Le document de travail préparatoire au synode sur l’Eucharistie

Source: FSSPX Actualités

 

L’Instrumentum laboris est un instrument de travail proposé aux 250 évêques convoqués à la XIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques qui se tiendra du 2 au 23 octobre 2005 au Vatican, au terme de l’Année de l’Eucharistie. Rendu public le 7 juillet, ce document de 89 pages dans sa version française, a pour titre le thème du Synode : "L’Eucharistie : source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise". Signé par la Secrétairerie générale du Synode des évêques, il est divisé en quatre parties : "Eucharistie et monde actuel", "Foi de l’Eglise dans le mystère de l’Eucharistie", "L’Eucharistie dans la vie de l’Eglise" et "L’Eucharistie dans la mission de l’Eglise".

 Il a pour objet de "rappeler certaines vérités doctrinales qui ont une influence considérable sur la célébration de ce Mystère" et d’"indiquer les questions émergentes dans le cadre des points essentiels de la doctrine eucharistique de l’Eglise, à la lumière des Ecritures Saintes et de la Tradition". Recueil d’observations d’évêques, de prêtres, religieux, théologiens et fidèles, il "sert à informer sur la réalité de la foi, du culte et de la vie eucharistique dans le monde et à la confronter avec celle de l’Eglise". Pendant ce Synode, les évêques devront présenter au pape des propositions "utiles pour le renouvellement eucharistique de la vie ecclésiale".

 Le document fait état de "l’affaiblissement du sens du Mystère dans les sociétés sécularisées qui est aussi à attribuer à des interprétations et à des actes qui ne sont pas conformes au sens de la réforme liturgique du Concile, qui conduit à des rites d’une grande banalité et qui manquent de spiritualité". 

 Les auteurs de ce texte relèvent que "trop de fidèles reçoivent la communion sans avoir suffisamment réfléchi sur la moralité de leur vie". "Certains communient même s’ils nient les enseignements de l’Eglise ou soutiennent publiquement des choix immoraux, comme l’avortement, sans penser qu’ils commettent un acte personnel profondément malhonnête ni qu’ils sont source de scandale". "Du reste, il existe des catholiques qui ne comprennent pas pourquoi ils commettent un péché lorsqu’ils soutiennent politiquement un candidat ouvertement en faveur de l’avortement ou d’autres actes graves contre la vie, la justice et la paix".

 Egalement on peut lire dans ce document : "Les fidèles qui négligent le commandement dominical ne donnent, dans la majorité des cas, aucune importance particulière à la messe". "Parfois, on sous-estime l’importance du précepte soutenant qu’il suffit de l’observer seulement lorsque l’état d’esprit (du moment) le suggère".

 Annonçant dans l’avant-propos que "les fidèles attendent des orientations appropriées pour que soit célébré plus dignement le sacrement de l’Eucharistie", ce document donne force recommandations à l’intention des clercs et des fidèles : "On constate une exigence répandue d’approfondir la nature sacrificatoire de l’Eucharistie et la demande d’exposer notre foi avec toujours plus de clarté, en conformité au récent Magistère de l’Eglise". "Il faut clarifier le fait que l’accès au Mystère dépend d’une célébration de la liturgie faite avec dignité, par une préparation soignée, mais surtout par la foi dans le Mystère lui-même". "Il faudrait encourager une catéchèse plus continue et intense en ce qui concerne l’importance et l’obligation de participer à la messe le dimanche et les jours prescrits". "L’assemblée synodale devrait s’attacher à redécouvrir le sens théologique et spirituel profond du dimanche comme Jour du Seigneur, en en facilitant la Célébration".

 Egalement : "On ne peut accéder à l’Eucharistie sans avoir reçu le baptême ni la Pénitence pour les péchés graves". "La vie ecclésiale est la paroisse". "L’évêque est le ministre ordinaire pour conférer la Confirmation". "La doctrine de l’Eglise fait de l’Ordre la condition indispensable pour la célébration valable de l’Eucharistie". "Il est recommandé que les prêtres célèbrent chaque jour l’Eucharistie". "On considère nécessaire d’offrir la possibilité de se confesser avant la messe". " Il faut encourager les prêtres à administrer le sacrement de Pénitence ". "Les fidèles sont attirés vers la confession surtout lorsqu’ils voient le prêtre exercer son ministère dans le confessionnal."

 Le document insiste sur la nécessaire sauvegarde du sens du sacré dans les gestes liturgiques, les ornements, la qualité architecturale et artistique. Il demande de réfléchir au "juste emplacement"  du tabernacle, à l’usage de l’encens, à la connaissance du chant grégorien par les fidèles, à la réintroduction des prie-Dieu et "souligne l’importance d’éviter toute forme musicale qui n’invite pas à la prière". "Il est urgent, souligne-t-il, de se prémunir contre les sacrilèges des hosties consacrées, qui se déroulent lors de rites sataniques et de messes noires".

 A côté de ces rappels judicieux, on trouve aussi dans l’Instrumentum laboris la théologie du mystère pascal :  "Le thème synodal doit faire à nouveau découvrir le Mystère Pascal de Jésus comme Mystère du salut, dont jaillissent la vie et la mission de l’Eglise". "Considérer l’Eucharistie comme le sacrifice sacramentel : action de grâces, mémorial, présence, permet de dépasser la dialectique entre le sacrifice et la rencontre". - Sur cette question du mystère pascal, on se reportera utilement à l’ouvrage Le problème de la réforme liturgique, la messe de Vatican II et de Paul VI, éditions Clovis.

 De même, le dialogue œcuménique est présent dans le document de travail : "Les rencontres œcuméniques sont une occasion privilégiée pour mieux faire connaître la doctrine de l’Eglise à propos de l’Eucharistie et de l’unité des chrétiens". "Il est une urgence inévitable : travailler pour rétablir la communion avec les frères séparés, qui n’ont pas la même compréhension de la foi en la présence du Christ dans l’Eucharistie". "Dans cette tâche urgente et incontournable, il existe des rapports particuliers avec les Eglises orientales". "Il reste encore à préciser la façon dont le Mystère Eucharistique doit être présenté dans le dialogue œcuménique, afin d’éviter deux risques opposés : les fermetures dues aux préjugés, et le relativisme".

 Le dernier synode des évêques, en 2001, comptait six représentants de confessions non catholiques. Cette année, douze "délégués fraternels" des Eglises Orthodoxes, des "antiques Eglises d’Orient" et des communautés issues de la Réforme ont été invités. "On peut dire qu’il s’agit de l’un des gestes concrets d’œcuménisme souhaités par Benoît XVI au début de son pontificat", a déclaré Mgr Nikola Eterovic, secrétaire général du synode. "Comme observateurs, ils peuvent participer aux cercles mineurs et y intervenir, mais n’étant pas membres de droit, ils ne peuvent pas voter". Il est "très intéressant qu’ils écoutent la discussion et apprécient le climat de fraternité collégiale entre le pape et les évêques, et qu’ils puissent faire part de leur expérience qui est très semblable sur de nombreux points à celle de l’Eglise catholique, surtout en ce qui concerne les Eglises orthodoxes". "Au sujet de l’Eucharistie, nous avons des positions très proches des Eglises orthodoxes et des Eglises antiques d’Orient".