Italie: Point de vue du patriarche de Venise sur les problèmes de la société contemporaine

Source: FSSPX Actualités

 

Dans un entretien accordé au magazine italien Panorama, daté du 24 février, le patriarche de Venise déplore la décroissance démographique occidentale face au monde musulman. Le cardinal Angelo Scola - dont trois prédécesseurs ont été papes et qui est présenté par la presse comme papabile au prochain conclave - a regretté la "décroissance démographique occidentale" face à la croissance prolifique des musulmans, estimant qu’elle est un "fait très grave en soi". "Je fais mien le terrible jugement du poète et auteur britannique Thomas S. Eliot (1888-1965), selon lequel ‘nous sommes des hommes empaillés’", ajoutant : "Il est vrai que nous, les Européens, sommes un peu empaillés".

 Répondant à la question de savoir s’il pourrait exister une volonté musulmane de soumettre l’Europe, le patriarche de Venise estime qu’on ne peut pas "réduire tout un monde - divers et formé d’un milliard d’individus - à une lecture de ce genre". A l’origine de la récente publication d’une revue sur le dialogue avec l’islam, Oasis, le cardinal Scola désire que "la rencontre" avec les musulmans "ne se transforme pas en opposition". S’exprimant sur les terroristes qui disent être les représentants du véritable islam, le prélat les qualifie de "contre-témoignages". Pour lui, "les bombes humaines représentent une caricature inacceptable du martyre". "Le fondamentalisme naît quand l’idéologie se fait le parasite de la religion". "L’attitude de l’Eglise est une chose, celle de l’autorité civile en est une autre, et autre encore celle de la société". "Si 250 clandestins débarquent sur une plage, mon premier geste est de les aider", déclare-t-il, regrettant néanmoins l’attitude du gouvernement, qui "s’en tient à la politique sur l’immigration qui a été adoptée au niveau européen".

S’exprimant par ailleurs sur les couples homosexuels, pour lesquels un statut juridique et des garanties nécessaires sont à l’étude en Italie, le cardinal Angelo Scola estime qu’il est urgent "d’amener les personnes à la redécouverte de la beauté du mariage entre homme et femme, ouvert à la vie". "Je ne vois pas pourquoi, dans une période de transition et de réflexion, on devrait affaiblir le concept limpide de famille", souligne-t-il, ajoutant que "les meilleurs juristes affirment que les lois actuelles permettent de respecter tous leurs droits et de répondre à toutes leurs demandes" (des homosexuels, ndlr).

 Interrogé d’autre part sur la contradiction d’un pape très aimé, mais qui ne semble pas écouté sur les questions morales, le patriarche de Venise a voulu rappeler "le jugement de Paul VI", selon lequel il y a "une scission entre la foi et la vie". Pour le cardinal Scola, elle s’explique "en partie par la fragilité de l’homme et en partie par notre incapacité à offrir un témoignage personnel convaincant". Il s’est alors exprimé sur son célibat et celui des prêtres en général, assurant que "cette tradition de l’Eglise latine est un idéal à conserver".

 Enfin à propos du prochain référendum italien visant à modifier la loi sur la procréation assistée, le cardinal Scola s’est aligné sur les propos du cardinal Ruini, invitant à l’abstention. "La position du président a rencontré l’unanimité du conseil permanent de la Conférence épiscopale", a-t-il déclaré. "Cela me semble un engagement intelligent et décisif". Pour lui, "il ne s’agit pas d’élections politiques" mais d’un "référendum abrogatif, qui prévoit l’abstention comme une modalité pour se prononcer". "Les catholiques n’ont pas demandé ce référendum", a-t-il affirmé. "On ne peut pas affadir trivialement la défense de la vie sur un ’oui’ ou un ’non’", ajoutant qu’"il n’y a pas de conflit entre la foi et la biologie sur la fécondation".     

Ces derniers jours, les prises de position se sont multipliées en faveur d’une abstention lors du prochain référendum. Parmi elles, le cardinal Tarcisio Bertone, archevêque de Gênes, qui "conteste un référendum qui se fonde sur le mensonge". De même, pour le secrétaire du Tribunal suprême de la Signature apostolique, Mgr Velasio De Paolis, il faut "apprendre à défendre les valeurs absolues comme l’ont fait les Américains lors du référendum sur la bioéthique". Pour lui, "il suffit de voir le pouvoir des groupes de pression sur les médias, où les mariages homosexuels qui concernent seulement 4% de la population ont plus d’espace que la bioéthique qui intéresse chaque citoyen". "La dictature de la minorité menace la démocratie", a-t-il souligné.

Le 19 février, des associations et mouvements catholiques ont annoncé leur adhésion au comité "Science et vie pour la loi 40/2004", se mobilisant ainsi pour l’abstention au référendum prévu au printemps 2005. Ce comité est composé de 110 personnalités du monde scientifique, culturel, professionnel, politique et associatif. 150 hebdomadaires diocésains italiens ont déjà appelé à l’abstention.