Le Carême avec Bossuet - Méditations sur l’Evangile (5)

Source: FSSPX Actualités

Détail de « La Crucifixion » (1503) - Lucas Cranach l'Ancien.

Jérusalem, figure de l’âme livrée au péché

Dans les malheurs de Jérusalem nous voyons ceux des âmes qui périssent. A ce triste spectacle, Jésus ne peut retenir ses larmes : « Si tu savais ! O âme, si tu savais ! » Il n'achève pas : les sanglots interrompent son discours. Sa langue ne peut exprimer l'aveuglement de cette âme : « Si tu savais, du moins en ce jour qui t'est encore donné » (Lc 19, 42) et où Dieu te visite par sa grâce.

Quand une lumière intérieure te montre tes crimes, quand tu es invitée à donner gloire à Dieu et que tout crie en toi qu'il faudrait se donner à lui, comme en ce jour de la visite de Jérusalem où tout le monde et jusqu'aux enfants criaient au Fils de David. Si tu n'écoutes, le moment se passe ; cette grâce si vive et si forte ne reviendra plus.

« Tout ceci est caché à tes yeux » (Lc 19, 42). Ton cœur est appesanti ; tes yeux sont fermés et obscurcis ; tes passions t'aveuglent ; un voile obscur est sur tes paupières ; un affreux assoupissement les appesantit. O âme ! Jésus en pleure et tu ne te pleures pas toi-même ? Pleure, pleure, ô spirituelle Jérusalem ! Pleure ta perte, du moins en ce jour que le Seigneur te visite d'une manière si admirable. Si jusqu'ici tu as été insensible à ta propre perte, pleure aujourd'hui, et tu vivras. Ne perds aucun moment de grâce, parce que tu ne sais jamais si ce ne sera pas le dernier qui te sera donné.