Le cardinal Parolin occupe le terrain médiatique

Divisions dans l’Eglise, réforme de la Curie, relations avec la Chine… Le numéro deux du Vatican monte une nouvelle fois au créneau afin de défendre son action politique au service du pontife romain, au moment où la justice britannique vient de mettre en avant le rôle du haut prélat dans une transaction immobilière controversée.
En bon communiquant, l’actuel secrétaire d’Etat du Saint-Siège s’efforce d’occuper le terrain médiatique : deux mois après avoir accordé un entretien à la chaîne française KTO le cardinal Pietro Parolin a reçu les journalistes de la radio espagnole Cope, au début du mois d’avril 2021.
Une intervention qui a lieu – ce n’est sans doute pas un hasard – à un moment où la secrétairerie d’Etat est plongée dans la tourmente d’une transaction immobilière douteuse impliquant ses plus hauts responsables. Il était temps d’élever le débat – de faire diversion, diront certains.
Le cardinal commence par évoquer la « racine des divisions » qui minent l’Eglise, selon lui : à savoir le clivage entre conservateurs et progressistes, entre ceux qui ne « distinguent pas entre l’essentiel, qui ne peut changer – la structure de l’Eglise, le dépôt de la foi, les sacrements ou le ministère apostolique – et ce qui n’est pas essentiel et doit être réformé selon l’esprit de l’évangile », déclare-t-il.
Sur ses gardes, le porporato prend soin de ne pas préciser le contenu de la distinction entre ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas, laissant cours à toutes les exégèses possibles.
La question des relations entre le Saint-Siège et la Chine est une nouvelle fois abordée par le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, non sans raison, car l’accord provisoire signé en 2018 avec Pékin, puis renouvelé fin 2020, est le fruit de plusieurs années d’une activité diplomatique intense.
Autant dire que le cardinal Parolin et son équipe voient d’un mauvais œil les critiques récurrentes qui leur sont adressées sur ce sujet.
« Tout ce que l’on fait, c’est de garantir une vie normale dans l’Eglise en Chine ; les mesures prises vont dans la bonne direction, même si tous les problèmes n’ont pas encore été résolus », explique le haut prélat.
Une affirmation difficilement audible, alors que de nombreuses voix s’élèvent, dans l’empire du Milieu comme ailleurs dans l’Eglise, pour dénoncer la dégradation dramatique de la situation des catholiques chinois ces derniers mois.
La question du progrès des réformes au sein de la Curie est l’occasion pour Mgr Parolin de couper court aux rumeurs qui voient, dans le futur, une place moins grande donnée à la secrétairerie d’Etat : « le rôle de secrétaire d’Etat restera inchangé, nous continuerons à assurer notre fonction au sein de la diplomatie ecclésiastique », souligne-t-il.
Notre homme demeure néanmoins silencieux sur le transfert récent de la totalité des fonds gérés par ses services, vers un autre organisme romain, l’Administration du patrimoine du siège apostolique (Apsa). Une réforme que d’aucuns ont vu comme un désaveu personnel.
Quand il parle de ses rapports avec le pontife argentin, il faut lire entre les lignes pour découvrir une relation qui paraît complexe : le pape François est « un homme sans protocole ». Le cardinal perçoit sa « différence de tempérament » avec le Saint-Père comme un « avantage ». « Il s’agit de transformer nos différences en richesse », et « que cela ne devienne pas un conflit mais une collaboration ».
Décidément, la météo oltretevere semble moins clémente que le ciel romain, d’un bleu tout printanier, ne le laisse présager…
(Sources : Vatican Insider/cath.ch – FSSPX.Actualités)
Illustration : Dreamstime / Palinchak