Le musée d'Auch prête aux Etats-Unis le plus ancien tableau chrétien d’Amérique

Source: FSSPX Actualités

Un tableau en plumes, réalisé en 1539 par des Aztèques pour des moines franciscains à Mexico, œuvre maîtresse du musée des Jacobins d’Auch, a été prêté pour un an aux Etats-Unis. Il sera exposé dès le 26 février 2018 au Metropolitan Museum of Art de New York.

Cette œuvre, qui demeure à ce jour le plus ancien tableau d’art chrétien d’Amérique, représente le miracle de la messe de saint Grégoire le Grand (540-604). Le récit en est rapporté par l'historien Paul Diacre, moine bénédictin au Mont-Cassin, dans sa Vie du bienheureux pape Grégoire rédigée vers 775. Tandis que le souverain pontife célèbre la messe en la basilique Sainte-Croix de Jérusalem, à Rome, le Christ des douleurs, entouré des instruments de la Passion, apparaît sur l’autel face à une assemblée où l'on doutait de la présence réelle. Le sang de la plaie au côté coule dans le précieux calice.

Unissant une iconographie aztèque et les techniques de plumasserie indiennes pour représenter un sujet catholique, l’objet témoigne des tout débuts de l’évangélisation du Mexique par les Franciscains.

Cortès - à rebours de l’image du conquistador avide de sang qui lui colle à l’armure - était très proche des Franciscains. Il avait demandé très tôt à Charles-Quint de lui envoyer des Frères mineurs afin d’évangéliser les populations et de protéger les indiens de l’esclavage.

Le pape Paul III (1534-1549) les a soutenus en publiant en 1537 la Bulle Sublimis Deus, interdisant l'asservissement des peuples indigènes. En quelques lignes, le souverain pontife rappelle le mandat donné aux prédicateurs de la foi d'enseigner toutes les nations (cf. Mt 28, 19). Il dénonce les suppôts de Satan qui voudraient entraver la prédication de la parole de Dieu pour le salut des peuples en soutenant que « les Indiens de l'Occident et du Sud, et d'autres peuples dont Nous avons eu récemment connaissance, devraient être traités comme des bêtes de somme créées pour nous servir, prétendant qu'ils sont incapables de recevoir la foi catholique ».

Tout au contraire, le pape Farnèse affirme que « les Indiens sont véritablement des hommes et qu'ils sont non seulement capables de comprendre la foi catholique, mais que, selon nos informations, ils sont très désireux de la recevoir. » En conséquence, le chef de l'Eglise catholique déclare et définit que « les dits Indiens et tous les autres peuples qui peuvent être plus tard découverts par les chrétiens, ne peuvent en aucun cas être privés de leur liberté ou de la possession de leurs biens, même s'ils demeurent en dehors de la foi de Jésus-Christ ; et qu'ils peuvent et devraient, librement et légitimement, jouir de la liberté et de la possession de leurs biens, et qu'ils ne devraient en aucun cas être réduits en esclavage ».

En effet, les Indiens comme tous les autres peuples ne sauraient être « convertis à la foi de Jésus Christ [que] par la prédication de la parole de Dieu et par l'exemple d'une vie bonne et sainte », et non par la contrainte ou l'asservissement.

« Réalisée juste deux ans après cette Bulle, la Messe de saint Grégoire a probablement été réalisée pour être envoyée à Rome en remerciement », explique Fabien Ferrer-Joly, conservateur du musée des Jacobins de la ville d’Auch, propriétaire de l’œuvre.