L’Afrique : une priorité pour le nouveau pontificat

Présent à Rome aux côtés du Saint-Père moins d’un mois après son élection afin d’implorer la paix pour le continent africain, Mgr Edward Hiiboro Kussala, évêque du vaste diocèse de Tombura-Yambio au Soudan du Sud, est revenu auprès de Vatican News sur la situation de son pays.

Le diocèse de Tombura-Yambio, de plus 81 000 kilomètres carrés, est un microcosme des défis africains : conflits armés, déplacements massifs de populations, crises humanitaires et absence d’accès à l’éducation. Mgr Hiiboro a relaté un drame récent : un jeune coordinateur de la branche diocésaine de Caritas, assassiné à bout portant par des rebelles, alors qu’il dormait à l’extérieur d’une église accueillant plus de 5 000 déplacés.

Le prélat décrit une situation désespérée : les aides humanitaires peinent à parvenir aux populations, l’insécurité alimentaire s’aggrave, et les enfants sont privés d’école. A cela s’ajoute l’afflux de réfugiés fuyant le Soudan voisin, où la guerre fait rage. « Nous devrions les aider, mais nous sommes nous-mêmes démunis », a-t-il confessé.

Lors d’une rencontre impromptue avec les ambassadeurs africains accrédités auprès du Saint-Siège et de l’Italie, dans la majestueuse Basilique Saint-Pierre, le 26 mai dernier, le pape Léon XIV s’est exprimé en anglais à bâtons rompus devant les médias, insistant sur le fait que la foi chrétienne n’est pas un « refuge occasionnel », réservé aux dimanches ou aux pèlerinages, mais une flamme vivante qui doit éclairer chaque jour.

« C’est notre foi qui nous donne la force, qui nous permet de voir la lumière du Christ dans nos vies et de comprendre l’importance de vivre cette foi en actes, en mettant nos dons au service des autres », a-t-il déclaré dans un message plus particulièrement adressé aux 500 participants au pèlerinage jubilaire pour la paix en Afrique.

En saluant les ambassadeurs du continent Noir, leurs collaborateurs et leurs familles, Léon XIV a exprimé sa gratitude pour leur témoignage de foi. « Il a l’Afrique dans son âme », affirme le P. Edward Danaing Daleng, procureur général de l’Ordre de Saint Augustin.

Et le religieux de rappeler qu’avant son élection, le cardinal Robert Francis Prevost avait visité à de multiples reprises les missions augustiniennes en Afrique, notamment au Nigéria, où il s’est rendu une dizaine de fois, y compris pour le chapitre général intermédiaire de 2016.

De 2001 à 2013, en tant que prieur général des Augustins, celui qui devait être élu pape le 8 mai 2025 avait parcouru les missions dans une dizaine de pays, du Kenya à la République démocratique du Congo, en passant par la Tanzanie, le Bénin et le Burkina Faso. Ces voyages ont forgé chez lui une compréhension profonde des réalités africaines.

Il faut dire que les dernières statistiques de l’Eglise catholique publiées au début de l’année 2025 ne démentent pas l’intérêt porté à l’Afrique par le successeur de Pierre : le continent africain est le seul à enregistrer une croissance dans le nombre de prêtres, de séminaristes, de religieux et de fidèles.

A ce rythme-là, à l’horizon 2100, l’Afrique sera devenu le nouveau « continent »  de l’Eglise catholique, après avoir détrôné le continent américain. On n’en comprend que mieux la sollicitude toute particulière du nouveau pontife romain.