Le pape François a nommé treize nouveaux cardinaux
Il en a fait l’annonce lors de l’Angélus du 1er septembre. La création des cardinaux se tiendra le 5 octobre. Dix d’entre eux seront électeurs, les trois autres ayant dépassé 80 ans. Ce qui portera à 128 le nombre de cardinaux électeurs, dont plus de la moitié ont été nommés par François.
Hormis le fait que l’on trouve trois jésuites, c’est beaucoup plus la personnalité de certains d’entre ces futurs porporati qui doit être relevée, car elle montre d’une part la manière dont le pape veut faire avancer son programme progressiste ; et d’autre part la promotion de personnages que l’on ne s’attendrait pas à trouver parmi les princes de l’Eglise.
L’avancée progressiste se fait en trois directions, caractéristiques de l’actuel pontificat : le dialogue interreligieux, l’accueil des migrants et la « miséricorde » envers les déviations morales. C’est bien ce qui semble s’imposer à la découverte de certains noms.
Le dialogue interreligieux
Il faut remarquer tout d’abord la nomination de Mgr Michael Fitzgerald, ancien président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Spécialiste de l'Islam, il avait été envoyé en 2006 par Benoît XVI comme nonce apostolique en Égypte, nomination qui avait été jugée comme une sanction, ou comme l’éloignement d’un prélat trop proche d’une ligne pro-islamique. L’élévation au cardinalat de cet évêque de plus de 80 ans, sonne comme une réhabilitation. Ceci a d'ailleurs été confirmé par François lui-même : dans l'avion qui l'emmenait au Mozambique, un journaliste a remercié l'évêque de Rome d'avoir « rendu son honneur » à Mgr Fitzgerald. Ce à quoi le pape a répondu que c'était « un acte de justice ». Contre le pape émérite donc...
Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot, successeur de Mgr Fitzgerald à la tête du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, fait lui aussi partie des nominations du 5 octobre. Secrétaire de ce Conseil depuis 2012, il a été très actif dans le dialogue avec l’université Al-Azhar. Il s’y était rendu en 2016 pour renouer les liens rompus de la Commission islamo-chrétienne de dialogue entre le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et l’université Al-Azhar. Cette commission a été fondée en 1998, mais ses travaux furent suspendus en 2011 par l’université musulmane en réaction à des propos de Benoît XVI.
Il est l’un des rédacteurs du Document sur la fraternité humaine signé par François et par le Grand Imam d'Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyeb, à Abou Dhabi le 4 février dernier, et il avait accompagné le pape lors de ce voyage.
Récemment, il a préparé la mise en place d’un comité supérieur pour l’application du Document et a donné un entretien dans lequel il fait profession de syncrétisme : « Vivre sa propre identité dans le “courage de l’altérité” est le seuil que l’Eglise du pape François nous demande aujourd’hui de franchir. C’est seulement ainsi que la fidélité à Dieu, en Jésus, peut devenir une nouvelle histoire, la construction d’une civilisation de l’alliance qui embrasse la richesse des différences, dans la paix et dans l’échange des dons ».
L’accueil des migrants
C’est cette orientation que cultive Mgr Matteo Zuppi, archevêque de Bologne. Devenu membre dès sa jeunesse de la communauté de Sant'Egidio, à laquelle il doit sa vocation, il lui est resté très lié et a activement participé à plusieurs de ses activités.
Rappelons que la Communauté Sant’Egidio, fondée par Andrea Riccardi, milite en faveur de l’œcuménisme et du dialogue interreligieux. C’est ainsi que Sant’Egidio organise chaque année depuis la première rencontre d’Assise (1986) des rassemblements interreligieux dans différentes villes d’Europe, destinés à maintenir « l’esprit d’Assise ».
Mgr Zuppi plaide avec chaleur pour l’accueil des migrants. Il a en particulier reçu en 2017 la visite de François à Bologne, où il avait organisé un déjeuner de solidarité dans la basilique San Petronio, transformée pour l’occasion en restaurant.
C’est également cette orientation qui vaut la barrette rouge au père jésuite canadien Michael Czerny, véritable bras droit de François dans son action en faveur des migrants et des réfugiés.
Né en Tchécoslovaquie, le P. Czerny a d’abord été membre du Conseil pontifical Justice et paix, devenu en 2017 le Dicastère pour le service du développement humain intégral. Il est alors nommé sous-secrétaire de la section des migrants et des réfugiés. De plus, il reçoit la charge de secrétaire spécial pour le Synode des évêques pour la région Pan-amazonienne.
A travers ce jésuite, c’est l’accueil des migrants et le prochain synode sur l’Amazonie qui sont élevés à la pourpre. D’autant plus que c’est la première fois qu’un sous-secrétaire est promu à une telle dignité.
La « miséricorde » envers les déviations morales
Il faut enfin relever la nomination du « poète-prêtre » portugais, Mgr José Tolentino Calaça de Mendonça, ancien vice-recteur de l'Université catholique de Lisbonne, promu par François archiviste et bibliothécaire du Vatican après qu’il ait prêché les exercices spirituels au souverain pontife et à la curie romaine, à la demande du pape Bergoglio, en 2018.
Cette décision de François de faire prêcher la retraite de la Curie par Mgr Mendonça avait déjà largement fait jaser à l’époque. En effet, ce personnage soutient inconditionnellement Sœur Maria Teresa Forcades i Vila, une religieuse féministe qui accepte sans sourciller le mariage homosexuel et l’avortement. C'est ainsi qu’il écrit dans sa préface au livre de Forcades, La théologie féministe dans l’histoire : « Jésus de Nazareth n'a pas codifié ni établi de règles », en référence à la communauté LGBT, n’hésitant pas à comparer la “théologienne” à Ste Hildegarde de Bingen.
Dans un entretien de 2016, il fustige des catholiques et même des cardinaux : « Aujourd’hui, nous voyons le pape François contredit par une aile plus conservatrice de l’Eglise et par certains noms importants, même de cardinaux, qui d’une certaine manière sont disposés à placer le traditionalisme au-dessus de la tradition ».
Il ajoute, au sujet de ceux qui vivent dans le péché d’homosexualité et d’adultère : « Personne ne peut être exclu de l’amour et de la miséricorde du Christ. Et cette expérience de miséricorde doit être offerte à tous, qu’il s’agisse de chrétiens remariés, blessés par des expériences matrimoniales désastreuses, que ce soit la réalité de nouvelles familles, que ce soient des homosexuels, qui doivent dans l’Église trouver un espace pour être entendus, un lieu d’accueil et de miséricorde ».
A ce sujet, il convient de noter que la nomination du bolognais Matteo Zuppi a été accueillie avec enthousiasme par le jésuite pro-LGBT James Martin qui, dans un tweet, écrit que Zuppi « est un grand soutien des catholiques LGBT ». Il rappelle également que l'archevêque de Bologne a écrit la préface de la version italienne de son livre Building a bridge, en français : Bâtir un pont. L'Église et la communauté LGBT, où il appelle de ses vœux « une nouvelle attitude pastorale ».
Tous ces personnages seront bientôt princes de l’Eglise. Mais comme le disait déjà un prélat traditionnel dans les années 20 : « Ils ont les chapeaux, mais nous avons les têtes ! ». Toutefois, l’on peut se demander quel pape éliraient de tels cardinaux...
(Sources : Blog Aldo Maria Valli/Vaticannews/SantE’Egidio/InfoCatho/Tv5monde – FSSPX.Actualités - 03/09/2019)