Le cardinal Ranjith appelle à protester contre le gouvernement

« Levez un drapeau noir le 21 août devant vos maisons, vos institutions et vos marchés comme un symbole fort de la protestation silencieuse », a déclaré le cardinal lors d’un point de presse le 13 août. Il a ajouté qu’il n’était pas satisfait des actions en justice actuellement entreprises par les autorités contre les personnes soupçonnées d’être responsables des attentats.

Plus de 260 personnes sont mortes et plus de 500 ont été blessées dans les attentats-suicides coordonnés contre trois églises, quatre hôtels et un complexe immobilier le dimanche de Pâques en avril 2019. Plusieurs des attentats à la bombe avaient eu lieu pendant la messe et d’autres services religieux.

Dans une lettre datée du 12 juillet dernier, le cardinal Ranjith a critiqué la léthargie de l’enquête gouvernementale sur les attentats. Il se demandait également pourquoi les recommandations formulées par une enquête officielle sur les attentats n’avaient pas encore été suivies d’effet. Cette était signée par le cardinal Ranjith et plusieurs évêques, ainsi que par près de 30 prêtres.

La réponse du président Gotabaya Rajapaksa « ne mentionnait aucune mesure ni aucune enquête appropriée du gouvernement sur les questions que nous avons soulevées au sujet des attaques », a expliqué le cardinal de Colombo devant les journalistes.

Les explications du gouvernement

En date du 11 août, les autorités sri-lankaises ont affirmé avoir déposé 23 270 accusations contre 25 personnes en lien avec les attentats du dimanche de Pâques. Les chefs d’accusation sont les suivants : complot en vue de commettre un meurtre, complicité, collecte d’armes et de munitions, et tentative de meurtre.

Le procureur général du pays a également demandé au président de la Cour suprême de nommer un tribunal spécial de trois membres de la Haute Cour pour examiner les affaires rapidement.

Le cardinal Ranjith a toutefois maintenu que l’enquête n’avait pas été menée correctement, affirmant que les véritables conspirateurs courent toujours. « Nous ne pourrons jamais croire que la vérité sortira du processus en cours », a-t-il encore expliqué.

Dans une déclaration antérieure, l’archidiocèse de Colombo avait déclaré qu’il est « clair » que le gouvernement « n’a aucun intérêt à découvrir la vérité sur l’attaque et qu’il va la couvrir et s’en laver les mains ».

« Le gouvernement a tiré un avantage politique de l’attaque du dimanche de Pâques », ajoute le communiqué. « Notre pays n’est toujours pas sécurisé et des attaques comme celle qui a eu lieu le dimanche de Pâques sont toujours possibles à tout moment », a-t-il ajouté. Selon la déclaration, « les vrais tueurs doivent être identifiés et le pays doit connaître la vérité ».

En octobre 2020, cinq des sept suspects arrêtés en lien avec les attaques ont été libérés par le gouvernement en raison du manque de preuves. Le cardinal a toutefois déclaré que les responsables de la sécurité lui avaient confirmé qu’il existait des preuves suffisantes contre un grand nombre des suspects qui avaient été arrêtés.

Le cardinal, ainsi que les amis et les familles des victimes, ont exprimé à plusieurs reprises leur crainte que la libération des suspects soit due à la corruption ou à l’absence d’enquête approfondie.