Le cardinal Ratzinger déplore la perte profonde de l’identité européenne
Le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi sest notamment inquiété des dérives liées au mariage et à la famille. "La charte des droits fondamentaux parle de droit au mariage, mais nexprime aucune protection spécifique, juridique et morale pour celui-ci et nen propose, par ailleurs, pas de définition plus précise. Et tous nous savons à quel point le mariage et la famille sont menacés". Le prélat allemand a particulièrement insisté sur "la requête de communion de vie des homosexuels qui maintenant, paradoxalement, demandent une forme juridique, laquelle devra correspondre plus ou moins au mariage". "Avec cette tendance, a-t-il commenté, on sort de lhistoire morale de lhumanité".
Le cardinal Ratzinger a tenu à préciser quil "ne sagit pas de discrimination, mais bien plutôt de savoir ce quest la personne humaine en tant quhomme et en tant que femme, et de savoir comment lêtre ensemble dun homme et dune femme peut recevoir une forme juridique". "Si dune part le fait dêtre ensemble se détache toujours plus de la forme juridique et si dautre part, lunion homosexuelle est toujours plus considérée à légal du mariage, nous sommes alors devant une dissolution de limage de lhomme dont les conséquences peuvent être extrêmement graves".
Concernant la perte de lidentité européenne, la préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi a proposé une analyse montrant quen Europe, "la problématique laissée derrière lui par le marxisme continue à exister aujourdhui encore: la dissolution des certitudes primordiales de lhomme sur Dieu, sur soi et sur lunivers, la dissolution de la conscience des valeurs morales intangibles, est encore et toujours notre problème et peut conduire à lautodestruction de la conscience européenne que nous devons commencer à considérer comme un réel danger".
Le cardinal Ratzinger a ensuite dit son regret dune Europe plus ouverte aux valeurs qui lui sont étrangères quaux siennes propres. "Dans notre société actuelle, grâce à Dieu, est puni celui qui déshonore la foi dIsraël, son image de Dieu, ses grandes figures ; est aussi puni celui qui vilipende le coran et les convictions de fond de lislam". "En revanche, a-t-il noté, quand il sagit du Christ et de ce qui est sacré pour les chrétiens, cest alors que la liberté dopinion apparaît comme le bien suprême, et la limiter serait menacer voire détruire la tolérance et la liberté en général".
Pour lui la "haine de soi de lOccident" est "étrange" et "quelque chose de pathologique". "LOccident, a-t-il ajouté, tente de manière louable de souvrir à la pleine compréhension des valeurs externes, mais ne saime plus lui-même". Le cardinal regrette que lEurope ne considère de sa propre histoire, "que ce qui est dépréciatif et destructeur" et quelle nest plus en mesure "de percevoir ce qui est grand et pur". "LEurope, a-t-il prévenu, a besoin dune nouvelle - certainement critique et humble - acceptation delle-même, si elle veut réellement survivre. La multi-culturalité, qui est constamment et passionnément encouragée et favorisée, est parfois surtout un abandon et un reniement de ce qui est propre (à lEurope)."
A propos de lislam, le cardinal Ratzinger a souligné que "sa renaissance" nest pas "seulement liée à la nouvelle richesse matérielle des pays islamiques", mais quelle est "aussi et surtout alimentée par la conscience que lislam est en mesure doffrir une base spirituelle valide pour la vie des peuples, une base qui semble avoir quitté la vieille Europe, laquelle, malgré sa puissance politique et économique qui perdure, est toujours plus considérée comme condamnée au déclin". Il a aussi insisté sur la séduction exercée par les spiritualités orientales en Europe. Pour lui, "les grandes traditions religieuses de lAsie, surtout la composante mystique qui trouve son expression dans le bouddhisme, sélèvent comme des puissances spirituelles face à une Europe qui renie ses fondements religieux et moraux".
En conclusion, il a appelé les "chrétiens croyants" à se "concevoir eux-mêmes comme une minorité créative" et à "contribuer à faire en sorte que lEurope retrouve de nouveau le meilleur de son identité et se mette ainsi au service de lhumanité entière".
Il conviendrait, semble-t-il, que le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi sinterroge, dans une prochaine conférence, sur le rôle destructeur pour la conscience chrétienne de lEurope que jouent lcuménisme, le dialogue interreligieux et les repentances à répétition depuis 25 ans.