La cité du Vatican peine à redresser ses finances
Dans le cadre de la réforme de la Curie, une réunion des chefs de dicastères s’est tenue le 20 septembre 2019 au Vatican, afin d’aborder les questions économiques dans un contexte de diminution des ressources financières. Les salaires jugés exorbitants de certains intervenants extérieurs ont été au cœur des discussions.
Après avoir participé la veille à une énième assemblée du Conseil des cardinaux (C6) ayant pour but la réforme de la Curie - le serpent de mer de l’actuel pontificat - le cardinal Reinhard Marx a présidé le 20 septembre la réunion des différents chefs de dicastères consacrée à la gestion des finances du gouvernorat de la cité du Vatican.
« Il s’agit d’améliorer la transparence des finances et notamment des différents dicastères, dans un contexte de diminution des ressources ; une prise de conscience est nécessaire : nous devons apprendre à faire avec moins de revenus et donc, aussi diminuer les coûts et avoir une vision à long terme », explique auprès du journal La Croix un responsable des finances vaticanes.
Il faut dire que les voyants sont au rouge : en 2018 le plus petit Etat du monde a enregistré un déficit d'environ 70 millions d'euros sur un budget de 300 millions. La réunion du 20 septembre dernier aurait été houleuse si l’on en croit le récit qu’en dresse Fabio Marchese Ragona, dans Il Giornale.
Tandis que l’image de prélats dépensiers et peu enclins à se réformer continue d’être colportée, même au Vatican, le cardinal Marx, suivi de plusieurs autres, a pointé du doigt la véritable cause du déficit, selon lui : « L'un des principaux problèmes est le salaire de certains laïcs hors barème qui gagnent plus de 15 000 euros par mois ». Et de préciser : « l'arrivée de consultants extérieurs issus de la société civile, qui sont à la charge du Saint-Siège, qui gagnent beaucoup plus que nous, cardinaux, sans avoir parfois les compétences requises ».
De fait, l’un des principaux postes de dépenses de la cité du Vatican est constitué par les salaires des employés, au nombre de 5 000 environ. Si la majeure partie d’entre eux touchent un salaire moyen, voire modeste, ce n’est pas le cas de quelques spécialistes travaillant principalement dans les institutions économiques liées au Saint-Siège ou à la communication, qui jouissent de salaires conséquents, comparables à ceux du secteur privé des grandes entreprises.
Il Giornale relate un événement cocasse survenu ces dernières semaines : le gouvernorat de la Cité du Vatican, afin d’économiser quelques centaines d’euros par mois, a décidé de mettre fin au contrat de travail par lequel une permanence dominicale était assurée par deux techniciens chargés des ascenseurs des palais apostoliques.
Malencontreusement, le 1er septembre dernier, le souverain pontife a été bloqué dans l’un des ascenseurs pendant 25 minutes alors qu’il se rendait à l’Angelus dominical. Comme aucun employé n’était présent, les pompiers ont dû appeler en urgence un technicien afin de les aider à ramener l'ascenseur dans l'alignement des étages de l’immeuble…
De même, le gouvernorat du Vatican a également prévu des coupures drastiques dans le domaine de la santé. De nombreux employés ont ainsi protesté contre la réduction des remboursements des soins, notamment des vaccins obligatoires de leurs enfants, les obligeant à se tourner vers le Service national de santé italien.
Enfin les cardinaux ont moqué la décision d'interdire la vente de cigarettes au magasin du Vatican : « ça c’était au moins une rentrée d’argent assurée, et ils l’ont supprimée », ironise l’un d’entre eux.
(Sources : Il Giornale/La Croix - FSSPX.Actualités - 28/09/2019)