Le Livre sacré de Qaraqosh a été présenté au pape

Source: FSSPX Actualités

Un livre de prières liturgiques en langue araméenne élaboré autour des 14e et 15e siècles, rescapé de la fureur iconoclaste de l’organisation Etat islamique (EI) a été présenté au pape François à l’issue de l’audience générale du 10 février 2021.

« Aujourd’hui, nous sommes heureux de remettre symboliquement ce livre entre les mains de Votre Sainteté afin qu’il retrouve bientôt sa place dans son Eglise, sur cette terre martyre, en signe de paix, de fraternité », explique au pape François Ivana Borsotto, présidente de la FOCSIV, une fédération d’organismes chrétiens de coopération internationale et de volontariat. 

C’est par le biais de cette association que le « Livre sacré » de Qaraqosh a pu être restauré. Lors de l’invasion de la plaine de Ninive en 2014, par les djihadistes de l’EI, des milliers de chrétiens prennent le chemin de l’exode, emportant avec eux de nombreux manuscrits anciens, témoins de la présence millénaire du christianisme dans la région.

Sidra, le « Livre sacré » de Qaraqosh, fait partie de ces ouvrages rescapés. Composé entre le XIVe et le XVe siècle en langue araméenne, il contient des prières liturgiques à réciter entre la fête de Pâques et celle de la Sainte Croix.

Restauré en Italie, le précieux ouvrage a été présenté au souverain pontife qui devrait l’emporter dans ses bagages, lors de son prochain voyage apostolique en Irak, prévu au mois de mars prochain.

« Sidra, quoique privé de son incipit et mutilé dans les dernières pages, continuera de marquer l’année liturgique en araméen, et sera toujours chanté par les habitants de la plaine de Ninive, rappelant à tous qu’un autre avenir est toujours possible », a souligné Ivana Borsotto.

Il aura fallu pas moins de dix mois de travaux minutieux pour parvenir à préserver Sidra d’une fin probable : « son état de conservation déplorable, sa provenance et ses particularités matérielles et structurelles, ont nécessité un examen préliminaire par des experts en langue syriaque », avant d’aborder la phase chirurgicale, rappelle la présidente de la FOCSIV.

Comme Sidra, plusieurs milliers de manuscrits ont pu être préservés des griffes de l’EI, grâce à l’initiative du clergé de la plaine de Ninive. Il faut évoquer ici la figure de l’actuel archevêque de Mossoul, Mgr Michel Najeeb, qui, pressentant l’invasion djihadiste, avait pensé une stratégie à deux volets : exfiltration des manuscrits pouvant être déplacés, et numérisation massive sur place des ouvrages, dont certains remontent au XIe siècle.

Au mois de mars prochain, le « Livre saint de Qaraqosh » devrait être rendu par le pape en personne, à l’église syro-catholique de Qaraqosh où il pourra à nouveau être utilisé.