Jérusalem : deux hôtels acquis par les ultra-orthodoxes dans la vieille ville
Vieille ville de Jérusalem : au premier plan, le toit d’un des deux hôtels
Après deux décennies de bataille juridique, le patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem, situé en vieille ville, vient de perdre deux biens fonciers, au profit de l’organisation juive ultra-nationaliste Ateret Cohanim qui œuvre pour la création d’une majorité juive dans la vieille ville et les quartiers arabes de Jérusalem-Est.
La Cour suprême israélienne a validé, le 8 juin au soir, l’acquisition de biens fonciers de l’Eglise grecque-orthodoxe dans la vieille ville de Jérusalem par une association de colons israéliens. Après vingt ans de procédures, l’organisation ultra-nationaliste juive Ateret Cohanim (“Couronne des prêtres”) est désormais autorisée à occuper deux hôtels localisés dans les quartiers chrétiens et musulmans de la vieille ville.
Une menace physique, religieuse et culturelle
Pour Mgr William Shomali, vicaire du Patriarcat latin de Jérusalem, la perte de ces propriétés va modifier l’aspect du quartier chrétien de Jérusalem-Est. « Les deux hôtels situés dans notre quartier peuvent accueillir des centaines de colons, armés et parfois violents. Ils peuvent, à tout moment, arrêter la circulation du quartier chrétien ou les processions religieuses qui y passent », avertit-il.
Une menace physique, religieuse et culturelle à venir dont les Palestiniens chrétiens seront les premières victimes. « Nous ne voulons pas que notre quartier soit contrôlé par les colons. Pour nous, c’est comme si nous achetions deux grands hôtels au centre de Mea Shearim [quartier juif ultra-orthodoxe de Jérusalem-Ouest, NDLR]. Chacun doit avoir son espace pour respirer », insiste-t-il.
Mgr Shomali reconnait « une faiblesse de la part du patriarcat orthodoxe », dont les employés auraient reçu des « pots de vins » en 2004, les poussant à signer avec Ateret Cohanim la vente des deux hôtels. Le vicaire patriarcal de Jérusalem signale une « sympathie de la Cour israélienne envers les colons », qui a fait de cette question juridique une bataille perdue d’avance.
Judaïsation de la vieille ville
Des colons d’Ateret Cohanim avaient déjà pris possession, le 26 mars 2022, d’une partie de l’hôtel Petra, sans qu’un ordre d’éviction n’ait été émis, et alors que l’affaire n’était pas encore tranchée par la Cour israélienne. Pour le Patriarcat grec-orthodoxe, la décision du 8 juin dernier est « injuste » ; elle entérine des méthodes « malhonnêtes et illégales » de la part des colons, dans l’un des endroits les plus symboliques de la présence arabe musulmane et chrétienne de Jérusalem.
Mgr Shomali dénonce un mouvement de judaïsation de la vieille ville, déjà entamé ces dernières années. L’entrée du quartier chrétien, où passe la route de la Porte Neuve, serait à titre d’exemple devenu « un bar à ciel ouvert ». Les Israéliens y vont et viennent « pour boire une bière ou un café », souligne-t-il, visant à transformer l’un des rares espaces réservés aux chrétiens palestiniens.
Nécessité de garanties internationales
Mgr Shomali demande que le statut de Jérusalem soit protégé, de sorte que les communautés et tous les pèlerins puissent y circuler paisiblement. « Jérusalem doit être une ville ouverte à tous, avec des droits égaux pour toutes les communautés, où chacune respecte l’autre », exige-t-il.
Les communautés chrétiennes ont aujourd’hui besoin de garanties internationales pour protéger le statut particulier de Jérusalem. « L’absence de telles garanties a mené à la victoire des colons », affirme Mgr Shomali.
La justice israélienne doit encore trancher sur un autre volet de cette bataille juridique, concernant le sort des résidents palestiniens qui ont le statut de « locataires protégés », selon Assaad Mazzawi, avocat du patriarcat grec-orthodoxe.
(Source : Vatican News/Wikipédia – FSSPX.Actualités)
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