La Bible et les découvertes modernes (3) : le papyrus “P52”, triomphe du Christ-Roi
Tout ce qui arrive dépend de la Providence divine. Les découvertes dont nous parlons en font partie : elles sont providentielles, car elles illustrent la foi et aident les incroyants à faite confiance à la Bible et à l’Eglise. Mais certaines d’entre elles sont manifestement voulues de Dieu pour encourager ses fidèles serviteurs et confondre ses ennemis : c’est le cas du papyrus P52
Qu’est-ce qu’un papyrus ?
Par « papyrus » est désigné le support écrit du texte biblique. En effet, avant l’utilisation du parchemin, beaucoup plus résistant et pratique, l’Antiquité usait du papyrus, un roseau qui pousse en abondance en Egypte, sur les bords du Nil. Le principe de fabrication consiste à superposer de fines lamelles découpées dans la tige de la plante, qui sont entrecroisées et pressées pendant le séchage. Mais ce support est fragile et résiste mal au temps. Il est exceptionnel de découvrir autre chose que de simples fragments.
Ajoutons que le papyrus pouvait ne consister qu’en une feuille unique, pour recueillir des textes courts. Ou bien des feuilles cousues bout à bout et enroulées pour constituer un cylindre ou rouleau. Et enfin, mais plus tardivement, en feuilles reliées ensemble pour former un codex, l’ancêtre de notre livre.
Les papyri bibliques du Nouveau Testament sont classés par ordre chronologique de découverte et notés par un P suivi d’un exposant. Le P52 a été acquis par la bibliothèque John Rylands de Manchester en 1920. Il provient sans doute du célèbre site d’Oxyrhynque qui a livré des milliers de papyri.
La critique rationaliste
Depuis le milieu du XVIIIe siècle, la révélation chrétienne et spécialement la Bible ont été soumises à une intense critique rationaliste. Dans le domaine biblique, les rationalistes refusent systématiquement d’accepter les dates traditionnelles données par l’Eglise pour la rédaction des évangiles. La raison principale est le refus du surnaturel et du miracle. Par exemple, les évangiles synoptiques annonçant la destruction de Jérusalem, ils ne peuvent être que postérieurs à cet événement. En général les critiques rationalistes plaçaient leur rédaction au deuxième siècle de notre ère.
Il faut malheureusement souligner qu’aujourd’hui, nombre d’exégètes et de théologiens catholiques ont emboîté le pas des rationalistes. Il suffit par exemple de lire comment Walter Kasper, dans son livre Jésus, le Christ (1974), réduit de manière drastique les miracles de l’Evangile sous les prétextes les plus curieux. Quant aux exégètes, ils ont souvent adopté les datations des rationalistes.
Le papyrus P52
Ce papyrus, d’environ 9 cm sur 6, est écrit sur les deux côtés, ce qui indique qu’il faisait très probablement partie d’un codex. Il contient un passage de l’Evangile de saint Jean. Mais la question la plus importante est : de quand est-il daté ?
Pour nos critiques, l’Evangile de saint Jean ne peut être que très tardif, car son élévation théologique a forcément nécessité une élaboration, qui s’étend sur un siècle ou deux. C’est pourquoi l’on ne pourrait descendre en-dessous de 250, voire même chercher vers le IVe siècle.
Il est possible de dater un papyrus : parfois par les circonstances de sa découverte, mais surtout par la méthode paléographique, autrement dit par le type d’écriture étudié. En effet, les méthodes et les exigences de support ou de lecture, varient avec le temps. En comparant avec d’autres manuscrits datés, il est possible d’obtenir une datation fiable.
Le Dr Colin Roberts, chargé de ce travail scientifique, eut la surprise de découvrir que le P52 datait de la première moitié du IIe siècle. Différents spécialistes également consultés annoncèrent le même résultat, résultat qui est très largement admis aujourd’hui. Cela faisait de ce papyrus le plus ancien manuscrit du Nouveau Testament jamais découvert. Le Dr Roberts publia son travail en 1936.
Ce fut une belle stupeur chez les auteurs hétérodoxes. Quelques centimètres carrés, quelques grammes de papyrus avaient eu raison de bibliothèques entières. La découverte justifiait pleinement la date traditionnelle de composition du quatrième évangile : vers la fin du Ier siècle.
Le contenu du P52
Mais quel est donc le passage rapporté par le P52? Il s’agit de Jean 18, 31-33 sur le recto et de Jean 18, 37-38 sur le verso : l’évangile du Christ-Roi ! C’est par ce passage que la Providence a vaincu l’erreur. Ce ne peut être l’effet du hasard.
Une comparaison permettra de bien le manifester. En 1858, la Très Sainte Vierge apparaissait à Lourdes à sainte Bernadette comme l’Immaculée Conception pour répandre les bienfaits divins sur les âmes et sur les corps. Il s’agit manifestement d’une récompense accordée à la foi de l’Eglise militante pour la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception par le pape Pie IX, le 8 décembre 1854, quatre ans plus tôt.
En 1936, le Christ-Roi balaie les critiques rationalistes contre l’authenticité de l’Evangile de saint Jean. C’est comme une récompense accordée à ses enfants de la terre pour la proclamation du dogme du Christ-Roi par le pape Pie XI le 11 décembre 1925, dans l’encyclique Quas Primas. Voilà une raison de plus d’être attaché à ce dogme qui a comme disparu de la vie ecclésiale aujourd’hui.
Christus vincit ! Christus regnat ! Christus imperat !
(Source : FSSPX.Actualités - 31/07/2019)