L´ancien majordome de Benoît XVI condamné à un an et demi de prison

Source: FSSPX Actualités

Paolo Gabriele à droite sur la photo.

Après un procès-éclair, l'ancien majordome de Benoît XVI, Paolo Gabriele, a été condamné à un an et six mois de prison. La sentence est tombée le 6 octobre, alors que le procès s´était ouvert une semaine plus tôt, le 29 septembre. Le procureur a déclaré que « l'enquête n´avait pas apporté de preuve d´une complicité d´autres personnes ». Durant la dernière audience qui a duré un peu plus d'une heure, Paolo Gabriele a déclaré qu´il ne se considérait pas comme un voleur : « Je sens fortement en moi la conviction d´avoir agi par amour exclusif, je dirais viscéral, pour l´Eglise du Christ et pour son chef visible ». 

Les juges ont pris en considération l´absence d´antécédents pénaux, la qualité de son service à l´époque précédant les faits qui lui sont reprochés, « la conviction subjective, bien qu´erronée, exprimée par l´accusé comme mobile de sa conduite », mais aussi sa déclaration concernant sa conscience d´avoir trahi la confiance du pape. Ces circonstances atténuantes ont pour base une loi introduite par le pape Paul VI en 1969. Selon le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, interrogé ce même 6 octobre par la presse internationale, « l´éventualité d´une grâce du pape est très concrète et vraisemblable ». Toutefois, pour l´heure, Paolo Gabriele reste en résidence surveillée.

Confiant aux journalistes ses impressions personnelles, le P. Lombardi s´est félicité de « l´indépendance totale » dont avait bénéficié la magistrature vaticane par rapport aux autres autorités du Vatican, dont la plus puissante d´entre elles, la Secrétairerie d´Etat du Saint-Siège. Celle-ci, a affirmé le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, a fait preuve « d´un très grand respect » envers les magistrats, qui n´ont subi « aucune pression ni influence ».

Au cours du procès, on a notamment appris que le majordome détenait plus d´un millier de documents. Les témoignages de Stefano de Santis, Silvano Carli, Luca Bassetti et Luca Cintia, quatre membres de la Gendarmerie vaticane, ont ainsi décrit des documents jugés « intéressants », entre originaux et copies, sur la vie privée du pape, la Famille pontificale et la Curie romaine. Selon l´inspecteur Silvano Carli, certains d´entre eux portaient même la signature de Benoît XVI et d´autres la mention en allemand « à détruire ». L´ensemble du matériel perquisitionné représente une quantité de documents bien supérieure, au sein desquels étaient cachés les photocopies et originaux confidentiels. Les témoins ont ainsi parlé de « dizaines de milliers » de documents accumulés chez Paolo Gabriele, notamment dans une grande armoire de son bureau, portant sur les sujets les plus divers, de la franc-maçonnerie à l´ésotérisme, en passant par les liens entre le yoga et le christianisme.

Les hommes de la Gendarmerie vaticane ont assuré avoir emporté pour examen 82 cartons de documents dont certains concernant leur propre corps de police. « Au début, Paolo Gabriele a commencé par recueillir des informations sur la Gendarmerie vaticane », a ainsi expliqué à l´agence de presse I.Media une « source bien informée ». Le majordome lui-même aurait confié à cet informateur que le corps de gendarmes prenait « trop d´importance ». Paolo Gabriele a en outre confirmé « de la façon la plus absolue » ne pas avoir eu de complices. Il a admis avoir été influencé « par des circonstances environnantes, en particulier dans un Etat où il y avait des mystères irrésolus ». Il a également confié avoir eu beaucoup de contacts et des confidences reçues des cardinaux Angelo Comastri et Paolo Sardi, de la collaboratrice du pape Ingrid Stampa, mais aussi de Mgr Francesco Cavina, aujourd´hui évêque de Carpi, en Italie.

Interrogé par le juge Giuseppe Dalla Torre, le majordome a par ailleurs nié avoir reçu de l´argent en échange des documents dérobés, car il s´agissait de « la condition essentielle » du rapport avec la personne à qui il remettait les documents, le journaliste italien Gianluigi Nuzzi.