Le dialogue avec les juifs
Benoît XVI espère que le dialogue entre juifs et chrétiens aidera le monde à sortir des conflits et de la violence. C’est ce qu’il a déclaré en recevant les représentants américains du Centre Simon Wiesenthal, le 14 novembre. Le pape a souhaité que ce siècle puisse voir le monde "émerger du tissu de conflits et de violence" pour aller vers un avenir de"réconciliation, de justice et de paix". Il a estimé que chrétiens et juifs, dont les relations vont en s’améliorant, peuvent "faire beaucoup" pour cela.
Benoît XVI a par ailleurs rappelé que l’année 2005 marquait le 40e anniversaire de la Déclaration conciliaire Nostra Aetate qui "formula les principes qui ont guidé les efforts de l’Eglise pour promouvoir une meilleure compréhension entre juifs et catholiques". "Après une histoire difficile et douloureuse, les relations entre nos deux communautés prennent actuellement une nouvelle direction, plus positive", a-t-il affirmé.
Dans son discours, le rabbin Marvin Hier, fondateur et doyen du Centre juif américain, a souligné l’importance de Nostra Aetate qui a condamné "l’antisémitisme dirigé contre les juifs", alors qu’auparavant les juifs étaient souvent "méprisés". Il a aussi remercié Benoît XVI pour ses paroles lors de sa visite à la synagogue de Cologne en août 2005, manifestant son souci de poursuivre l’œuvre de Jean-Paul II. Marvin Hier a en outre évoqué la figure de Simon Wiesenthal, surnommé la "conscience de l’holocauste", "un autre grand homme de conviction", mort le 20 septembre dernier .
Le rabbin américain a aussi regretté que, 60 ans après Auschwitz, l’antisémitisme "ait trouvé à nouveau un terrain fertile en Europe". Il a aussi déclaré que la plus grande menace de l’humanité venait aujourd’hui non des athées, mais des "religieux fanatiques". Il a ainsi condamné les paroles du président iranien souhaitant l’effacement de l’Etat d’Israël de la carte du monde, et le fait qu’il veuille doter son pays d’armes nucléaires.
Il s’agissait de la 3e visite de représentants du Simon Wiesenthal Center au Vatican. Présent en divers endroits des Etats-Unis et à Paris, le Centre Wiesenthal construit actuellement un nouveau centre "pour la Dignité humaine" dans le cœur de Jérusalem, "une institution qui promouvra le respect mutuel et la responsabilité sociale entre les juifs et leurs voisins non-juifs à travers la région", selon le rabbin Hier.
Le 17 novembre, Benoît XVI a reçu en audience le président de l’Etat d’Israël, Moshe Katsav. Au cours de cette rencontre, le président israélien a invité Benoît XVI à se rendre en Terre Sainte. "J’ai invité le pape à accomplir une visite d’Etat en Israël", a déclaré le président israélien aux journalistes avant de quitter Rome. "Il a répondu positivement à mon invitation". Moshe Katsav n’a pas évoqué de date particulière, tout en espérant que "le voyage s’effectuerait en 2006".
Le président Katsav a aussi indiqué que Benoît XVI avait dès le début de leur entretien abordé les questions du terrorisme et de l’antisémitisme. "Nous avons été d’accord pour condamner les attentats terroristes, contraires à l’esprit de l’Islam et du Coran", a-t-il déclaré en signalant qu’il avait remercié le pape pour sa visite à la synagogue de Cologne et ses propos en faveur du peuple d’Israël. Enfin, le président israélien a demandé qu’un catalogue des œuvres juives conservées au Vatican soit dressé afin de faciliter le travail des chercheurs. Benoît XVI a donné son accord.
L’échange des traditionnels cadeaux a été particulièrement significatif. Le pape a offert au président une reproduction de la Déclaration conciliaire Nostra Aetate. Le président a également reçu une reproduction du discours autographe que Jean Paul II prononça lors de sa visite au camp d’Auschwitz. Le président Katsav a quant à lui remis au souverain pontife un fragment de papyrus ancien écrit en hébreu et deux photos des mosaïques récemment découvertes à Meggido en Terre Sainte ainsi que trois livres. Les mosaïques chrétiennes, récemment mises à jour par deux prisonniers, lors de travaux d’extension de la prison de haute sécurité de la ville dans le nord d’Israël, pourraient provenir de la plus ancienne église de Terre Sainte. Mais les spécialistes restent réservés quant à leur datation.
Jean Paul II avait déjà reçu en audience Moshe Katsav le 12 décembre 2002. Le président israélien avait aussi rencontré le cardinal Joseph Ratzinger à l’occasion des funérailles du pape polonais, le 8 avril dernier.