Le cardinal Kasper à Moscou (2005)
Le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, était à Moscou du 20 au 23 juin 2005, afin de poursuivre le dialogue avec le patriarcat orthodoxe, entamé « à l’occasion de l’inauguration solennelle du pontificat du pape Benoît XVI », selon l’expression du directeur de la Salle de presse du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls.
Jusqu’à la mort de Jean Paul II, les relations avec la patriarcat de Moscou ont été difficiles, à cause des accusations de prosélytisme portées contre l’Eglise catholique à la suite de la création, en 2002, de quatre diocèses catholiques en Russie et du projet d’établissement d’un patriarcat gréco-catholique en Ukraine. Pour éviter une rupture définitive, le cardinal Kasper avait rencontré à Moscou le patriarche Alexis II, fin février 2004.
Et au mois d’août dernier, une délégation du Saint-Siège avait remis au peuple russe l’icône de Notre-Dame de Kazan. Cette restitution de l’une des icônes les plus vénérées par les orthodoxes russes avait été considérée comme "historique" par les catholiques, mais simplement comme "un premier pas" par les orthodoxes.
Séjournant à Moscou en même temps que le secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises, le pasteur méthodiste Samuel Kobia, en visite du 18 au 24 juin, le président du Conseil pontifical pour l’Unité des Chrétiens a rencontré, le 22 juin, le métropolite Kirill, responsable du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou. Celui-ci a rappelé que le transfert du siège de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine de Lviv à Kiev, prévu en novembre prochain, restait "un obstacle sérieux au développement des relations entre orthodoxes et catholiques".
"Le nouveau pape adopte sur ce dossier la même position que Jean-Paul II", favorable au transfert, a fait savoir le cardinal Kasper. Mais il a été demandé à l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine d’y surseoir afin de ne pas heurter les orthodoxes. Cependant, le 13 mai dernier, le cardinal Lubomyr Husar, archevêque majeur de Lviv, a bien confirmé le transfert du siège à Kiev.
Interrogé le 2 juillet par Radio Vatican, le cardinal Kasper a indiqué que son voyage avait un caractère "exploratoire", afin de trouver les moyens d’avancer « dans des relations pas si faciles » avec l’Eglise orthodoxe russe. "C’est pourquoi, a-t-il indiqué, il n’était pas prévu de rencontre avec le patriarche Alexis II, mais avec le métropolite Kirill". "Nous avons trouvé des domaines dans lesquels nous pouvons collaborer, a-t-il ajouté, en particulier dans les champs "sociaux et culturels" et également dans la lutte contre "l’actuel sécularisme". "Nous avons aussi dit qu’il serait souhaitable que des rencontres aient lieu entre les monastères, étant donné l’importance du monachisme dans l’Eglise orthodoxe".
"Alors que les peuples d’Europe et du monde entier traversent une crise morale, alors qu’une vision laïque des choses leur est imposée de manière agressive, la coopération entre les Églises orthodoxe et catholique revêt une importance non négligeable dans la promotion des valeurs spirituelles chrétiennes dans la vie de l’individu, de la famille et de la société", a souligné l’archiprêtre Vsevolod Tchapline, adjoint du métropolite Kirill.
Le dialogue avec l’ensemble des Eglises orthodoxes se poursuivra à l’automne prochain sur le thème "Eglise, qu’est-ce que cela signifie en réalité". "Nous traiterons de communauté ecclésiale, et dans ce contexte nous aborderons la question nodale avec l’orthodoxie, à savoir le primat du ministère pétrinien. Dans ce domaine, il sera possible de reprendre la question de l’Eglise uniate. Ce ne sera pas une question facile, mais finalement nous affronterons ouvertement les problèmes qui existent entre nous", a conclu le cardinal Walter Kasper.
Une réunion de coordination entre les Eglises orthodoxes sur la progression du dialogue théologique avec l’Eglise catholique doit avoir lieu le 13 septembre prochain à Istanbul, à l’initiative du patriarche de Constantinople.
cardinal Liubomyr Huzar, archevêque majeur de l'Eglise gréco-catholique ukrainienne