L’accord de Campos : Suite.
Beaucoup de lecteurs nous demandent des suites de l’“affaire Campos”.
L’accord avec Rome a été considéré par certains comme une victoire retentissante, et voilà que l’on n’en entend plus rien. Pourtant, les statuts de l’“Administration personnelle St-Jean-Marie Vianney” ont été rédigés et sont parvenus aux intéressés depuis plus d’un mois. Ceux-ci en avaient promis la publication sur leur site internet. Force est de constater qu’il n’en est rien.
Ces Statuts étant de nature publique et étant venus à notre connaissance, il apparaît bon d’en considérer les éléments principaux.
Les points positifs de ces statuts sont : la possibilité d’administrer tous les sacrements selon les livres liturgiques de 1962 et l’exemption de la juridiction de l’évêque du lieu. Cependant, comme cela est prévu par le droit commun, l’érection d’une paroisse personnelle se fera après consultation de l’évêque. (Cela veut dire que si l’évêque doit être consulté, son accord n’est pas nécessaire.)
Les points négatifs :
• Il est clairement précisé que l’Administration apostolique sera confinée dans les limites du diocèse. Aucune exception n’est prévue. Ce point contredit les promesses orales qui avaient été faites et devrait faire disparaître les centres de messe que les Pères de Campos desservaient hors du diocèse, à moins d’un accord à l’amiable avec les évêques concernés. De plus, aucune possibilité n’est ouverte pour célébrer la messe traditionnelle dans ce grand Brésil qui ne possède que très peu de centres.
• Aucune garantie n’est donnée quant à la succession de Mgr Rangel par un de ses prêtres. Les Statuts stipulent que le Souverain pontife nomme l’Administrateur apostolique, selon les normes du droit commun (§ 4). Cela signifie que le nonce apostolique présente une terna à la Congrégation des Évêques, c’est-à-dire qu’il prépare un dossier sur trois prêtres qu’il a retenus et Rome choisira parmi eux – à moins que la Congrégation ne réclame des dossiers supplémentaires. Le nonce peut retenir tout prêtre qu’il trouvera idoine, dans le diocèse ou dans le pays même. (Il semble qu’à ce jour, les trois dossiers aient déjà été présentés à la Congrégation des Evêques.)
Voilà pour le droit. Dans les faits, l’on peut espérer que durant les premières années, l’application des Statuts pourra se faire de façon honnête. Mais avec le temps la volonté profonde de certaine tendance de la Curie romaine risque bien d’aboutir à l’alignement de l’Administration apostolique sur les principes du concile Vatican II. L’histoire de la Fraternité St-Pierre est malheureusement là pour nous le montrer. Après l’euphorie du début, vinrent les premières difficultés liées à la mauvaise volonté des évêques. (Ce qui ne devrait pas être le cas de Campos, puisqu’ils sont juridiquement indépendants de l’évêque du lieu.) Et, pendant des années, prêtres et fidèles de la Fraternité St-Pierre se plaignirent à Rome de cette mauvaise volonté. Des esprits ouverts et des cœurs conciliants leur donnèrent raison et entretinrent de faux espoirs d’une évolution positive possible… jusqu’à ce que le cardinal Medina mette un terme aux illusions et rappelle le droit commun : celui de la nouvelle messe. Voilà le grand risque de la situation actuelle pour la nouvelle Administration.
Nous ne doutons pas de la bonne volonté des prêtres de Campos. Nous ne doutons pas non plus de la finesse diplomatique du parti romain. Les Statuts définitifs ne leur donnent pas la liberté qui serait nécessaire pour échapper au rouleau compresseur conciliaire.
L’heure n’est pas encore aux accords. Un fossé doctrinal nous sépare d’avec l’Eglise conciliaire issue de Vatican II. Nous avons le devoir marqué par la Providence de continuer à être un signe de contradiction malgré tout le désir que nous avons de voir la fin de cette terrible crise.