L’Association patriotique des catholiques chinois (3)

Source: FSSPX Actualités

Des séminaristes chinois vers 1900

Ces articles sont destinés à présenter une réalité très particulière, qui joue un rôle déterminant dans la vie des catholiques de Chine, soit en les enrôlant sous la bannière du Parti communiste chinois, soit en les rejetant dans les catacombes. L’article est publié sur le site des Missions étrangères de Paris. Cette présentation permettra au lecteur non averti de comprendre les enjeux de l’accord sino-Vatican, qui devrait être renouvelé pour la deuxième fois en octobre.

Quarante ans après la fondation de l’Association patriotique des catholiques chinois, il est possible de faire une lecture plus complète des événements qui marquèrent cette époque et d’y déchiffrer le dessein et les objectifs que les dirigeants du PCC s’étaient fixés et qu’ils comptaient atteindre à travers sa création.

L’Eglise catholique à la veille de la « libération »

Un rapide coup d’œil sur la réalité de l’Eglise catholique en Chine à la veille de la « libération » communiste à la fin des années 40 aidera à mieux situer les événements décrits et à en comprendre la portée.

Le 11 avril 1946, le pape Pie XII, en érigeant la hiérarchie catholique sur le continent chinois, accomplissait un geste historique. L’acte du pape constituait l’aboutissement d’étapes difficiles et surmontait des obstacles provenant de milieux politiques qui avaient intérêt à conserver une certaine tutelle sur l’Eglise, ainsi que de certains milieux ecclésiastiques qui craignaient de perdre les privilèges de leurs congrégations.

Le Saint-Siège décidait ainsi de passer par-dessus ces positions retranchées, répétant pratiquement le geste accompli au début des années 20 lorsqu’il envoya son propre délégué apostolique en Chine en dépit de fortes résistances.

Depuis la Constitution apostolique Quotidie Nos et les interventions successives du Siège apostolique, l’Eglise en Chine, en 1949, était divisée en 20 provinces ecclésiastiques, avec 20 archevêques, 83 évêques et 35 préfets apostoliques. Il fallait y ajouter les sièges de Hongkong, Macao et Taiwan, non inclus dans ces chiffres.

Parmi ceux-ci, les Ordinaires chinois étaient au nombre de 266. Seize diocèses et sept préfectures apostoliques étaient confiés au clergé séculier, tandis que trois diocèses étaient confiés à des membres chinois de congrégations religieuses.

Ces chiffres amènent une autre considération. L’acte de Pie XII, bien que providentiel, arrivait un peu en retard. L’Eglise avait à coup sûr connu des lenteurs dans son évolution vers davantage d’indigénisation, lenteurs imputables à une vaste gamme de raisons qu’il n’y a pas lieu de discuter ici.

A Nankin, résidait un internonce : Mgr Antonio Riberi, troisième de la série, après Celso Costantini (1922-1933) et Mario Zanin. La délégation apostolique était devenue internonciature en juillet 1946.

Les catholiques étaient plus de trois millions, avec presque 200 000 catéchumènes, servis par 5 788 prêtres (dont 2 698 Chinois) et par 7 463 religieuses (dont 5 112 étaient chinoises). On comptait 924 étudiants en philosophie et en théologie se préparant au sacerdoce dans les 17 grands séminaires, et plus de 3 000 séminaristes en formation dans les petits séminaires.

26 ordres ou congrégations se voyaient confier des territoires de mission, tandis que 13 autres sociétés masculines apportaient leur aide dans les diverses circonscriptions sans être rattachées à un territoire particulier. Les congrégations féminines qui travaillaient en Chine étaient au nombre de 60.

Les catéchistes, hommes et femmes, se comptaient par centaines. Plus d’un millier de « vierges », femmes qui ne prononçaient aucun vœu particulier, consacraient leur vie au service de l’Eglise. Plus de 320 000 jeunes étudiaient dans les 4 446 écoles, petites et grandes. Il y avait aussi trois universités catholiques (Aurore de Shanghai, Fu Jen de Pékin et Tinku de Tianjin).

L’Eglise dirigeait encore 254 orphelinats, 216 institutions de santé (de nombreuses maisons de soins et des hôpitaux) et 781 dispensaires, ainsi que des internats. Il y avait également plusieurs imprimeries catholiques et des publications nombreuses.