La patène et la Sainte Vierge Marie
La patène porte l’hostie qui deviendra bientôt le corps adorable de Jésus, victime réelle du sacrifice et né de Marie : Ave verum corpus natum de Maria Virgine.
Or, c’est la chair de Marie qui, selon l’expression de Bossuet, fut « la première origine du sang de Jésus. C’est de là que commence à se répandre ce beau fleuve de grâces qui coule dans nos veines par les sacrements » (La Mère des hommes, II ; 42).
Le nom de patène vient du latin patere – « être grand ouvert » (Innocent III, De Sacr. Mis. Lib. II, cap.59). Autrefois elle était beaucoup plus grande qu’aujourd’hui ; c’était un véritable plat pouvant contenir plusieurs petits pains à consacrer et à distribuer. Or, un des plus beaux privilèges de la Médiatrice universelle est, d’après Saint Alphonse, d’être partout et toujours toute à tous : elle ouvre à tous les hommes la plénitude de sa miséricorde (Gloires de Marie, I,7). Il est certain que l’influence de Marie s’étend aussi loin que s’étendent les effets du saint sacrifice ; tout au large dans l’univers entier : au ciel, au purgatoire, à l’Eglise militante, dans toutes les contrées du monde – ubique patet – elle est ouverte à tous.
La patène à une forme circulaire. Or, de toutes les formes géométriques, le cercle est la plus parfaite ; et Marie est évidemment la plus parfaite des créatures, le chef-d’œuvre de Dieu dans la nature, dans la grâce et dans la gloire. Marie « a atteint une sainteté telle qu’il est impossible d’en imaginer une plus grande sous celle de Dieu, et que personne, hormis Dieu seul, ne saurait en comprendre la grandeur » (Pie IX, Ineffabilis Deus 1).
La patène doit être entièrement dorée. On sait que l’or est le symbole de la charité. Or, Marie fut remplie d’une telle charité qu’une pure créature ne pouvait presque pas en recevoir une plus grandes sur la terre (S. Alphonse, Gloires de Marie IV, 2). La raison est simple : Dieu aime Marie seule plus qu’il n’aime tout le reste de la création. Or, la mesure des dons célestes est celle de l’amour que Dieu porte à sa créature, et le premier de ces dons est l’amour infus. Donc Marie seule a plus aimé Dieu que ne l’ont aimé tous les Anges et tous les hommes ensemble. Que la dorure de la patène nous rappelle donc la Mère du bel amour.
Il faut que la patène soit intègre et pure, sans difformité, sans souillure aucune. Or, pour être une digne Mère du Fils de Dieu, Marie a été immaculée dans son âme, dans son corps, toute belle sous tous les rapports. Toute sa vie, depuis le premier instant de sa conception immaculée, jusqu’à son dernier soupir fut un seul acte d’amour, acte immense, continu, sans une seule distraction, sans une seule interruption. Voilà ce que peut nous rappeler la dorure complète de la patène.
La patène est consacrée par l’évêque par une onction de Saint Chrême et l’aspersion de l’eau bénite. Cette solennité, dont l’Eglise entoure cette consécration et le choix du pontife comme ministre, nous rappellent quel soin le Pontife suprême emploie à la consécration de Marie pour ses hautes fonctions, et les grâces dont il l’a enrichie. Comme la patène est devenue un objet si sacré qu’elle ne peut plus être licitement touchée par les laïques, ainsi Marie est appelée par l’Eglise « Mère sans tache, vase sacrosaint du Saint Esprit ».