La messe tridentine est-elle abolie ?
Officiellement, selon une déclaration du cardinal Francis Arinze, préfet de la Congrégation du culte divin lors d’une conférence de presse le 12 octobre, la question de la messe de saint Pie V n’a pas été évoquée au cours des travaux du synode. Cependant, trois jours après cette conférence, le cardinal Dario Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation du clergé et président de la Commission Ecclesia Dei, proposait à l’ensemble des pères que la déclaration finale du synode contienne un signe d’ouverture en direction des catholiques attachés à l’ancienne messe, avec l’espoir que le rite traditionnel serait reconnu comme un des divers rites approuvés dans l’Eglise. Le cardinal colombien ne parlait pas explicitement de libéralisation de l’ancien missel, mais ses paroles pouvaient être entendues dans ce sens.
Le 25 octobre, le cardinal Godfried Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, répondait au journaliste de La Croix qui lui demandait si la liturgie issue de Vatican II pouvait être remise en cause : "La liturgie est considérée comme un acquis, et non plus comme une nouveauté. On corrige, mais il est impossible de revenir en arrière".
Le 22 octobre, le vaticaniste Andrea Tornielli du quotidien italien Il Giornale révélait l’existence d’une note secrète signée par le cardinal Arinze et par Mgr Domenico Sorrentino, secrétaire de la Congrégation du culte divin, selon laquelle une libéralisation de la messe tridentine serait impossible parce qu’elle est abolie. Or le cardinal Castrillon Hoyos déclarait dans le mensuel 30 Giorni de septembre : "La messe de saint Pie V n’a jamais été abolie". En cela il ne faisait que reprendre les conclusions de la commission de neuf cardinaux convoquée par Jean-Paul II, en 1986, sur le statut légal de la messe traditionnelle. Le cardinal Alfons Stickler avait fait savoir en 1995 que les membres de cette commission avaient reconnu, à huit contre un, que Paul VI n’avait jamais supprimé légalement la messe tridentine par le seul fait de la promulgation du Novus Ordo Missæ. Et cette commission avait reconnu à l’unanimité que tout prêtre demeurait libre d’utiliser l’ancien missel. Les neuf prélats réunis par Jean-Paul II étaient les cardinaux Stickler, Mayer, Oddi, Casaroli, Gantin, Innocenti, Palazzini, Tomko et… Ratzinger.
Qui a raison, qui a tort ? Arinze ? Castrillon Hoyos ? Ratzinger ? On attend la réponse de Benoît XVI.
Sur cette importante question Mgr Fellay affirmait dans une conférence à Bruxelles le 13 juin (voir Nouvelles de Chrétienté n° 94) : "Rome sait, - par Rome, j’entends la curie, Jean-Paul II et maintenant Benoît XVI - ; ils savent que la messe tridentine n’a jamais été interdite et qu’on ne peut pas l’interdire, qu’il n’y aucun argument juridique ou théologique qui permette l’interdiction de cette messe. Ils le savent, et donc un jour cette injustice faite à l’Eglise et à l’ancienne messe va disparaître". – Dans un prochain numéro, nous consacrerons un dossier à cette question.