Le Laos célèbre ses deux premiers apôtres

Co-cathédrale Sainte-Anne de Nakhon Phanom
Peu avant Noël, quatre diocèses thaïlandais ainsi que le vicariat apostolique de Savannakhet-Khammouane (Laos) ont commémoré en grande pompe le centenaire de la mort de Mgr Constant Prodhomme et du père Xavier Guégo, premiers missionnaires Français dans la région.
Le centenaire des apôtres du Laos, préparé de longs mois à l’avance, s’est déroulé le 10 décembre 2020 en l’église Sainte-Anne de Nakhon Panom (Thaïlande), avec la participation de 2 500 fidèles. Le début des commémorations a été marqué par un triduum de messes célébrées dans chaque diocèse.
Malheureusement, les fidèles laotiens n’ont pu participer aux festivités, le franchissement de la frontière naturelle entre leur pays et la Thaïlande voisine – le Mékong – étant impossible en raison des mesures sanitaires prises afin de contenir l’épidémie de Covid-19.
Une retransmission de la cérémonie a été réalisée afin que les catholiques thaïlandais et laotiens empêchés de venir, puissent suivre l’évènement. La commémoraison du 10 décembre dernier a été l’occasion d’évoquer l’histoire des premiers missionnaires.
Avant l’arrivée de Constant Prodhomme et de Xavier Guégo, une première tentative d’évangélisation au Royaume du million d’éléphants, avait déjà eu lieu au XVIIe siècle, lorsqu’un jésuite italien, le père de Leria, séjourne à Vientiane de 1642 à 1647. Les Missions étrangères de Paris (MEP) envoient alors des missionnaires à partir du Siam, mais c’est un échec total.
Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle avec l’essor des missions de Cochinchine ou du Tonkin, que l’évangélisation du Laos est à nouveau envisagée. Ainsi, en 1881, deux religieux MEP, Constant Prodhomme (1849-1920) et François Guégo (1855-1918) sont envoyés à partir de Bangkok pour implanter des missions dans le Nord-Est de la Thaïlande actuelle, l’Isan, où la population appartient à l’ethnie Lao.
L’apostolat des deux prêtres est fructueux : en 1900, la mission Lao comptait 9 000 chrétiens.
Il est alors demandé à Rome d’ériger un nouveau vicariat séparé de celui de Bangkok. C’est ainsi que naît le vicariat de Nong Seng, village à trois kilomètres au nord de Nakhon Phanom sur le Mékong et d’accès facile tant du côté siamois que laotien. Constant Prodhomme en devient le deuxième vicaire apostolique et accède à l’épiscopat en 1913.
Puis, viennent les années de la grande guerre, années d’épreuves terribles pour la mission du Laos. Seize missionnaires sont mobilisés. Beaucoup de postes vont être privés de pasteurs. Mgr Prodhomme et le père Guégo doivent décupler leurs efforts afin de subvenir aux besoins des chrétiens du vicariat.
Ils s’épuiseront à la tâche. Le père Guégo tombera le premier, terrassé en 1918 par la peste pulmonaire. Sa mort affecta beaucoup Mgr Prodhomme qui – brisé lui aussi par les courses apostoliques – devait rejoindre deux années plus tard son frère dans l’apostolat et ami.
Au cimetière de Nongseng reposent désormais les deux fondateurs de la Mission du Laos : Mgr Constant Prodhomme et le père François-Xavier Guégo, restés unis dans leur dernier sommeil.
Pendant près de quarante ans ces deux religieux issus des Missions étrangères de Paris (MEP) ont vécu la même vie apostolique, partagé les mêmes travaux, connu les mêmes souffrances, mis en commun leurs efforts et leurs peines, les yeux fixés sur le même idéal et le même but à atteindre : la conquête du Laos à l’Evangile.
Malgré les vicissitudes de l’Histoire – et notamment la persécution religieuse organisée par les communistes au pouvoir depuis 1975 – on estime encore, en 2020, à 50 000 ou 60 000 le nombre de catholiques au dans le pays, soit moins de 1% de la population.
(Sources : Institut de recherche France Asie/Missions étrangères de Paris – FSSPX.Actualités)