Le cardinal Trujillo opposé au cardinal Kasper au sujet de la communion des divorcés remariés
"Je ne peux pas imaginer que la discussion soit close", avait déclaré le cardinal Walter Kasper devant la presse étrangère à Rome, le 24 octobre, à propos de l’admission des divorcés remariés à la communion. (voir DICI n° 123)
Au lendemain de la clôture du Synode des évêques sur l’Eucharistie, le président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens avait expliqué qu’il s’agissait d’une question "qui existe et sur laquelle on doit réfléchir pour pouvoir y répondre". Dans leurs propositions, les pères synodaux avaient rappelé l’impossibilité pour les divorcés remariés d’accéder à la communion, ce que le cardinal Kasper avait refusé de voir comme un "résultat final", disant attendre l’Exhortation apostolique post-synodale de Benoît XVI.
Dans un entretien publié le 27 octobre 2005 par le quotidien italien La Repubblica, le cardinal Alfonso Lopez Trujillo, président du Conseil pontifical pour la famille, a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’une question ouverte. Il s’opposait clairement aux déclarations faites trois jours plus tôt par le cardinal Kasper. "Tous ces propos - comme si on laissait une porte ouverte vers le futur en créant des attentes d’un changement possible - ne me semblent pas acceptables", a précisé le cardinal Lopez Trujillo, "ministre de la famille du Saint-Siège". "Le Synode, dans les propositions approuvées, n’a laissé aucun doute sur la doctrine de l’Eglise. Il ne s’agit pas d’une question ouverte", a encore soutenu le cardinal colombien.
Le cardinal Lopez Trujillo a affirmé que"le point de vue doctrinal" sur la question est "clair", que "la parole de Dieu elle-même sur l’indissolubilité du mariage est suffisante", tout comme le catéchisme de l’Eglise catholique. "Les soi-disant divorcés remariés - car leur mariage n’est pas un vrai mariage - sont dans une situation objective qui va à l’encontre de la volonté de Dieu et ne leur permet pas de s’approcher de la communion", a-t-il ajouté, reconnaissant pourtant qu’il s’agit de "situations douloureuses et dramatiques, qui sont une blessure que nous faisons également nôtre".
"La Congrégation pour la doctrine de la foi, a révélé le cardinal Lopez Trujillo, a répondu en son temps à une lettre de Mgr Kasper et de deux autres évêques allemands". Selon le président du Conseil pontifical pour la famille, ce courrier, "signé par le cardinal Ratzinger (alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi) et approuvé par Jean-Paul II", "reprenait la doctrine de l’Eglise". "On ne peut mettre en contradiction le pape actuel avec le cardinal Ratzinger", a lancé le cardinal colombien, ajoutant que "aucune modification de cette doctrine n’est possible (…), ce n’est ni une question en débat, ni une question à débattre".
Le cardinal Alfonso Lopez Trujillo a toutefois admis que le cardinal Kasper était "un grand théologien" : il a sûrement "voulu réaffirmer l’aspect pastoral sur cette question, et ce qu’il a voulu dire n’a pas été bien compris".