Le Contrôleur général des comptes du Vatican présente sa démission

Libero Milone.
Nouveau rebondissement au sein des services financiers du Vatican : en poste depuis deux ans comme Contrôleur général des comptes du Saint-Siège, Libero Milone a présenté, le 19 juin 2017, sa démission au pape, qui l'a acceptée.
Le communiqué de la Salle de Presse du Saint-Siège, en date du 20 juin 2017, est bref : « il est rendu public que M. Libero Milone, en charge jusqu’ici du poste de Contrôleur général, a présenté hier au Saint-Père sa démission. Il est ainsi mis fin, d’un commun accord, à sa collaboration avec le Saint-Siège. Présentant à M. Milone tous ses vœux de réussite pour le futur, le Saint-Siège informe que la procédure de nomination du futur Contrôleur général sera très bientôt lancée. »
Libero Milone est un laïc italien, âgé aujourd’hui de 68 ans. Il avait été choisi en 2014 par le pape François pour occuper un poste inédit : celui de Réviseur général des finances du Saint-Siège. Ce poste a été créé sous l’impulsion du pape argentin, afin de mettre en œuvre l’audit annuel des différents dicastères de la Curie romaine et des institutions liées au Saint-Siège. La décision faisait suite aux réformes engagées en matière de transparence financière, notamment après les révélations de "l'affaire des fuites" en 2012.
Libero Milone a travaillé pendant plus de trente ans dans le cabinet d'audit et de conseil Deloitte, dont il fut le Directeur des Ressources Humaines avant d'en devenir le Directeur général en Italie. A la demande du pape François, cet expert-comptable reconnu pour sa compétence avait accepté d'assurer une fonction dont le mandat était initialement prévu pour une durée de 5 ans. Le cardinal australien George Pell, préfet du Secrétariat pour l’économie et membre du Conseil des cardinaux en charge de la réforme de la curie, avaient tenu à préciser, dès 2014, que le Contrôleur général serait totalement indépendant pour mener à bien sa mission. Relevant directement du pape, il serait libre d'enquêter partout au sein de l'Etat de la Cité du Vatican. Sa lettre de créance lui assurait « pleine autonomie et indépendance », y compris la capacité de saisir l'autorité judiciaire en cas de découverte de délits. Une équipe de 12 collaborateurs le secondait.
Peu après son installation au Vatican, le Contrôleur général avait dû porter plainte auprès de la Gendarmerie vaticane à la suite d'une tentative de piratage de son système informatique. Plusieurs fuites dans la presse avaient conduit à l'arrestation de deux membres de la commission sur les activités économiques du Saint-Siège, Mgr Vallejo Balda et une laïque, Francesca Chaouqui.
Plus récemment, il semblerait que Libero Milone n’ait pu accéder à tous les secteurs relevant de sa charge, notamment l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (Apsa), qui s'occupe de la gestion de l’ensemble des biens immobiliers du Vatican.
Selon la presse italienne, en mai dernier, une lettre envoyée conjointement par le cardinal Pell et le Contrôleur général à tous les dicastères, demandait de ne tenir aucun compte des lettres en provenance de l’Apsa qui réclamaient de ne transmettre qu’au seul cabinet Price Waterhouse Coopers (PwC) l’ensemble de leur documentation financière.
L’Apsa, écrivirent alors le cardinal Pell et Libero Milone, « n’a aucune autorité ni prérogative pour demander aux entités du Saint-Siège et du Vatican de se soumettre à des audits ou d’envoyer des informations internes à une société extérieure, que ce soit PwC ou une autre ».
Dirigée par le cardinal Domenico Calcagno - ancien évêque de Savone, créé cardinal par Benoît XVI et proche de l’ancien Secrétaire d’Etat Tarcisio Bertone qui l’avait fait nommer à ce poste -, l’Apsa avait, grâce à lui, obtenu l’année dernière du pape qu’il revienne en partie sur sa réforme en confirmant ses attributions et en limitant par conséquent l'action de Libero Milone. Une sorte de désaveu qui est peut-être à l'origine de cette démission soudaine.
La presse n'a pas manqué de rappeler les circonstances qui avaient conduit, le 24 mai 2012, au limogeage du banquier italien Ettore Gotti Tedeschi, président de l'IOR (Institut pour les Œuvres de Religion). Et de s'interroger sur les tensions actuelles au sein de la curie.
Ce n'est pas seulement dans les domaines de la doctrine et de la morale que la clarté est devenue nécessaire.
(Sources : Formiche/Radio Vatican/ilFattoQuotidiano.it/La Croix ‘Urbi & Orbi’/LePoint - FSSPX.Actualités - 27/06/17 )