Le cardinal Trujillo juge le cardinal Martini incompétent en morale.

Le cardinal Lopez Trujillo, président du conseil Pontifical pour la Famille a demandé au cardinal Carlo Maria Martini de retirer les propos tenus avec le Pr. Ignazio Marino dans les colonnes de l’hebdomadaire italien L’Espresso (voir DICI n° 135).
Le cardinal Trujillo s’est exprimé à deux reprises, les 4 et 6 mai 2006, dans le quotidien espagnol El País et à la télévision colombienne. Il demandera par les "voies officielles" au cardinal Martini si ses affirmations sur l’avortement et le préservatif, mais aussi l’euthanasie et l’adoption, "sont à considérer comme authentiques. Auquel cas, ajoute-t-il, ces thèses sont à rejeter comme étrangères à la morale catholique".
Le cardinal Trujillo dit bien connaître son confrère et l’estimer en sa qualité de grand connaisseur des textes sacrés, mais, en ce qui concerne les questions de bioéthique, il le tient pour incompétent : "Ce n’est pas sa matière. Il s’est toujours occupé de la Bible. Dans le domaine de la bioéthique, il n’a pu exprimer que des opinions personnelles qui ne se trouvent pas dans le magistère".
Sur la question du préservatif, le cardinal Trujillo rappelle qu’il n’y a pas d’exceptions admises, pas même celle évoquée par le cardinal Martini dans le cas d’un conjoint infecté par le virus du sida. Quant à l’avortement, à la "légitime défense et au moindre mal" que voit le cardinal Martini dans le cas d’une mère dont la vie serait "gravement menacée" par son enfant, le cardinal Trujillo répond: "Cette thèse ne peut s’expliquer que par une erreur de transcription. J’entends demander au cardinal Martini si cette déclaration est bien authentique. Dans Evangelium vitæ, il y a une formule très proche d’une définition dogmatique: Jamais, sous aucun prétexte, l’on ne peut éliminer la vie de l’innocent, et la vie de l’innocent c’est le fœtus. Jamais l’Eglise n’a reconnu que, dans le cas où la vie de la mère serait menacée par sa grossesse, l’avortement serait permis et jamais elle ne le permettra, c’est la doctrine unique de l’Eglise. Je crois que, en ce sens, le cardinal a été mal interprété, parce que, un personnage de son importance, avec une telle étendue de connaissances sait bien que la morale catholique affirme quelque chose de différent. La prochaine fois que le cardinal Martini viendra à Rome, soyez certains que je lui demanderai compte de la transcription de ses propos, et je suis moi-même certain que j’aurai de bonnes nouvelles de sa part et que ses déclarations ont été mal interprétées".
"L’Eglise, a conclu le cardinal Trujillo, n’est en train de revoir aucune de ses positions concernant le préservatif et l’avortement".
L’entretien du cardinal Trujillo accordé à El País, le 4 mai 2006, sera intégralement repris dans l’étude du prochain numéro de Nouvelles de Chrétienté consacré aux affirmations hétérodoxes du cardinal Martini.