Le pape a donné la communion à l’anglican Tony Blair.

En visite à Rome, ce 22 février, dans le cadre de son démarchage fébrile en faveur de la guerre en Irak, Tony Blair a assisté à la messe célébrée par le pape Jean-Paul II et a reçu la communion de sa main. Si Madame Blair et les enfants – qui ont fait le voyage – sont baptisés dans l’Eglise catholique, il n’en est pas de même pour le premier ministres de Sa Gracieuse Majesté. La Secrétairerie d’Etat a justifié le geste du pape en arguant du fait qu’il n’y avait pas d’église anglicane où M. Blair puisse se rendre au Vatican… Il existe cependant trois lieux de culte anglicans dans le centre de Rome. Le Révérend Jonathan Boardman, aumônier de l’église anglicane de Tous les Saints à Rome, a dit à la presse : "Cela pourrait être significatif. Cette petite pierre pourrait déclencher une avalanche. L’octroi de dispenses devient un sujet hautement controversé pour ceux d’entre nous à qui elles ne sont pas accordées."

En Grande-Bretagne, dans le cadre d’un mariage mixte, il est permis à la partie non-catholique de recevoir la communion; c’est ce que stipulent les directives établies dans le document romain "Un pain, un corps" de 1998. Il y est dit que, même dans les mariages mixtes, "le partage eucharistique ne peut être qu’exceptionnel". Les circonstances dans lesquelles on peut recevoir la communion peuvent inclure le baptême ou la confirmation d’un enfant du couple.

Le cas de Tony Blair est à considérer sous un autre angle. En effet, il est Premier ministre d’un pays dans lequel on tue environ 250 000 enfants par an. De plus, il est en partie responsable de nouvelles législations dégradantes pour les âmes et pour l’ensemble de son peuple. A titre d’exemple, et pour ne citer que des faits récents :

• Les relations homosexuelles sont autorisées à partir de 16 ans (2002).

• Nouvelle législation contre la "discrimination" des homosexuels pouvant entraîner une citation des évêques d’Angleterre devant les tribunaux s’ils refusent l’accès aux ordres pour les homosexuels (mars 2003).

• Légalisation de l’adoption pour les couples homosexuels (novembre 2002).

Enfin, il est tout de même le grand soutien d’une politique d’embargo qui a déjà fait des centaines de milliers de victimes civiles et il est l’un des grands protagonistes d’une guerre qui ne fera que rallonger la liste des victimes.

Même si Tony Blair était catholique, trop de raisons objectives justifieraient un refus de lui accorder la communion. Il est loin ce temps où le pape avait le courage de déplaire au roi d’Angleterre pour ne pas déplaire au Roi des rois.

Remarquons enfin que cet acte vaut plus qu’un texte sur l’intercommunion. Comme le commentait un anglican habitant à Rome: "Il y a trop d’exceptions qui sont faites. C’est une marée montante. Cela démontre l’empressement du pape à avancer – en faisant les petites choses qui peuvent être faites plutôt que les grandes choses."

"Il existe, à certains endroits, confusion et abus – je pense par exemple à l’intercommunion pratiquée assez fréquemment – qui font beaucoup de tort aux requêtes d’une authentique unité. Un œcuménisme qui laisserait plus ou moins de côté la question de la vérité ne pourrait aboutir qu’à des succès apparents." (Lettre de Jean-Paul II à tous les cardinaux allemands, 22 février 2001)