Le comité synodal allemand accusé de biaiser un sondage

L’initiative Neuer Anfang (« Nouveau départ »), a été fondée en 2021 par des prêtres et des laïcs, en opposition au Chemin synodal. Cette association, qui a reçu un discret soutien de Rome, suit avec attention la mise en œuvre de la voie synodale allemande. Elle possède un site internet sur lequel elle développe ses arguments pour lutter contre le progressisme qui découle du synode allemand.

Rappelons que le comité synodal prépare la mise en place d’un conseil synodal : il s’agit d’un organe consultatif et décisionnel, qui serait composé d’évêques et de laïcs. Le Vatican s’est montré immédiatement opposé à ce concept, mais après bien des discussions, il a fini par l’admettre, à condition que chaque étape de sa mise en place soit soumise aux autorités romaines.

Il faut avouer que le Synode sur la synodalité, sa préparation, sa tenue et ses résultats, n’ont pu que conforter la position des évêques allemands en vue de leur comité déviant. Et ce n’est pas la préparation de l’Assemblée ecclésiale prévue pour 2028, une assemblée composée d’évêques, de prêtre et de laïcs – dans quelles proportions ? – qui va diminuer leur ardeur réformatrice.

Récemment, selon CNA Deutsch, Neuer Anfang a condamné un « sondage biaisé » du comité synodal, par un courrier adressé aux 27 évêques diocésains. Elle y déclare que l’enquête « présente des faits inexistants et donne de fausses impressions. Elle n’est donc pas exploitable. Nous vous demandons donc de retirer ce “sondage” et de ne plus tenir compte de “résultats” obtenus par la présentation de faits erronés. »

D’abord, plusieurs questions se réfèrent « au texte d’action du Chemin synodal Conseiller et décider ensemble, qui n’a jamais été adopté par le Chemin synodal », selon la lettre signée par le théologien Martin Brüske et le journaliste Bernhard Meuser. Il avait en effet été refusé, provoquant une crise majeure durant la cinquième assemblée synodale.

Ensuite, les préoccupations et les objections romaines concernant la voie synodale ne sont pas prises en compte de manière appropriée par les représentants de la voie synodale, selon la lettre circulaire. Et d’affirmer que cette attitude de mépris est à l’origine « des questions que le comité synodal a adressées (…) lors de l’enquête menée en février/mars 2025 ».

De plus, la troisième question de l’enquête porte sur la prise de décision des organes synodaux au niveau diocésain. Selon la lettre de Neuer Anfang, « elle ignore les directives du Saint-Siège et les résultats du Synode mondial (…), mais cite également un texte du Synode mondial qui n’a jamais été adopté et se l’approprie ».

Le canoniste allemand Heribert Hallermann parle d’un « effet suggestif », qui s’exprime aussi dans la question sur le rôle consultatif ou décisionnel des membres d’un organe, ou sur « les tâches et les droits de l’organe synodal ». Il ajoute : « La question du droit de décision est d’ailleurs posée sept fois sur les 35 questions et constitue clairement le contenu central de l’enquête. »

Ainsi, conclut Neuer Anfang, l’enquête du comité synodal « ne peut pas servir de base à une coopération fraternelle au sein de l’Eglise ». Brüske et Meuser ont appelé « les responsables de la voie synodale à ne pas laisser de place aux fake news, à révoquer les fausses déclarations et à corriger les méthodes de coopération valides et reconnues par l’Eglise universelle ».

Ce combat de l’initiative Neuer Anfang présente l’intérêt de ne pas laisser tranquilles les évêques allemands qui croient leur combat gagné d’avance, et de fédérer les forces opposées à leur projet non seulement progressiste, mais profondément opposé à la foi catholique sur bien des points.