Le pape passe l’été à Castel Gandolfo
Le 7 juillet en fin d´après-midi, Benoît XVI, s’est rendu dans sa résidence d´été de Castel Gandolfo, au sud de Rome, pour un séjour de près de 3 mois.
Le pape, qui a choisi de ne pas se rendre à la montagne cette année, séjournera dans ce palais situé au-dessus du lac volcanique d´Albano, à 25 kilomètres du Vatican. « Loin des tempêtes médiatiques et de la frénésie romaine, Benoît XVI pourra se reposer, prier, se promener, lire et surtout se consacrer à l´écriture, sa grande passion », a expliqué la rédaction française de Radio Vatican. « Alors que l´on attend la publication du 2e tome de son livre sur Jésus de Nazareth, un nouvel ouvrage sur l´enfance de Jésus et sur les débuts de sa prédication serait déjà en gestation ».
La villa pontificale de Castel Gandolfo accueille ainsi Benoît XVI avant une rentrée qui s´annonce chargée avec « un voyage délicat au Royaume-Uni » en septembre et, « moins d´un mois plus tard, un synode des évêques sur la situation difficile des chrétiens du Moyen-Orient ». Pour l´heure, Benoît XVI n´a prévu aucun engagement en juillet, hormis l´Angélus dominical. Ses audiences générales, dans la petite cour de Castel Gandolfo, ne reprendront que tout début août. « Il était tellement fatigué qu´il avait besoin de faire une vraie pause », confie un de ses proches. C´est en août, aussi, que son frère aîné, Mgr Georg Ratzinger, le rejoindra. A tour de rôle, les secrétaires du pape prendront également un temps de vacances à l´extérieur, tout comme les quatre personnes laïques consacrées du mouvement Communion et Libération qui sont à son service quotidiennement.
Un peu d’histoire
Le domaine de Castel Gandolfo repose sur les restes d´une des plus célèbres villas de l´Antiquité : l´Albanum Domitianum, qui fut la propriété de Domitien (81-96). Puis, au fil des ans, la villa impériale s´est dégradée, abandonnée par les successeurs de l´empereur. Il faut attendre le Moyen Age et l´édification de villages fortifiés autour du lac d´Albano – les Castelli – pour que le domaine retrouve une certaine splendeur. Vers 1200, la famille Gandolfi fait édifier un château sur le domaine qui prend alors le nom de Castel Gandolfo. En 1596, sous le pontificat de Clément VIII (1592-1605), la Chambre apostolique, en charge du patrimoine pontifical, rachète la forteresse pour la somme de 24.000 écus.
En 1604, le pape intègre par décret la bourgade et ses terres aux domaines temporels du Saint-Siège. Urbain VIII (1623-1644) confie à l´architecte Carlo Maderno (1556-1629) le soin de réaliser une vague de travaux dans la villa. Le Bernin (1598-1680) participe également au chantier. Urbain VIII préfère toutefois séjourner à la villa Barberini voisine, son palais familial.
Le premier pape à séjourner à Castel Gandolfo est Alexandre VII (1655-1667). Il poursuit la restauration de la forteresse, qui restera longtemps inhabitée. Il faut attendre le pontificat de Benoît XIV (1740-1758) pour voir un pape résider à nouveau à Castel Gandolfo. Il ordonne la poursuite des travaux d´agrandissement et d´embellissement de la villa et fait construire en 1749 le balcon des bénédictions. Clément XIV (1769-1774) poursuit les travaux et acquiert, en 1773, la Villa Cybo, ce qui permet d´agrandir les jardins pontificaux. Durant l´occupation française, au début du 19e siècle, les troupes napoléoniennes pillent et saccagent la région, obligeant Pie VII (1800-1823) à restaurer le palais.
Grégoire XVI (1831-1846) continue les travaux entrepris et devient un habitué des séjours à Castel Gandolfo. Pie IX (1846-1878) est le dernier pape à y résider avant le 20e siècle. En effet, l´annexion de Rome au Royaume d´Italie, en 1870, marque la fin des Etats pontificaux et Castel Gandolfo est déserté pendant une longue période. Il faut attendre les Accords du Latran entre le Saint-Siège et l´Italie, le 11 février 1929, pour que le palais de Castel Gandolfo soit reconnu comme propriété exclusive du Saint-Siège. C´est également sous le pontificat de Pie XI (1922-1939) que la propriété pontificale s´agrandit, avec l´acquisition de la villa Barberini.
Le pape lance d´importants travaux de restructuration sur l´ensemble des trois sites réunis qui composent désormais la résidence pontificale et décide de la construction de l´Observatoire astronomique du Vatican dans les années 1930. Le domaine de Castel Gandolfo n´est pas seulement la résidence d´été des papes. En effet, 25 hectares de la propriété sont destinés à l´exploitation agricole, et permettent ainsi d´approvisionner le Vatican en lait et primeurs. L´entretien des jardins et des cultures agricoles, ainsi que l´élevage du bétail, incombent à la Direction des Villas pontificales. Une cinquantaine de personnes, dirigées depuis 1986 par Saverio Petrillo, assurent tous les services relatifs aux séjours du pape à Castel Gandolfo.
Durant les derniers pontificats, Castel Gandolfo a été le témoin de faits liés à la personnalité des papes successifs. Ainsi, selon Saverio Petrillo, Jean XXIII (1958-1963) avait coutume de sortir incognito du domaine, Jean-Paul II (1978-2005) aimait aller à la rencontre des jeunes du village et Benoît XVI prend plaisir à jouer au piano des sonates de Mozart, de Bach ou de Beethoven. Castel Gandolfo a aussi vu s´éteindre plusieurs souverains pontifes.
Ainsi, à l´aube du 9 octobre 1958, Pie XII (1939-1958) fut le premier pape de l´histoire à mourir en cette résidence. 20 ans plus tard, le dimanche 6 août 1978, un accès de fièvre empêcha Paul VI (1963-1978) de paraître au balcon du palais pour la prière de l´angélus. Il mourut le soir même.
(Sources : Apic/Imedia/vatican.va – DICI n°219 du 24/07/10)