Kazakhstan : le pape se rend à un Congrès des religions (2)

Source: FSSPX Actualités

Le pape François salué par Ahmed el-Tayeb, grand imam d’al-Azhar, signataire du Document sur la fraternité humaine

Les 14 et 15 septembre, le VIIe Congrès des chefs spirituels des religions mondiales et traditionnelles s’est tenu à Nour Sultan, la capitale du Kazakhstan, auquel participait le pape François qui avait tenu à faire le déplacement. Le premier article a décrit cet événement et l’impossibilité pour un catholique de s’y rendre.

Il a été déjà dit combien la Déclaration finale était indigente, mais surtout ne marquait pas un véritable consensus, restant dans des généralités sur des points qui, concrètement, ne sont pas acceptés de la même manière par les divers participants.

Il y a un point particulier qui mérite d’être souligné, car il reprend et aggrave le Document sur la fraternité humaine d’Abou Dhabi.

Retour sur le Document sur la fraternité humaine d’Abou Dhabi

Son titre complet est Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et le vivre ensemble qui a été signé par le Saint-Siège et l’université Al-Azhar, et a été ensuite adopté par l’Assemblée générale des Nations unies (ONU) le 21 décembre 2020.

Il a été l’objet de plusieurs commentaires sur le site FSSPX.Actualités. Mais l’une des propositions qui avait le plus soulevé de protestations était la suivante : « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains. »

Il s’agit d’une erreur grave – d’une hérésie – et d’un blasphème : attribuer à la sagesse divine les fausses religions, c’est attribuer à Dieu l’erreur et le mal.

Après avoir été par deux fois averti, en particulier par Mgr Athanasius Schneider, le pape avait fini par dire, à deux reprises, qu’il s’agissait de la « volonté permissive » de Dieu.

Il faut expliquer : selon la théologie, Dieu veut le bien, et tout ce qui est bon vient de cette volonté de Dieu, mais il « permet » le mal. Ainsi, tout ce qui est mauvais est seulement permis par Dieu, qui ne veut jamais le mal.

Cette explication n’était pas entièrement satisfaisante, et elle vient en sus, de subir un grave démenti.

La déclaration des participants au Congrès des leaders religieux

Il faut noter que, dans son préambule, les participants au congrès « respectent la richesse de la diversité religieuse et culturelle ». Si la richesse culturelle ne pose pas de difficultés, la richesse religieuse en pose une grave. Car la seule “richesse” religieuse, c’est notre Grand Prêtre, Jésus-Christ et l’Eglise qu’il a fondée. Il n’y en a aucune autre. Ceci éclaire la suite.

Il faut remarquer aussi qu’il y a une différence entre le texte lu devant les congressistes, et le texte imprimé, comme l’explique InfoCatolica.

La version lue est la suivante : « Nous notons que le pluralisme en termes de différences de religion, de couleur de peau, de sexe, de race et de langue sont des expressions de la sagesse de la volonté de Dieu dans la création. Par conséquent, toute tentative de coercition envers une doctrine religieuse particulière est inacceptable. » Ce qui est un décalque du document d’Abou Dhabi.

Le texte imprimé dit en revanche : « Nous notons que le pluralisme en termes de différences de couleur de peau, de sexe, de race, de langue et de culture sont des expressions de la sagesse de Dieu dans la création. La diversité religieuse est permise par Dieu et, par conséquent, toute coercition envers une religion et une doctrine religieuse particulières est inacceptable. »

Une erreur aggravée

Par rapport au document d’Abou Dhabi, l’erreur est devenue encore plus grave.

Il y a d’abord une inconséquence logique de passer des différences « de couleur de peau, de sexe, de race, etc. » à la religion. C’est ce qui se nomme un sophisme de la fausse conséquence. La conclusion n’est pas contenue dans les prémisses.

Un deuxième point est que le terme anglais employé pour « sexe » est « gender ». Terme qui peut se traduire ainsi, mais qui peut tout aussi bien, surtout dans le contexte actuel, se traduire par « genre », au sens actuel. Ce qui donne une portée très spéciale au texte.

Mais le plus grave est de dire que « la diversité religieuse est permise par Dieu et, par conséquent, toute coercition envers une religion et une doctrine religieuse particulières est inacceptable ».

Tout d’abord parce que « la diversité religieuse » inclut la seule vraie religion, la religion catholique. Plusieurs possibilités sont à considérer.

– Soit, et c’est ce qui apparaît comme la pensée des rédacteurs, le terme « permis » est à prendre pour « voulu », ce qui est gravement erroné.

– Soit il veut bien dire « permis », mais il faut noter que le catholicisme est inclus dans cette diversité. Il ne lui est nullement fait une place à part. Et puisque « permis » renvoie au mal, le catholicisme est considéré comme mauvais.

– Enfin, quand bien même le catholicisme ne serait pas inclus, ce qui semble totalement hors de propos, il reste que, puisque « permis » désigne un mal, il est profondément erroné de dire que celui-ci ne peut être combattu.

Même si l’on doit parfois renoncer à le combattre, cela ne peut être que dans le cas d’une prudente tolérance, afin d’éviter un mal plus grand. Mais en aucun cas on ne peut lui reconnaître un droit à l’immunité qui n’est dû qu’au bien.

Ainsi, quelle que soit la manière dont le texte puisse être compris, il est profondément erroné. Et il a été adopté et signé par le pape François.

Mais pouvait-il en être autrement dans un tel Congrès ? Inexorablement, ce dialogue interreligieux amène à la création d’une religion mondiale unique, qui n’a plus rien à voir avec l’Eglise catholique fondée par Jésus-Christ, vrai Fils de Dieu.