "En Italie, comme aux Etats-Unis, tous ceux qui l’ont vu ont souligné la violence du film (la brutalité de Braveheart, première réalisation de Mel Gibson, avait, de la même manière, marqué le public). Mais c’est surtout à l’accusation d’antisémitisme qu’il doit répondre.

L’hostilité des organisations juives vis-à-vis du film est connue depuis des mois. Elles ont obtenu, selon le New York Times du 4 février, que soit retirée la phrase de la foule de Jérusalem à Pilate : "Que son sang soit sur nous et sur nos enfants" (Matthieu 27, 25) ; mais elles n’auraient visiblement pas réussi à avoir gain de cause pour qu’un post-scriptum figure à la fin du film, demandant au public de ne pas voir cette œuvre comme un vecteur de haine. Face à cette polémique, l’Eglise catholique américaine profite des manifestations du 40ème anniversaire du décret Nostra aetate de Vatican II pour rappeler son engagement dans la lutte contre l’antisémitisme".

La soi-disant objectivité du quotidien dit chrétien lui interdit de citer les avis contraires. Et pourtant ils ne manquent pas ! Ainsi cet entretien dans Il Giornale du 17 février où Monsignor Augustin Di Noia, sous-secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, bras doit du cardinal Ratzinger pour l’Amérique, déclare que La Passion du Christ est une fidèle transposition du récit évangélique.

Ainsi le remarquable article de Vittorio Messori dans le Corriere della Sera, également du 17, où l’on apprend que le film sortira mercredi prochain dans 2000 salles américaines, 500 salles anglaises, et autant en Australie, et que selon les parieurs professionnels il devrait récupérer dès la première semaine son coût de production de 30 millions de dollars (et non pas 25).

Les Italiens pourront le voir à partir du 7 avril, pendant la Semaine Sainte. Pour la France, on parle du mois de juin … s’il y est distribué, car - selon La Croix – "la branche distribution d’Europa Corp, maison fondée par Luc Besson, s’était mise sur les rangs pour acquérir les droits du film, mais elle a annoncé hier (mardi 17) y avoir finalement renoncé, sans qu’aucun autre distributeur se soit déclaré pour l’instant. "Au vu de la polémique que le film suscite, le milieu n’est pas très chaud…", commentait-on à Europa Corp."

Outre le dossier de Fideliter de janvier-février et l’article de Michèle Reboul dans Monde et Vie du 29 janvier, on peut se reporter à l’entretien avec Daniel Hamiche dans Pacte du 31 janvier où le fondateur de l’association "Pro Passio" tient ces propos éclairants :

"Les critiques proviennent le plus souvent aux Etats-Unis de trois secteurs : à Los Angeles, sur la Côte Ouest, le Simon Wisenthal Center, autour du rabbin Marvin Heir s’était donné pour tâche de poursuivre la chasse aux nazis. Il s’est spécialisé aujourd’hui dans les attaques contre le film de Gibson… De l’autre côté, sur la Côte Est donc, à New York, l’Antidefamation League of B’nai B’rith a solennellement mis en garde contre la diffusion du film. (…) Il faut ajouter à ces deux organisations bien connues une fraction agissante de la Conférence des évêques catholiques aux Etats-Unis, la commission qui sous l’autorité du cardinal Keeler, archevêque de Baltimore, s’occupe de l’œcuménisme en général et des relations avec le judaïsme tout spécialement. Particulièrement en pointe, le Dr Fisher, un laïc, secrétaire du bureau. Les positions de cet apparatchik sont bien connues. Elles expliquent en partie les réticences du bonhomme face au film : selon lui, la première alliance (avec Israël) est toujours valide. L’Eglise n’a donc pas de mission vers les juifs, mais il y a une mission des catholiques avec les juifs vers le monde… Le film The Passion ne s’intègre sans doute pas à ce schéma…" (Pacte, un an : 23 € à l’ordre de Certitudes, 23 rue des Bernardins - 75005 Paris)

Toujours est-il que la pré-vente des billets laisse espérer "non pas un succès, non pas un triomphe, mais un véritable ouragan", selon les responsables de la société indépendante de distribution New market chargée d’assurer l’exploitation du film, alors que tous les grands distributeurs – Paramount, Universal, Miramax – impressionnés par la campagne de dénigrement ont déclaré forfait.