Le déroulement du conclave
Le déroulement du conclave est décrit avec précision par la constitution apostolique Universi dominici gregis, promulguée par Jean-Paul II le 22 février 1996.
Le matin du jour fixé pour le début de l’élection, 18 avril, les cardinaux vont se rassembler dans la basilique Saint-Pierre pour une messe solennelle célébrée à l’intention du conclave.
Dans l’après-midi, ils revêtiront leurs habits de chœur et se rendront en procession dans la chapelle Sixtine en chantant le Veni Creator.
Ils seront accompagnés alors de quelques ecclésiastiques, parmi lesquels le secrétaire du collège des cardinaux qui est aussi secrétaire de la Congrégation pour les évêques, l’archevêque italien Mgr Francesco Monterisi, deux cérémoniaires pontificaux, et le Maître des célébrations liturgiques pontificales, Mgr Piero Marini.
Dans la chapelle Sixtine, le doyen du collège, le cardinal Joseph Ratzinger, lira à haute voix la formule du serment que tous les cardinaux doivent prêter et par lequel ils s’engagent à garder le secret total sur l’élection, à empêcher toute ingérence extérieure dans le processus et, s’ils sont élus, à exercer fidèlement la charge de “pasteur de l’Eglise universelle”.
Les cardinaux ratifieront ensuite solennellement ce serment, la main posée sur l’Evangile, l’un après l’autre, selon l’ordre de préséance.
Les cérémoniaires pontificaux leur distribueront alors deux ou trois bulletins de vote, papiers rectangulaires portant les mots imprimés: Eligo in Summum Pontificem suivis d’un espace blanc pour qu’ils puissent y inscrire le nom de leur choix.
Enfin, en présence seulement du Maître des célébrations liturgiques, un ecclésiastique choisi à l’avance proposera aux cardinaux une méditation sur la gravité et la portée de l’élection. Puis il sortira à son tour avec Mgr Marini.
Une fois les portes de la chapelle Sixtine fermées par le dernier des cardinaux diacres, les électeurs commenceront par tirer au sort neuf d’entre eux, pour désigner trois scrutateurs responsables du dépouillement des bulletins de vote, trois délégués - les infirmarii chargés d’aller recueillir les votes des éventuels cardinaux malades restés dans leur chambre -, et enfin trois réviseurs, chargés de vérifier le travail des scrutateurs.
Ces derniers se placeront près de l’autel de la chapelle, sous la fresque du Jugement Dernier de Michel-Ange.
Tous les cardinaux écriront alors à la main le nom de celui pour qui ils veulent voter, en prenant soin d’éviter que l’on puisse reconnaître leur écriture. Pliant et repliant leurs bulletins rectangulaires, ils iront ensuite un par un jusqu’à l’autel la main levée, toujours selon l’ordre de préséance.
« Je prends à témoin le Christ Seigneur qui me jugera que je donne ma voix à celui que, selon Dieu, je juge devoir être élu », diront-ils alors à haute voix. Puis ils feront glisser leur bulletin, à l’aide d’un plateau, dans l’urne placée sur l’autel, avant de s’incliner devant l’autel et de regagner leur place.
S’il y a des cardinaux retenus dans leur chambre par la maladie, les trois infirmarii, qui auront voté parmi les premiers, se rendront auprès d’eux avec quelques bulletins et une boîte vide fermée à clef et munie d’une fente, pour recueillir leurs votes. A leur retour, la boîte sera ouverte par les scrutateurs, qui mettront dans l’urne les bulletins qu’elle contient.
Quand tous les cardinaux auront voté, l’un des scrutateurs agitera l’urne plusieurs fois pour mélanger les papiers, et un autre entreprendra d’en faire le compte, prenant ostensiblement chacun des bulletins pour les déposer dans un vase vide préparé à cet effet.
Assis à une table placée devant l’autel, les trois scrutateurs feront alors passer chaque bulletin, le troisième étant chargé de lire les noms à haute voix et de les noter au fur et à mesure.
En même temps, il perforera les bulletins avec une aiguille et du fil, les enfilant les uns à la suite des autres pour qu’aucun ne se perde.
A l’issue du dépouillement, les scrutateurs feront le compte des voix obtenues et en noteront les résultats sur une feuille séparée, puis les cardinaux réviseurs viendront vérifier tant les bulletins que les relevés des suffrages.
Les deux tiers des voix des cardinaux présents au conclave sont nécessaires pour élire le pape, avec une voix supplémentaire dans le cas où leur nombre ne serait pas divisible par trois. Avec 115 électeurs présents, ce sont donc 77 voix qui seront nécessaires à l’élection du prochain pape.
Tant que le nombre de voix requis ne sera pas atteint, les cardinaux se réuniront deux fois par jour pour procéder chaque fois à deux scrutins.
A la fin de chaque demi-journée, avant qu’ils ne quittent la chapelle Sixtine, les bulletins et leurs notes éventuelles seront brûlées sur place par les scrutateurs, avec l’aide du secrétaire du collège des cardinaux et des cérémoniaires, rappelés à cet effet.
Et la fumée du feu qui les consumera, noircie grâce à une substance chimique particulière, indiquera aux observateurs extérieurs que le pape n’a pas encore été élu.
Dans la constitution Universi Dominici gregis, Jean-Paul II a prévu qu’après trois jours de votes sans résultat, une journée soit consacrée à la prière et à de libres échanges entre les électeurs.
Les cardinaux voteront ensuite encore sept fois, avant une nouvelle interruption. Toutefois, après trois pauses de ce type, soit donc après environ douze jours de conclave, si les sept derniers scrutins ne donnent toujours aucun résultat décisif, les cardinaux devront décider à la majorité absolue de changer la manière de procéder.
Deux solutions se présenteront alors à eux : opter pour un vote à la majorité absolue des suffrages, ou bien prendre le parti de voter sur deux noms seulement, les deux ayant obtenu le plus de voix au scrutin précédent.
Quand le pape sera finalement élu, le dernier des cardinaux diacres appellera dans la chapelle Sixtine le secrétaire du collège des cardinaux et le Maître des célébrations liturgiques pontificales.
Le cardinal Ratzinger, au nom de tout le collège, demandera officiellement au cardinal élu s’il accepte sa charge et quel nom il choisit.
Après la réponse de ce dernier, les derniers bulletins brûlés produiront cette fois une fumée blanche, indiquant la clôture du conclave. - Le Vatican a annoncé que, pour l’élection du successeur de Jean-Paul II, en plus de la fumée blanche, les cloches sonneraient.
Pendant que la foule se rassemblera sur la place Saint-Pierre, le nouveau pape revêtira les ornements pontificaux, trois soutanes blanches de tailles différentes ayant été préparées dans la « Chambre des Larmes ».
Il recevra une étole aux effigies des apôtres Pierre et Paul que le pape ne porte qu’en cette circonstance.
Les cardinaux rendront alors hommage un par un au nouveau pontife, tout en lui promettant obéissance.
Puis le premier des cardinaux diacres, le cardinal chilien Jorge Arturo Estévez Medina, se rendra à la loggia centrale de la basilique vaticane, et annoncera à tous le nom du nouveau pape : Habemus papam dominum cardinalem..., qui sibi nomen imposuit..., avant que celui-ci n’apparaisse à son tour pour donner sa première bénédiction apostolique Urbi et Orbi.
Illustration : Flickr / Catho Bordeaux (CC BY-NC-SA 2.0)