La relation France-Israël à l’épreuve de Gethsémani

Source: FSSPX Actualités

L'église du Pater Noster, sur le site de l'Eléona

Les tensions diplomatiques entre la France et Israël ont connu un nouveau pic le 7 novembre 2024, lorsque la police israélienne a franchi l’entrée de l’Eléona, un site administré par le consulat général de France à Jérusalem, sur le mont des Oliviers.

Ce devait être l’occasion pour le ministre français des Affaires étrangères de visiter le sanctuaire de l’Eléona, un site religieux abritant l’église du Pater Noster, édifiée au-dessus de la grotte où le Christ a enseigné ses disciples à prier.

Cet endroit a une particularité : bien que se trouvant sur le territoire israélien depuis l’annexion de Jérusalem-Est à l’issue de la guerre des Six-Jours (1967), l’Eléona est administré par le consulat de France de la Ville sainte.

En effet, le domaine fut racheté à la fin du XIXe siècle par la princesse de la Tour dAuvergne qui y fit élever un cloître, réalisé par Viollet-le-Duc, pour encadrer la grotte. La princesse en fit don par la suite à la France.

Une visite à laquelle Jean-Noël Barrot a dû finalement renoncer : selon une dépêche de lAFP, des policiers israéliens sont entrés armés et sans autorisation préalable dans l’enceinte du domaine national, interpellant deux gendarmes français sur place : « Je nentrerai pas dans le domaine d’Eléona. (…)

« Cette atteinte à l’intégrité d’un domaine placé sous la responsabilité de la France est de nature à fragiliser les liens que j’étais pourtant venu cultiver avec Israël, dans un moment où nous avons tous besoin de faire progresser la région sur le chemin de la paix », a souligné le ministre.

Le gouvernement de Michel Barnier a convoqué l’ambassadeur d’Israël en France le 12 novembre dernier au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

Il lui a été signifié que la présence de la sécurité israélienne armée au domaine de l’Eléona, ainsi que l’arrestation de deux gendarmes du Consulat général de France à Jérusalem, disposant d’un statut diplomatique, sont inacceptables.

A fortiori entre deux pays qui entretiennent une relation bilatérale forte, et dans le cadre d’une visite visant à la désescalade des tensions. « Des mesures seront mises en place pour garantir que de tels actes ne se reproduiront pas », précise le communiqué officiel de la diplomatie française.

Côté israélien, on dément toute mauvaise intention : la présence de personnels de sécurité israéliens avait pour « objectif de garantir (la) sécurité » du ministre, a assuré le ministère israélien des Affaires étrangères. Si les deux gendarmes français ont été interpellés, c’est parce qu’ils auraient été « au départ non identifiés » justifie la partie israélienne.

Ce que récusent les deux militaires qui ont déclaré que leurs homologues « savent que nous travaillons au consulat général de France ». Cet incident est une péripétie supplémentaire qui alourdit un contexte de relations dégradées entre la France et l’Etat hébreu.

Le chef de l’Etat français paye sa politique du « et en même temps » par laquelle il tente à la fois de rassurer Israël inquiet de la recrudescence des actes anti-juifs, et d’apaiser les tensions communautaires des banlieues de l’Hexagone dans lesquelles les populations issues de l’immigration récente ou plus ancienne sont majoritaires.

Des tensions auxquelles l’extrême-gauche fait un large écho afin de capter l’électorat musulman en vue des prochaines échéances électorales.